Au Mali, les libertés civiques subissent une nouvelle salve d'attaques. Mercredi, l'Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali a été dissout en conseil des ministres. Le même jour, le prêcheur Chouala Bayaya Haidara était incarcéré et inculpé pour « atteinte au crédit de l'État » après des propos critiques sur les autorités de transition. Allongeant la liste des personnalités incarcérées ces derniers mois après avoir exprimé leur opinion.
Les Maliens ne savent toujours pas quand ils auront le droit d'élire leur futur président, mais ils savent déjà que l'une des dernières voix osant veiller à la bonne tenue des élections ne sera plus autorisée à le faire.
Parmi les raisons justifiant officiellement la dissolution de l'Observatoire dirigé par Ibrahima Sangho, les déclarations publiques faites lors du référendum constitutionnel contesté de juin dernier. Ibrahima Sangho venait par ailleurs de demander aux autorités de fixer une nouvelle date pour la présidentielle de février, censée clore la période de transition, mais qui a été reportée sine die il y a trois mois.
« Atteinte au crédit de l'État »
Le prêcheur Chouala Bayaya Haidara a quant à lui été incarcéré mercredi et inculpé pour « atteinte au crédit de l'État » et « publication et diffusion de fausses nouvelles de nature à troubler l'ordre public ». Il sera jugé en mars prochain. Il venait de dénoncer les coupures d'électricité, la gestion des autorités maliennes de transition, les arrestations arbitraires ou encore la restriction de la liberté d'expression.
Certains observateurs estiment qu'il s'agit d'un message destiné aux leaders religieux de plus gros calibre comme l'influent imam Dicko ou Cheick Chérif Ousmane Madani Haidara, président du Haut conseil islamique, qui se sont eux-mêmes montrés critiques du régime en place. Et que beaucoup considèrent -à tort ?- comme « intouchables », du fait de leur statut.
Justice dévoyée
Il y a un mois, Clément Dembélé, connu pour son combat contre la corruption et les coupures d'électricité, était placé en détention après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un audio lui étant attribué et menaçant le président Assimi Goïta. Son dossier est toujours en cours d'instruction, aucune date n'a été fixée pour son procès.
D'autres personnalités de la société civile dorment actuellement en prison, comme le militant et animateur radio Ras Bath ou l'influenceuse Rose Vie Chère, tous deux incarcérés en mars dernier.
Le magistrat Dramane Diarra, a quant à lui été révoqué début octobre -- il n'est pas le seul magistrat dans ce cas - après avoir à plusieurs reprises et publiquement estimé que la Justice était dévoyée. Dénonçant une « mascarade », il a osé porté plainte mercredi contre, notamment, le président et le Premier ministre de transition.