Afrique de l'Est: Élections générales en RDC - A Kinshasa, une journée de vote perturbée

En République démocratique du Congo (RDC), les élections présidentielle, législatives, provinciales et communales partielles ont lieu ce 20 décembre 2023. Des retards et dysfonctionnements ont été signalés dans différents endroits de la RDC. Kinshasa, la capitale du pays, n'y a pas échappé. Ce qui n'a pas empêché des milliers de Kinois d'exercer leur droit de vote. Récit.

« Donnez-moi la parole, j'ai trop de choses à dire ! » Fabrice, 39 ans, maçon et musicien, fait partie de ces habitants de Kinshasa pour qui les élections générales congolaises ont surtout été une source de frustration et qui veulent exprimer leur colère, ce 20 décembre. « C'est une mal-élection ! Une mauvaise élection », lance à des journalistes celui qui n'a pas trouvé son nom sur les listes électorales.

Dans un autre centre de la capitale, Gabriel, 30 ans, soupire. Arrivé aux aurores, cet agent de banque déplore : « La Céni [Commission nationale électorale indépendante, NDLR] nous avait promis que les élections allaient commencer à 6h. C'est un manque de sérieux de sa part. Normalement, ces élections auraient dû être reportées, faute de moyens logistiques et consorts. Ils sont en train de faire ce qu'on appelle du forcing. »

Durant plusieurs semaines, s'est en effet posée la question d'un éventuel report de ces élections présidentielle, législatives, provinciales et communales partielles, entre problèmes sécuritaires dans l'Est de la RDC, défi logistique dans un pays grand comme quatre fois la France, et manque de financement. Mais pour Patricio, 48 ans, ce débat ne devrait pas exister. « Un vrai Congolais ne peut pas parler en mal du Congo, s'agace-t-il. Les gens qui parlent mal du Congo et qui émettent des critiques par-ci, par-là, ce sont plutôt les étrangers qui aimeraient que cette élection puisse être sabotée. Alors qu'il n'y a rien ! Tout a été mis en ordre ». Ce styliste assure : « Pour moi, tout a très bien marché pour voter. Il y avait un peu de soucis en arrivant le matin. Mais, maintenant tout s'est arrangé et on peut le faire sans problème. »

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« Si on en était à notre première élection, ce serait normal »

Ce mercredi, de nombreux bureaux de Kinshasa n'ont pas ouvert leurs portes aux horaires prévus : 6h-17h. La faute, le plus souvent, à des machines à voter indisponibles ou pas prêtes à fonctionner. Une situation vis-à-vis de laquelle, la Céni a reconnu « un retard dans le démarrage des opérations de vote, dans quelques bureaux répartis sur l'ensemble du territoire ». Celle-ci a promis que « tous les électeurs qui le souhaitent vont voter » et que les bureaux qui ont ouvert en retard fonctionneront durant 11 heures. Quant au bureau qui n'ont pas ouvert leur porte ce mercredi, ils le feront ce 21 décembre, a assuré Denis Kadima, patron de la Céni.

Des arguments qui ne risquent pas de calmer Espoir, 33 ans. Arrivé à 6h du matin sur son lieu d'enrôlement, cet entrepreneur soupire : « J'en ai assez. Je pense à rentrer chez moi. Je suis très fatigué. Imaginiez que vous ayez attendu six heures, sans avoir mangé. Tu te dis qu'il faut faire ton devoir de citoyens et puis il se passe ça... Si on en était à notre première élection, ce serait normal. Mais c'est déjà la quatrième et on est censé être des experts. Pourtant, on en arrive aux mêmes bêtises, à chaque élection. »

De son côté, le ministère de la Communication a tempéré les difficultés du jour. S'il « condamne les actes de vandalisme observés [...] et répertoriés à travers tout le territoire national », le gouvernement « a félicité le peuple congolais pour s'être mobilisé afin de participer aux élections qui se déroulent globalement bien sur toute l'étendue du territoire national ».

Un enthousiasme que ne semblent pas partager plusieurs ténors de l'opposition, dont Denis Mukwege. Dans un communiqué, le Prix Nobel de la paix 2018 s'est dit « très préoccupé par la multiplication des graves dysfonctionnements et des irrégularités qui émaillent le scrutin en cours ».

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