L'ancien gouverneur de la Banque Centrale, Godwin Emefiele, est sorti de prison, a-t-on appris à la veille de Noël. Il y a un peu plus d'un an, sa décision de remplacer à marche forcée tous les billets de banque du pays avait fait plonger le Nigeria dans une sévère crise. Godwin Emefiele avait été démis de ses fonctions, arrêté et incarcéré au mois de juin, quelques jours après l'arrivée du président Bola Tinubu au pouvoir. Ce vendredi 23 décembre, il a retrouvé la liberté après avoir payé une caution de plus de 300 millions d'euros. Mais l'ex-gouverneur est toujours soupçonné de graves malversations.
Le 18 novembre, Godwin Emefiele a été mis en examen pour six chefs d'accusations portant sur des fraudes dans l'attribution de marchés publics.
La presse nigériane vient tout juste de publier de larges extraits d'un rapport d'enquête remis au président Bola Tinubu début décembre et la liste des fraudes et des manipulations imputées à l'ex-patron de la CBN est aussi longue qu'accablante.
Chaque réforme, chaque mesure - qu'il s'agisse du plan Covid, de la refonte de la monnaie ou du lancement de la monnaie virtuelle eNaira - lui aurait donné moyen de s'enrichir personnellement.
L'enquêteur spécial chargé de l'affaire a notamment découvert par moins de 593 comptes en banque au nom de l'ancien gouverneur. Celui-ci aurait réalisé en toute illégalité des virements s'élevant à plus de 600 millions d'euros rien que vers ses comptes britanniques, alors que d'autres sont domiciliés aux États-Unis ou en Chine.
L'ex-patron de la Banque centrale du Nigeria aurait encore profité de sa position pour acquérir 43 véhicules de fonction pour un montant de plus de 1 milliard d'euros, entre 2018 et 2020...
Ces soupçons de malversations financières se doublent de questions plus politiques - notamment sur la chaîne décisionnelle ayant permis Godwin Emefiele de mener un certain nombre de réformes particulièrement controversées.