Ile Maurice: Appel aux radios à retirer les chansons locales des concours du Disque de l'année

20 Décembre 2023

Les artistes ont donné le ton la semaine dernière lors d'une conférence de presse organisée au centre social Marie-Reine-de-La Paix, à Port-Louis. Ils se sont mobilisés pour dénoncer ce qu'ils appellent «la dictature» dans le monde de l'événementiel.

En effet, depuis peu, plusieurs organisateurs ont vu leurs événements annulés à la dernière minute, et cela, même après avoir tout planifié et payé leur dû aux autorités concernées. C'est pour cela que les artistes ont déterré la hache de guerre et annoncé la tenue d'une marche pacifique, ce jeudi 21 décembre, dans les rues de la capitale. Et ce n'est tout : ils demandent aux radios de ne pas diffuser des chansons locales ce jour-là.

La colère résonne encore dans la salle du centre social Marie-Reine-de-la-Paix. Ce jeudi, les rues de la capitale verront défiler des artistes non pas pour un concert mais pour des revendications. Ce sont des hommes et des femmes qui ne travaillent pas durant un mois de décembre, des pères et mères de famille qui se demandent comment faire pour acheter un cadeau à leur enfant, des artistes qui ont toujours contribué à faire flotter le quadricolore mauricien et qui ont le sentiment de se retrouver aujourd'hui au pied du mur.

Ils ne travaillent plus et voient tous leurs concerts annulés. Menés par un Elvis Héroseau, arrangeur musical, musicien du groupe Otentik Groove et producteur d'Elvis Records et galvanisés par un désir de justice, les artistes protestataires, dénombrés à une centaine, ont pris Véronique Leu Govind, ancienne conseillère de district, comme porte-parole pour formuler leurs demandes auprès du commissaire de police. Cette dernière a complété les démarches administratives pour la tenue de la marche pacifique de jeudi.

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Ces artistes se disent prêts à tout car ils affirment que certains d'entre eux peinent à nourrir leurs familles. «Nou osi nou an kanpagn. Séki pa respekté nou, pou fini dan karo kann», a déclaré l'artiste Zanzak Arjoon, suivi par Bilygane, jeune artiste du moment, qui précise qu'il a pris la décision de ne se consacrer qu'à son art et qu'il ne s'attendait pas à ce que la situation soit ainsi pour un mois de décembre. Ludovic Félicité, autre artiste, se montre le plus courageux de tous. «Déza pa pé gagn permi mem! Mo ti pou pran mo madam mo zanfan mo al dormi dévan Parlman parski mo pa pé travay ditou. Kouma mo pou fer?»

Contacté concernant l'autorisation de la police par rapport à la tenue de leur marche de jeudi, Elvis Héroseau a souligné que tout est en bonne voie. «L'autorisation est en route. La police nous a demandé notre itinéraire et pour l'heure, elle n'a exprimé aucune objection quant à la tenue de cette marche.» De toutes les façons, si la police annule leur marche, les artistes ont dit leur intention d'aller dormir devant le Parlement.

Appel à ne pas diffuser les chansons locales

En sus de la marche, les artistes ont aussi formulé une demande précise aux radios locales : que celles-ci ne diffusent pas les chansons des chanteurs mauriciens, le jeudi 21 décembre. L'appel a été lancé sur la page Facebook Travayer Lindistri Mizikal, page créée pour réunir sur une seule plateforme les différents artistes. Ils appellent les éditeurs des différentes chaînes de radio de l'île à retirer toutes leurs chansons de la liste des concours Disque de l'année. Il est aussi demandé aux radios et au secteur privé d'arrêter de diffuser des campagnes publicitaires où la musique créole est utilisée dans le but de générer de l'argent. «Ki lé 21 désam, okenn radio pa zwé lamizik lokal. Aret explwat nou travay dan zot lintéré», peut-on lire sur cette page Facebook.

Après la réunion de vendredi, l'Union of Artists, présidée par Joëlle Coret, a adressé une lettre ouverte au ministre des Arts et de la culture, Avinash Teeluck, dans laquelle, en sus d'exprimer ses préoccupations par rapport à l'annulation des concerts et l'impact de ces règlements sur les artistes mauriciens, elle se demande si la motivation de ces annulations ne serait pas liée à une résurgence des cas de Covid-19 (voir ci-dessus). Elle précise qu'il serait important que le gouvernement et le ministre des Arts viennent de l'avant avec des explications pour dissiper tout doute à ce sujet.

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