Maroc: Mehdi Mezouari explicite les tenants et aboutissants de la démarche USFP-PPS visant l'unification des rangs de l'opposition

22 Décembre 2023

Mehdi Mezouari, membre du Bureau politique de l'Union socialiste des forces populaires, a accordé un entretien à notre confrère l'hebdomadaire «Tel Quel», dont la teneur se focalise essentiellement sur les tenants et aboutissants de «l'initiative d'action et de coordination politique commune», lancée par Driss Lachguar, Premier secrétaire de l'USFP et Nabil Benabdallah, Secrétaire général du PPS.

La coalition entre les deux partis, actée par une déclaration politique conjointe est issue « d'une analyse approfondie de la situation nationale et gouvernementale, ainsi que des divers malaises que connaît actuellement ce gouvernement, y compris une crise politique majeure et un déficit de débat », souligne Mezouari, en précisant que la démarche initiée par les deux dirigeants des deux formations politiques en question se justifie par le positionnement des deux partis dans l'opposition et leur partage des mêmes conceptions et leur convergence de vues sur de nombreuses questions se rapportant aux volets économique, social, politique et législatif de même que par les perspectives de « batailles communes à mener, notamment concernant le Code de la famille, le Code pénal et d'autres questions d'actualité ».

Le membre du Bureau politique de l'Union socialiste des forces populaires a indiqué, là-dessus, que cette initiative vise à mettre en place «un front élargi de forces d'opposition démocratiques et progressistes » à même de faire prévaloir une alternative capable de formuler un projet viable pour notre pays.

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Concernant le contexte politique de la formation de cette coalition, Mehdi Mezouari a noté que du fait d'un «grand déséquilibre institutionnel» le système politique actuel est marqué par de multiples dysfonctionnements liés à de nombreux déséquilibres.

A cet égard, il a expliqué que les résultats des échéances électorales de septembre 2021 ont secrété « une majorité qui n'est pas naturelle et empêche l'opposition d'exercer pleinement ses droits et ses prérogatives constitutionnels, notamment l'initiative de signer une motion de censure ou de créer une commission d'enquête ».

De ce fait, pour le responsable ittihadi, il s'agit en l'occurrence d'une réponse pertinente à ce marasme, en favorisant l'unification de toutes les forces d'opposition et l'ouverture d'un large débat qui pourrait entraîner la mise en place d'un contre-pouvoir et d'une alternative opportune et crédible...

Par ailleurs, Mezouari, abordant le bilan du gouvernement actuel, l'a jugé paradoxal, n'ayant pas répondu aux attentes de la population bien que de nombreuses promesses aient abondamment été formulées lors de la campagne électorale.

« Maintenant, confrontés à la réalité, nous faisons face à une agressivité et un populisme numérique. Nous sommes loin d'atteindre l'objectif d'un million de postes de travail promis. Nous sommes également loin des 4,5% de croissance annoncés... », a-t-il fustigé.

Pour lui, l'échec du gouvernement quant à son action politique et son programme gouvernemental est patent d'autant qu'il est loin de la mise en oeuvre escomptée de l'Etat social, «car l'Etat social n'est pas une simple politique à adopter pour remplir une rhétorique. C'est avant tout une question de convictions profondes ».

A ce propos, Mehdi Mezouari a développé qu'à ses débuts d'exercice le gouvernement ne cessait de promettre de changer la vie des citoyens. Néanmoins la cherté de la vie a été hélas la seule « révolution » en vue.

Pour ce qui est de la mise en oeuvre du concept de «l'Etat social», il relève que la gestion des affaires publiques se révèle dénuée d'innovation et de pragmatisme car le gouvernement se contente, en fait, de formuler des réponses aux Orientations Royales et ne parvient pas à en traduire effectivement les conditions requises telles « la conviction, les compétences, la capacité de convaincre, de débattre et de mobiliser le pays autour de l'Etat social ».

« Au final, je peux qualifier ce bilan de quasi inexistant et certainement insuffisant, surtout quand on considère que les deux premières années sont cruciales pour orienter tout le mandat. Et pourtant, le gouvernement continue de faire des déclarations affirmées sur ses réalisations, ce qui semble déconnecté de la réalité vécue par les Marocains », a souligné le membre du Bureau politique du parti des forces populaires.

D'autre part, s'agissant de la gestion par l'exécutif du dossier épineux des enseignants, Mezouari a estimé qu'elle est « particulièrement » préoccupante car titubant du fait de « l'absence d'un dialogue social sectoriel efficace », aggravant ainsi la crise.

« L'USFP, dont je fais partie, a été le premier parti à demander à geler le texte et à commencer des négociations sérieuses sur plusieurs aspects, pas seulement financiers, mais également sur les aspects pédagogiques et fondamentaux de ce texte », a-t-il affirmé en déplorant « une certaine arrogance institutionnelle et politique, considérant que ce problème pourrait être résolu simplement par la force... »

Et de conclure : «Nous avons de bonnes stratégies au Maroc, mais il semble y avoir un décalage entre ces stratégies ambitieuses et leur mise en oeuvre. On pourrait dire que le Maroc a un grand architecte, un bon stratège, qui est le Roi, mais ceux qui sont chargés de la mise en oeuvre sur le terrain ne semblent pas savoir comment faire».

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