Le chef des forces de maintien de la paix de l'ONU, Jean-Pierre Lacroix, s'est rendu dans le nord-est du pays ce matin, tandis que la veille à Bangui, le Coordonnateur humanitaire pour la République centrafricaine annonçait débloquer 13 millions de dollars pour répondre aux besoins les plus urgents des populations déplacées du sud-est.
Pour le second de ses trois jours de visite en République centrafricaine (RCA), M. Lacroix s'est rendu à Birao, une localité située à trentraine de kilomètres de la frontière soudanaise, en compagnie du Ministre de l'Intérieur Henri Wanzet-Linguissara et de la cheffe de la Mission de maintien de la paix en RCA (MINUSCA), Valentine Rugwabiza.
Les trois personnalités ont interagi avec la population locale et ont rendu visite aux réfugiés soudanais sur le site de Korsi. M. Lacroix a rendu hommage à la résilience et à la générosité des Centrafricains et des autorités envers les réfugiés soudanais et a salué la collaboration entre la Mission et les travailleurs humanitaires qui continuent d'aider les personnes traversant la frontière.
Répondant aux préoccupations de la population locale sur la nécessité de sécuriser les zones frontalières telles qu'Am-dafock et Tissifongo, la dirigeante de la MINUSCA a annoncé que des patrouilles seraient effectuées avant la fin de l'année pour sécuriser ces zones et protéger les populations. Évoquant également l'état défectueux des routes, elle a souligné que la Banque mondiale accordait la priorité à la préfecture de Vakaga, d'après une publication de la MINUSCA sur le réseau social X.
Les élections locales en ligne de mire
Au premier jour de sa visite, M. Lacroix a rencontré le Premier ministre Félix Moloua. S'adressant à la presse à Bangui, le Secrétaire général adjoint Lacroix a déclaré être déterminé « à continuer de travailler dans l'esprit de coopération très étroite, très cordiale et très positive qui anime le travail conjoint entre la la MINUSCA et le gouvernement centrafricain, pour travailler voir comment aller plus loin, faire en sorte que nos priorités soient évidemment celles du gouvernement, du peuple centrafricain, consolider la paix, renforcer la présence de l'autorité de l'État, faire en sorte que la préparation des élections locales se déroule dans les meilleures conditions possibles. »
En retour, le Premier ministre centrafricain Félix Moloua a déclaré : « Cette visite témoigne sans aucun doute de notre engagement et de notre détermination à oeuvrer efficacement au renforcement du système de coopération et de communication autour des priorités définies dans la résolution 2709, en cohérence avec les objectifs poursuivis par le gouvernement, prenant en compte les attentes pressantes de la population centrafricaine en matière de protection des civils, d'appui à l'extension de l'autorité de l'État, de déploiement des forces de défense et de sécurité et de maintien de l'intégrité territoriale, de bons offices et d'appui au processus de paix, y compris la mise en oeuvre du cessez-le-feu et de l'APPR-RCA, et l'assistance pour l'acheminement immédiat, sûr et sans entrave de l'aide humanitaire ».
Une aide humanitaire notamment pour le sud-est et le Haut-Mbomou
Toujours dans la capitale Bangui, le Coordonnateur humanitaire pour la République centrafricaine Mohamed Ag Ayoya a annoncé allouer 13 millions de dollars du Fonds Humanitaire pour la République centrafricaine pour répondre aux besoins les plus urgents des populations déplacées et leurs communautés d'accueil, dans la région sud-est du pays, ainsi que dans d'autres zones difficiles d'accès et mal desservies - où des milliers de personnes ont des besoins vitaux, notamment en matière de santé, de vivres, d'abris et d'eau potable.
Déjà parmi les zones les plus affectées par le conflit dans le pays, le sud-est, particulièrement le Haut-Mbomou, a vu sa situation sécuritaire et humanitaire se détériorer progressivement depuis mars 2023. Des groupes armés s'y affrontent sur fonds de conflits communautaires et de contrôle de ressources. Les conséquences sont terribles pour la population.
Par ailleurs, des milliers de personnes restées longtemps sans l'aide vitale nécessaire dans des zones difficiles d'accès risquaient de voir leurs vulnérabilités augmenter vu l'absence d'une assistance multisectorielle. Une localité telle que Yalinga, dans l'est du pays, était inaccessible aux organisations humanitaires jusqu'à cette année. Elles ont pu s'y sont rendre par la route après trois ans d'efforts, a indiqué le Bureau des Affaires humanitaires (OCHA) dans un communiqué daté d'hier.
3,4 millions de Centrafricains en situation de vulnérabilité
« Des pères et mères de familles et d'autres membres des communautés du sud-est ont été tués, des milliers se sont déplacés à la recherche de milieux sûrs et méritent de voir leurs souffrances soulagées, mais l'assistance que nous allons leur apporter ne suffira pas à elle seule », a expliqué M. Ag Ayoya dans ce même communiqué.
En 2023, 3,4 millions de Centrafricains sont en situation de vulnérablilté, soit 60 pour cent de la population. Pour répondre à la crise centrafricaine qui dure depuis plus d'une décennie, il est nécessaire de conjuguer les efforts humanitaires avec ceux d'autres acteurs, notamment du développement, selon le Coordonnateur humanitaire en RCA.
« J'appelle toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à protéger les civils qui demeurent les principales victimes de ce conflit », a conclu M. Ag Ayoya.