Rendre hommage à l'artisanat africain, et surtout aux artisans qui sont derrière. C'est ce que propose la journaliste culturelle Hortense Assaga -- qui était récemment à Dakar, au Sénégal - dans son livre Made in Africa - Dans ma valise. Plusieurs artisans sénégalais talentueux y sont présentés. La plupart travaillent depuis l'enfance et ont vu les modes évoluer. Ils doivent donc se réinventer pour continuer à plaire à leur clientèle.
Nafi Ndiaye est perlière depuis plus de cinquante ans, un art minutieux qu'elle a perfectionné au fil des ans. « Ça aussi, c'est de l'agathe, ce sont des perles fines », dit-elle. Elle avait l'habitude de vendre des colliers et des bracelets mais une nouvelle mode est arrivée ces dernières années : « J'ai changé parce que dans les années 2000, les dames sénégalaises avaient la passion des perles, elles portaient des perles. Les gens achetaient cela. Ces temps-ci, on n'achète pas des perles. C'est le "bling-bling" qu'on achète, les chaînes de taille. On m'a dit de faire des "bling-bling" et ça a marché ».
Les artisans doivent aussi rivaliser de créativité pour se distinguer. Boukary Sambe Mbouk fait de la peinture sous-verre, un art typiquement sénégalais. Il a appris tout seul, en imitant ses aînés. Si on voit souvent sur les marchés artisanaux sénégalais les mêmes motifs utilisés dans la peinture, il a décidé de choisir des thèmes plus originaux. « Moi, je me suis dit qu'il faut avoir une autre vision de la peinture sous-verre, se démarquer complètement de ce que l'on voit tout le temps : des danseuses... Je représente là un tirailleur. Un tirailleur, c'est un ancien militaire du temps des colons. Je laisse mon imagination aller sur le verre », explique Boukary Sambe Mbouk.
En tournée dans plusieurs villes du continent, Hortense Assaga, elle était de passage à Dakar. En plus du Sénégal, présente dans son livre des artisans d'une quarantaine d'autres pays africains.
Je trouve que le continent africain est celui où les hommes et les femmes travaillent encore beaucoup avec les mains.