Plus de 200 blessés et au moins 18 morts. L'explosion du dépôt de carburant dans le port de Conakry survenue le 18 décembre continue de paralyser le pays. Les images satellites, obtenues par la cellule Info Vérif de RFI, permettent de constater l'ampleur des dégâts. Le chef de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, a décrété trois jours de deuil national en hommage aux victimes.
Durant plusieurs jours, les habitants de Conakry ont vécu sous l'épais panache de fumée noire qui s'est échappé du dépôt de carburant de Kaloum, après l'explosion survenue dans la nuit du dimanche au lundi 18 décembre. Le terminal pétrolier, situé en plein coeur de la presqu'île de Kaloum, appartenant à la Société guinéenne des pétroles (SGP), a été en bonne partie rasé par l'explosion. L'onde de choc a été ressentie dans toute la ville, selon plusieurs témoignages recueillis par RFI.
Les images vues de l'espace, capturées par la constellation de satellites Pléiades Néo de l'européen Airbus DS, et datées du 19 décembre, montrent plus d'une dizaine de cuves de stockage totalement détruites. Au vu de la concentration des dégâts et de l'origine des fumées, l'explosion semble s'être produite dans la partie ouest du terminal qui comporte dix-sept cuves. Les trois réservoirs plus à l'est sont toujours debout, même si l'un d'entre eux apparaît endommagé.
Le panache de fumée, visible depuis l'espace, s'élève à plusieurs centaines de mètres au-dessus de Kaloum. Ce lundi 19 décembre, l'agence de la Charte internationale sur l'espace et les catastrophes majeures estimait que plus de 6 000 personnes et 3 600 bâtiments vivaient sous le panache de fumée. Les images satellites du 20 décembre montrent une nette diminution des fumées. Ce que confirme l'analyse des données disponibles sur Firms, le site de la NASA dédié à la détection des incendies et des sources de chaleur.
Des risques connus
Le dépôt pétrolier étant situé dans une zone civile fortement urbanisée, l'explosion a causé de nombreux dégâts dans le quartier. Le dernier bilan officiel fait état de 18 morts. Plusieurs bâtiments se sont effondrés et des vitres ont été soufflées. C'est le cas dans les locaux du média Guinée News situés à un kilomètre du dépôt.
Pour aider les rescapés qui ont tout perdu, plusieurs centres d'accueil et abris temporaires ont été installés, notamment sur l'esplanade du Palais du Peuple et sur le parvis de la mosquée Fayçal.
Les risques liés à la présence de ce dépôt en pleine ville étaient connus. Un projet de délocalisation du dépôt de Conakry à Moribayah est évoqué depuis plusieurs années. En 2022, le directeur général de la Société nationale des pétroles (Sonap), Amadou Doumbouya, déclarait : « le dépôt de Conakry est en pleine ville. Ce qui pose naturellement un problème de sécurité et de sûreté ». Aujourd'hui, plusieurs milliers de personnes vivent toujours à moins de 1,5 kilomètre du dépôt pétrolier.