Congo-Kinshasa: Beni - La MONUSCO et ses partenaires s'investissent dans la lutte contre les violences basées sur le genre

communiqué de presse

La violence basée sur le genre (VBG) est un ensemble d'actes nuisibles dirigés contre un individu ou un groupe d'individus en raison de son ou leur identité de genre. Cette notion prend racine dans l'inégalité entre les sexes, l'abus de pouvoir et les normes néfastes.

Selon les Nations Unies, cette expression est principalement utilisée pour souligner le fait que les déséquilibres de pouvoir, structurels et fondés sur le genre, placent les femmes et les filles dans une position qui les expose à un plus grand risque d'être l'objet de multiples formes de violence.

Et même si les femmes sont celles qui souffrent de manière disproportionnée de la violence basée sur le genre, comme le souligne le Fonds des Nations Unies pour la population, les hommes et les garçons ne sont pas épargnés en tant que victimes également.

Chaque année, les Nations Unies organisent une campagne de lutte contre les violences sexuelles à l'occasion des 16 jours d'activisme contre ce fléau. Au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, l'insécurité causée par les groupes armés n'est pas le seul facteur favorisant ces violences ; les coutumes et traditions le sont également. La MONUSCO et ses partenaires sensibilisent quotidiennement les communautés locales. De cette manière, les hommes prennent conscience de ce phénomène, bien que le combat reste difficile.

Il existe également, comme obstacles à cette lutte, le poids des coutumes et des traditions que certaines femmes et hommes perpétuent parfois, malgré eux, perturbant ainsi le fonctionnement de la société. Il arrive que les gardiens des coutumes utilisent leur statut pour imposer des violences psychologiques, voire physiques, aux membres placés sous leur responsabilité.

Typologie

Lorsqu'on parle de violence sexuelle basée sur le genre, on pense généralement au viol ou à la violence physique. Cependant, on constate plusieurs autres formes telles que la violence verbale (insultes, injures, cris, etc.), la violence psychologique, la violence socio-économique, la violence domestique, les mariages forcés, la violence dans les relations intimes, le harcèlement sous toutes ses formes et le harcèlement sexuel.

En effet, ces conséquences peuvent avoir un impact grave sur la santé (sexuelle et reproductive) des victimes : grossesses forcées et non désirées, avortements clandestins, infections sexuellement transmissibles, dont le VIH/Sida, irritabilité, colère, difficultés pour s'endormir, cauchemars, réveils dans la nuit, changements dans les comportements alimentaires, etc. D'où la nécessité de sensibiliser tant les bourreaux que les victimes.

Arrangements à l'amiable

Bien que la violence basée sur le genre mette en péril la santé, la dignité, la sécurité et l'autonomie de ses victimes, elle demeure néanmoins entourée d'une culture du silence. Les victimes craignent leurs bourreaux, leurs familles s'accommodent avec les agresseurs et tout cela les pousse à se taire. « Il faut en parler, il faut dénoncer toutes formes de violence dont vous êtes victimes », avait déclaré Bintou KEITA, cheffe de la MONUSCO, aux femmes du territoire de Lubero lors de sa visite en juillet 2023.

Malheureusement, les femmes qui se révoltent contre le rôle qui leur est assigné sont accusées de causer la honte et le déshonneur à leurs familles. « Dans certaines traditions du territoire de Beni par exemple, la femme est parfois contrainte, après la mort de son mari, à avoir une relation sexuelle avec le jeune frère de ce-dernier afin dit-on, de laisser reposer l'âme du défunt. Le mariage forcé des mineures est une autre forme de contrôle toujours très répandue, malgré la convention de l'ONU qui interdit le mariage des jeunes filles qui ne sont pas encore en mesure de donner leur accord éclairé à des relations sexuelles », explique Patience Sinamuli, point focal du Collectif des associations féminines pour le développement (CAFED).

Lueur d'espoir

Malgré tout, les sensibilisations menées par les organisations nationales et internationales, avec le concours des Nations Unies, portent peu à peu leurs fruits. Dans certaines villes, ces pratiques sont en train de disparaître, ce qui n'est pas le cas dans les villages, explique Patience Sinamuli, point focal du CAFED : « Ici dans la ville de Beni par exemple, ces traditions qui violent régulièrement les droits de femmes et que l'on classe dans la catégorie des violences basées sur le genre sont en train de disparaître. On sensibilise les différentes couches de la population. Cependant, dans des localités où les gens ne sont pas instruits, où la tradition est encore permanente, ces violences basées dur le genre sont régulièrement commises. Néanmoins, tout le monde se tait et se conforme ».

Du 4 au 12 décembre 2023, dans le cadre de la campagne des 16 jours d'activisme contre les violences basées sur le genre (VBG), la section Genre de la MONUSCO/Beni et la cellule Genre de la Police de la MONUSCO (UNPOL) ont organisé des séances de sensibilisation au profit des hommes et des femmes. L'accent a été mis sur la nécessité d'impliquer les hommes dans la lutte contre les discriminations envers les femmes.

Par ailleurs, 60 élèves, dont 30 filles du complexe scolaire Jardin des Fleurs à Beni ont été sensibilisés quant au bien-fondé de cette campagne des 16 jours, ainsi qu'à la masculinité positive pour une égalité de genre dès le jeune âge.

« Seules, les femmes ne peuvent pas mener ce combat contre les violences basées sur le Genre, il faut nécessairement l'implication des hommes. D'où la nécessité de sensibiliser les hommes et ce que nous faisons habituellement c'est aller au-devant des militaires, policiers et étudiants pour les convaincre de changer leurs comportements vis-à-vis des femmes en utilisant les pouvoirs et attributs qui leur sont reconnus dans la société », explique Emery Chibi, de la section Genre de la MONUSCO/Beni.

Selon Philémon Mulwahali Bakwira, chargé de programmes au sein de l'ONG World Women Transforming Vision à Beni, la lutte contre les violences basées sur le genre nécessite l'implication de tous les acteurs : gouvernements, autorités, communautés, système judiciaire, hommes et femmes, police et armée : « Nous travaillons avec des communautés à la base et des mutuelles de femmes dans la chefferie de Bashu, dans le territoire de Beni. Le phénomène des violences sexuelles basées sur le genre connaît tout de même une baisse grâce à l'adhésion de la communauté et des différentes sensibilisations. Toutefois, la situation reste préoccupante du fait des us et coutumes, de la pauvreté des ménages, surtout de l'ignorance des droits de la femme et des enfants. Rien que pour ce jeudi 14 décembre 2023, nous avons identifié dix filles-mères, toutes des mineures, soit enceintes, soit qui venaient d'accoucher, mais toutes victimes de cette violence des hommes ».

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