Kaolack — L'Association "Fécondation in vitro" (FIV) Sénégal a décidé de se rapprocher des populations dans le cadre de la prise en charge de la question de l'infertilité, qui constitue, selon ses membres, un "problème de santé publique" et un "drame social".
»L'infertilité est un problème de santé publique, c'est un drame social que vivent les couples. Il est de notre ressort, en tant que médecins, de nous rapprocher de la population pour essayer de combattre ce fléau", a notamment déclaré Dr MoustaphaThiam, président de l'Association FIV Sénégal.
Il s'exprimait récemment à Kaolack (centre), à l'occasion d'une caravane de sensibilisation sur la prise en charge de l'infertilité du couple, à l'initiative de l'Association FIV Sénégal.
Cette activité entre dans le cadre de la décentralisation des activités de la FIV afin de mieux se rapprocher de la population et d'implanter des unités d'assistance médicale de niveau 1, notamment à Kaolack afin d'arriver à une équité territoriale, a expliqué Dr Moustapha Thiam.
Le choix de la capitale du Saloum s'explique par le fait que le Centre hospitalier régional El Hadji Ibrahima Niass (CHREIN) dispose d'une gynécologue-obstétricienne spécialisée en la matière et qui a l'expertise requise pour la prise en charge. »Ce qui nous permettra de ne plus recevoir à Dakar des patientes qui nous viennent de Kaolack pour des infertilités primaires ou secondaires jusqu'au stade 1", a fait valoir Dr Thiam, selon qui le fait de décentraliser ces activités leur permet de prendre en charge "correctement" les cas d'infertilité du couple.
Il a rappelé que l'infertilité constitue en moyenne 15 à 25% des consultations, déplorant le faible niveau de sa prise en charge. "C'est le parent pauvre de la prise en charge. Heureusement, nous avons l'accompagnement de la Division de la santé de la mère et de l'enfant, qui nous permet d'aller de l'avant et d'essayer de prendre en charge ces patientes qui souffrent et qui ont besoin d'une prise en charge adéquate", a-t-il dit.
De son côté, la gynécologue-obstétricienne, Dr Ndèye Khady Sène, a signalé que depuis le démarrage des activités de prise en charge de l'infertilité en 2021, au Centre hospitalier régional El Hadji Ibrahima Niass, une cohorte de plus de 1400 couples sont en train d'être suivis.
»Avec FIV Sénégal, nous comptons redynamiser cette prise en charge, en commençant par l'insémination intra-utérine", a assuré Dr Sène qui soutient qu'à Kaolack, il y a un taux de grossesse de près de 11% avec 49% de naissances vivantes.
»On a, dans la région de Kaolack, un fort taux de prévalence de 8% d'infertilité des couples", a-t-elle souligné, ajoutant toutefois que la cherté du coût de la prise en charge constitue un "grand frein" pour les couples, puisque variant entre 100 mille francs CFA et 2,3 millions de francs CFA pour ceux qui doivent faire la fécondation in vitro.
Pour Dr Ndèye Awa Diagne de la division de la santé de la mère et de l'enfant au ministère de la Santé et de l'Action sociale, cette caravane est venue à son heure d'autant plus que l'infertilité du couple prend une "ampleur extraordinaire" et constitue un "drame social".
»Parce qu'un couple qui veut concevoir et qui n'y arrive pas, parfois, c'est un couple qui devient instable. Et les couples qui sont dans cette situation ne comprennent pas souvent comment accéder aux soins. Cette caravane permet non seulement de les informer mais aussi de les sensibiliser sur l'existence de ce service de prise en charge de l'infertilité", a insisté Dr Diagne.