Dire que certains ministres traitent directement avec le président de la République, Macky Sall, mettant ainsi, le Premier ministre Amadou Ba devant le fait accompli, est une lapalissade. Un secret de polichinelle pour tous les analystes politiques qui sont au fait du fonctionnement du gouvernement. Une anomalie savamment entretenue par le Chef de l'Etat, même si elle fragilise le premier de ses ministres.
Pourtant, on avait vu un Macky Sall faire face à toutes les velléités à l'issue de son choix de raison pour lui succéder à la tête de la Magistrature suprême le 25 février 2024, au soir de l'élection présidentielle à laquelle il ne sera qu'un arbitre astreint à l'impartialité.
El Hadji Mamadou Diao a décidé de ne pas suivre le candidat désigné et d'être le chef de file de la coalition Diao2024. Il a été aussitôt limogé. Auparavant, c'est Idrissa Seck qui a été contraint de céder son siège de président du Conseil Economique Social et Environnemental (Cese), pour « délit d'ambitions ». Les ministres de Rewmi, Yankhoba Diattara, (département des Sports) et Aly Saleh Diop (département de l'élevage et des Productions animales), seront eux aussi défenestrés parce qu'ayant pris la décision de rester fidèles et loyaux à leur mentor dans sa conquête du pouvoir.
Aly Ngouille Ndiaye avait fini de s'éviter la guillotine en annonçant sa démission du gouvernement sitôt le choix de Macky Sall porté sur Amadou Ba.
Et pourtant, le ministre du Tourisme et des Loisirs rentre dans la rubrique « rébellion dans le Macky ». Mame Mbaye Niang dont les sorties sont souvent savamment programmées et suivies - parce que, dit-on, tout ce que le petit maure rapporte, il le tient de ses aînés sous la tente - a affiché au grand jour son désaccord avec le candidat de Macky Sall, celui du Benno Bokk Yaakar. « Je ne le (Amadou Ba, Ndlr) soutiens pas », a-t-il déclaré sur le plateau de la TFM, laissant les journalistes pantois. La surprise fut grande, voire incompréhensible du fait que cette sortie au vitriol avait été faite le matin même du conseil de l'Alliance pour la République (APR) sur l'investiture de Amadou Ba. Un événement dont le « rebelle » a déclaré n'être au courant que le jour J, précisément à quelques heures de son démarrage. C'est dire que le timing a été très bien choisi !
La confiance en bandoulière, il enfonce le clou et fait feu de tout bois, allant jusqu'à soutenir que la candidature de l'actuel Premier ministre pose un « problème de confiance et d'engagement ».
Paradoxalement, cette sortie qui risque de porter un sacré coup au moral des troupes « Yakaariste », ne semble pas ébranler grand monde au sein de la coalition au pouvoir (Benno Bokk Yakaar).
Jusque-là, on n'a entendu aucune condamnation. Pis: Mame Mbaye Niang continue de siéger au gouvernement de Amadou Ba et de s'asseoir à la table du Conseil des ministres tous les mercredis. Il est le seul à avoir ce traitement complaisant. Comme s'il bénéficiait d'une protection suprême.