Tunisie: Au-delà d'une polémique inutile - Entre l'importation libre et le montage sur place, le secteur automobile tangue

22 Décembre 2023

La présidence du gouvernement a récemment rendu public un communiqué à l'issue de la réunion tenue le 13 décembre relative à la réglementation du secteur automobile.

Ledit communiqué évoque l'annulation de l'arrêté ministériel du 22 juin 2016, relatif à l'octroi des autorisations aux concessionnaires automobiles. Mais voilà que certains médias ont contesté la date de l'arrêté allant jusqu'à en oublier le contenu pour se focaliser sur ce détail.

Or, la polémique a été telle que La Kasbah s'est vue dans l'obligation de publier une précision pour clarifier ce point qui, faut-il l'avouer, intéresse les Tunisiens au plus haut niveau, aussi bien les citoyens lambda, «usagers» de voitures que les concessionnaires, importateurs et vendeurs.

Ainsi, à peine 48 heures après, un second communiqué de la même présidence du Gouvernement est venu confirmer la même annulation avec une légère nuance, touchant juste à la nature de la partie émettrice dans le sens où il s'agissait d'un arrêté émanant d'un Conseil ministériel restreint (CMR) et non pas d'un arrêté ministériel.

Clauses et conditions à définir

Revenons maintenant au plus important, c'est-à-dire sur le fond de la nouvelle décision portant annulation des autorisations accordées aux concessionnaires. En vue d'éviter des situations générant des problématiques quant aux modalités d'application, il fallait réviser le cahier des charges relatif à la commercialisation du matériel nécessaire pour le transport terrestre.

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En attendant que les choses soient plus claires, les réactions semblent mitigées dans le sens où même les spécialistes de la profession ont été pris de court et ne s'y attendaient pas, d'où les sentiments, à la fois de joie et d'inquiétude qui se manifestent.

Ils sont heureux car leur première impression consiste à prévoir une réouverture d'un marché, subitement «fermé» en 2016, sans en connaître les vraies raisons, mais personne ne sait encore les clauses et conditions du nouveau cahier des charges.

D'ailleurs et d'ores et déjà, la Chambre syndicale des concessionnaires et des constructeurs automobiles s'interroge sur ce que le ministère du Commerce et du Développement des exportations est en train de mijoter au sujet de la commercialisation de matériels de transport routier fabriqués localement ou importés.

Ibrahim Debbeche, président de la Chambre syndicale des concessionnaires et des constructeurs automobiles, attend, selon ses proches, de pied ferme, l'audience qu'il devrait avoir, prochainement, avec la ministre du Commerce, Kalthoum Ben Rejeb, pour obtenir certaines précisions importantes en lien avec la nouvelle situation.

Mais cette décision va-t-elle redonner le sourire aux concessionnaires ? Il n'en serait pas de même pour les professionnels de l'activité de montage automobile et ce, selon les textes de 2016, de toute nouvelle marque de véhicule automobile désireuse d'avoir une présence commerciale en Tunisie.

Consciente, apparemment du coût relativement onéreux de l'ensemble des pièces détachées nécessaires pour assembler un véhicule, les autorités compétentes auraient opté pour cette orientation, abrogeant l'arrêté de juin 2016.

Le dilemme

En tout état de cause, l'Etat se trouve devant un dilemme et tout le monde attend avec curiosité à l'option qui sera adoptée par l'Etat. Il reste donc à suivre les textes d'application consécutifs à la récente décision.

Autrement dit, c'est le coût de chacune des deux branches qui sera déterminant pour la «suprématie» de l'importation libre des véhicules, pouvant alléger le fardeau de l'Etat tout en générant de nouvelles taxes dont il a tant besoin, ou alors la priorité sera accordée au volet du montage sur les lieux, avec des débouchés d'une industrie dynamique et favorable à la création des postes d'emploi.

Pour le moment, place à l'attente des clarifications nécessaires...

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