Congo-Kinshasa: Les congolais ont toujours sauvé les élections par sursaut de nationalisme

*En 2006, les congolais ont voté massivement Jean Pierre Bemba, en n'étant pas nécessairement convaincus d'avoir en lui un bon Président de la République. Pour nombreux congolais, il fallait d'abord barrer la route à l'aventure afdlienne, dont la conclusion a été le partage du pouvoir entre belligérants et l'adoption d'une constitution taillée sur la mesure de leurs intérêts et de ceux de leurs soutiens intérieurs et extérieurs.

L'Ouganda et le Rwanda, avec tous les aventuriers sociétaires de l'Afdl, ont ainsi conforté leur influence sur la RDC au point de contrôler les services de sécurité et de défense, la politique et l'économie des Provinces de l'Est. Le candidat du Régime AFDL a été proclamé vainqueur, semble-t-il, dans un char de combat. Comment pouvait-il en être autrement, lorsqu'on a organisé des élections pour les gagner face à un autre candidat doté d'une petite armée privée ?!

En 2011, les congolais ont tenté à nouveau leur chance de chasser le régime AFDL en votant massivement le sphinx de Limete Étienne Tshisekedi wa Mulumba, avec un grand espoir de changement. Très fort dans la magouille et la terreur d'Etat, ce régime des étrangers a montré la férocité de ses crocs. Le héros Etienne Tshisekedi, convaincu d'avoir été choisi par le peuple congolais, a prêté, chez lui à la maison, son serment de Président de la République. Il a ainsi inauguré la tradition perpétuée par Martin Fayulu du Président élu sans impérium.

En 2018, la détermination des congolais a été plus forte pour le départ du régime AFDL. L'opposition a été unanime pour faire gagner l'un de leurs et mettre fin à la dictature kabiliste. Les grandes puissances, qui ont toujours influencé les choses depuis la création de l'Etat Indépendant du Congo en 1885, ont pesé pour le changement à la tête du pays, avec une idée derrière de propulser leur propre candidat.

Mettant beaucoup d'eau dans son lotoko, se donnant ainsi la chance de survivre au-delà des élections, le régime AFDL a négocié une passation pacifique de pouvoir avec le gagnant proclamé par la CENI, qui avait la note préférentielle de ne pas être dans la stratégie de ces puissances étrangères ne voulant plus du président sortant.

Avec FATSHI BETON, l'espoir renaît. Le peuple y croit et lui rappelle les paroles de son père : « le peuple d'abord ». Le président Félix Antoine Tshisekedi, poussé de l'intérieur et de l'extérieur à se séparer du FCC, a donné du ton en annonçant depuis les États Unis d'Amérique, le déboulonnement du système mafieux de l'Afdl. Mais, il y était lié par un accord FCC-CACH, pour lequel Madame Marie-Josée IFOKU, avec son parti Alliance des élites pour un Nouveau Congo (AéNC), avait initié une pétition en vue de sa dissolution.

Le régime AFDL a cessé d'exister? Est-il déboulonné ? En tout cas, son esprit de prédation, qui plane sur la gestion du Congo depuis 1885, a persisté jusqu'à ces élections de décembre 2023 : corruption, commissions dans tout et pour tout, clientélisme, attribution favoritisme des marchés publics, détournements, insécurité, fraude économique, exploitation des ressources naturelles pour les étrangers, justice discriminatoire et à la solde du plus fort...La volonté politique manifesté au sommet est diluée dans la médiocrité de la classe politique prédatrice. Aucune masse critique des politiciens pour récupérer et amplifier la volonté de mieux faire du Président de la République, à la faveur d'un entourage à la rare présence de personnes sérieuses et crédibles. Beaucoup plus de prédateurs qui ont trouvé dans le pouvoir une opportunité d'enrichissement personnel, y compris à travers les projets d'acquisition des infrastructures.

En 2023, les congolais ont senti venir le vent orageux de l'impérialisme capitaliste, déterminé à faire définitivement et sans aucune restriction main basse sur les richesses du Congo, même en le balkanisant. Des lieutenants coriaces et prédateurs patentés, bien connus des congolais, sont lâchés pour le coup final dans le schéma du chaos. Comme si la guerre de l'Est et l'insécurité sur l'ensemble du territoire ne suffisaient pas déjà, les laboratoires de fabrication des malheurs ont accentué leur ardeur au travail de sape en choisissant le terrain des élections pour agir. Le régime AFDL tient à montrer qu'il n'a pas encore dit son dernier mot.

La menace des étrangers a pesé dans la détermination des congolais à voter pour leur barrer la route, étant dans l'ambiance de chasser les agresseurs étrangers qui nous font la guerre à l'Est depuis l'AFDL, passant par le RCD, puis le M23 et aujourd'hui le AFC de Nangaa.

Le constat de Collette Brackman du Journal belge Le Soir sur la volonté des congolais à sauver les élections a toujours été le sursaut de nationalisme soudain chaque fois que la patrie est menacée de grave danger de disparition. C'est cet élan d'amour du pays qui lève les Wazalendu et d'autres compatriotes de l'Est dans la défense de leurs terres ancestrales contre les envahisseurs et terroristes étrangers opérant avec la complicité de quelques congolais.

En ayant choisi le terrain des élections pour agir et poursuivre la guerre, les congolais n'ont pas voulu les boycotter pour donner raison aux prédateurs, même mal organisées. Ce qui n'est pas une excuse pour la CENI, le Gouvernement et la Cour constitutionnelle, qui portent une lourde responsabilité dans une tenue chaotique des élections de 2023. La campagne électorale a été à l'image de l'organisation de ces élections.

Le bon débat aurait été celui du rapport entre élection et développement intégral ou entre notre système de choix des dirigeants et le bonheur collectif. Ce vrai débat est évité au profit du sensationnel et des émotions. La campagne électorale a été celle du plus fort financièrement et de l'exacerbation du tribalisme. On a voulu faire comme les musiciens avec « plein na plein ». Comme dans les années 60 en opposant les ethnies et provinces, du moins par certains de leurs ressortissants.

Une campagne spectacle, fondé sur le pouvoir de l'argent, qui n'a pas permis d'effleurer les projets de société des candidats. Juste des injures, quolibets et noms des concurrents, cités ou insinués.

On n'a pas eu un débat de société sur notre avenir commun. Madame Marie Josée IFOKU, voulant faire la politique autrement, dès le jour du dépôt de sa candidature, a invité les congolais à choisir une vision et non un homme fort ou les muscles. Avec sa Kombolisation, elle a lancé le débat pour un autre Congo, celui de la renaissance de l'Etat-Nation. Elle a même invoqué un coup d'Etat civil, par le choix qu'aura fait le peuple en l'élisant pour balayer l'actuelle constitution, source de beaucoup de nos problèmes, afin d'aller à la quatrième République. Les électeurs, congolais, captivés malicieusement par une thématique pauvre en perspective d'avenir pour la nation, ont joué leur rôle de satisfaire chaque candidat qui les sollicite.

La distraction dans laquelle se trouve les congolais a favorisé la campagne du « plein na plein » autour des noms et des promesses sans fondement solide. Un candidat sérieux ne peut promettre un budget de 100 milliard de dollars, moins ou plus, sans au préalable connaître le nombre d'habitants, la localisation exacte des richesses minières et leur teneur, la force humaine disponible et crédible pour travailler et endiguer la corruption. Comment mobiliser et affecter 100 milliards de dollars américains dans un état d'esprit généralisé de prédation, y compris dans la population ?!

C'est ce qui est triste : voir l'argent et l'énergie que nous dépensons dans ce qui ne va pas faire avancer le pays. Nous pouvons nous rattraper si les futurs dirigeants « élus » prennent conscience de la situation et se disent que les 5 années ou moins qui suivent devront être celles d'un arrêt pour envisager les choses autrement. Un mandat de transition pour sortir du système de prédation et aller vers la Renaissance de la République des congolais , pour les congolais et des valeurs.

Nous avons soif de vivre dans un pays où personne n'échappe à la sanction sévère lorsqu'il a mal géré, détourné, tué, été corrompu ou incompétent.

Nous ne pouvons être tranquille dans un pays miné par une justice à la solde du plus fort, par la culture de la violence gratuite, par le mensonge dans les affaires publiques, par le mépris de ceux qui montrent plus d'amour pour le pays et dénoncent le mal, par l'irrespect de la vie humaine et du bien commun.

Nous ne pouvons être alaise et continuer à soutenir des élections qui produisent des kamikazes déterminés à être seuls heureux en tuant l'économie du pays et en laissant la population sans routes, sans soin médicaux, sans éducation, sans nourriture, sans sécurité pour leur vie et leurs biens. Rien que pour leur bonheur personnel.

Nous ne devons pas accepter de continuer à vivre dans un système de mépris des compétents et meilleurs de la République, sans aucun mécanisme pour les détecter et les utiliser, mais qui favorise l'ascension des médiocres.

Lorsque les nouveaux élus auront pris conscience qu'il est temps de nous donner un autre Congo, celui où le peuple congolais est le souverain et maître de son espace vital et non un esclave au service des politiciens, alors, en ce moment-là, ils trouveront la KOMBOLISATION pour les éclairer et leur montrer le chemin à suivre.

Lorsqu'ils verront la nécessité de nous trouver une autre manière de nous gouverner et de désigner nos dirigeants, ils rencontreront une vision authentique qui se construit déjà en Afrique, à savoir la Rupture du Système de Prédation par la Kombolisation pour la Renaissance de l'Etat-Nation.

La Kombolisation, incontournable aujourd'hui, est en marche.

 

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