Burkina Faso: Bénédiction des couples du même sexe - Ce « cadeau de Noël » qui divise l'Eglise

Si c'était un cadeau de Noël, il faut croire qu'il a été offert au pire moment, ou du moins le moment a été mal choisi. Alors que les fidèles catholiques en l'occurrence se préparaient spirituellement à commémorer la naissance du Christ, le dicastère pour la Doctrine de la foi a publié le 18 décembre 2023 ce qu'ils appellent « Fiducia Supplicans », autrement dit « La confiance suppliante » qui fait des gorges chaudes depuis et qui fera sans doute date dans l'Eglise apostolique, romaine et universelle.

Avec cette « Confiance suppliante », le Vatican ouvre désormais la voie pour la bénédiction des couples irréguliers, notamment les divorcés, mais aussi et surtout les couples du même sexe. Pas besoin d'être le curé d'une paroisse ou le petit catéchiste d'un village du fin fond du Burkina pour comprendre que c'est une véritable bombe sociétale lâchée par le pape François.

Pour qui connaît ce jésuite de nationalité argentine qui est assis depuis le 13 mars 2013 sur le trône de Pierre, cette révolution copernicienne ne surprend guère. Le Saint-Père n'a jamais fait un peu mystère de ce côté progressiste, voire révolutionnaire. A la faveur d'un voyage en Hongrie et en Turquie, le pontife n'a-t-il pas demandé à ses coreligionnaires de l'Europe de l'Est à « ne pas se retrancher dans un catholicisme défensif » ? Puis de lâcher plus tard entre ciel et terre, à un journaliste qui lui demandait sa position sur le mariage homosexuel, cette fameuse réplique : « Si une personne est gay et cherche le Seigneur, qui suis-je pour la juger ? ».

Certes, il ne s'agit pour le moment d'autoriser le mariage par des prêtres des couples du même sexe, mais si cette annonce papale fait le bonheur de la galaxie LGBTQ+ (lesbiennes, gays, bisexuelles transgenres et ceux en questionnement) qui y voit une perche désormais ouverte pour accéder à l'autel, cette exhortation provoque un véritable tollé dans l'Eglise famille, particulièrement en Afrique où, du petit paroissien au cardinal, nombreux sont ceux qui se posent beaucoup de questions, voire qui condamnent purement et simplement ce qui paraît à leurs yeux comme une véritable dérive apostolique.

Il est vrai que sur notre continent, les populations sont en majorité réfractaires à l'homosexualité, qu'on pense souvent importée d'ailleurs, ce qui oblige certains prélats à circonscrire tant qu'ils le peuvent l'incendie provoqué par le dicastère. Les évêques de la Commission épiscopale Burkina-Niger ont estimé que « toutes les questions pastorales que pose la mise en oeuvre du document « Fiducia Supplicans » seront approfondies et feront l'objet d'une déclaration circonstanciée ». D'autres par contre n'entendent pas suivre cet évangile selon saint François qu'ils considèrent tout simplement comme une hérésie. L'Eglise du Cameroun pour sa part a réitéré sa désapprobation de l'homosexualité et des unions homosexuelles et a par conséquent interdit « toutes bénédictions des couples homosexuels ».

Une opposition frontale au pape, sans qu'on sache trop sur quoi cette « rébellion épiscopale » va aboutir. Ce qu'il faut craindre en tous les cas, c'est que François ait ouvert une boîte de pandore qui pourrait libérer tous les péchés d'une Eglise souvent mise à l'index pour moult raisons.

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