La visite de travail de trois jours en République centrafricaine (RCA) du Secrétaire général adjoint de l'ONU aux opérations de paix Jean-Pierre Lacroix s'est achevée samedi par une déclaration à la presse, où il a souligné la bonne collaboration entre le gouvernement centrafricain et l'ONU, ainsi que des progrès dans certains domaines.
La visite a été marquée par de nombreuses rencontres avec des représentants des autorités, de la société civile, des religieux et des étudiants.
« Bon esprit de coopération »
Des entretiens avec les autorités, Jean Pierre Lacroix retient qu'ils « ont montré une très grande convergence dans les objectifs », a-t-il déclaré, en ajoutant que les conversations avaient montré « que nous allons continuer à travailler dans un très bon esprit de coopération ».
Autre constant dressé après ces multiples rencontres : les progrès et les acquis à consolider. Jean-Pierre Lacroix a indiqué à ce sujet que « la Centrafrique a fait beaucoup de chemin sur le plan sécuritaire, même s'il reste encore des défis. Sur le plan politique, il y a des avancées dans la mise en oeuvre de l'Accord de paix, mais il faut bâtir sur cet acquis ».
Les élections locales prochaines ont également fait l'objet d'échanges. Au sortir de son entretien avec le Chef de l'État centrafricain Faustin-Archange Touadéra, le Secrétaire générale adjoint a affirmé à ce propos avoir « assuré le président de la République de la détermination des Nations Unies, de la MINUSCA à apporter tout le soutient possible pour que ces élections se déroulent dans les meilleurs conditions ».
Cette visite de M. Lacroix, intervenue un mois après le renouvellement du mandat de la Mission, l'a également amené à Birao, dans le nord du pays, où il a échangé avec les autorités locales ainsi que des membres de la société civile, et visité le camp Korsi des réfugiés soudanais.
La semaine dernière à Bangui, le Coordonnateur humanitaire pour la République centrafricaine Mohamed Ag Ayoya a annoncé allouer 13 millions de dollars du Fonds Humanitaire pour la République centrafricaine pour répondre aux besoins les plus urgents des populations déplacées et leurs communautés d'accueil, dans la région sud-est du pays, ainsi que dans d'autres zones difficiles d'accès et mal desservies - où des milliers de personnes ont des besoins vitaux, notamment en matière de santé, de vivres, d'abris et d'eau potable.
Inquiétudes pour le Haut-Mbomou
Déjà parmi les zones les plus affectées par le conflit dans le pays, le sud-est, particulièrement le Haut-Mbomou, a vu sa situation sécuritaire et humanitaire se détériorer progressivement depuis mars 2023. Des groupes armés s'y affrontent sur fonds de conflits communautaires et de contrôle de ressources. Les conséquences sont terribles pour la population.
Par ailleurs, des milliers de personnes restées longtemps sans l'aide vitale nécessaire dans des zones difficiles d'accès risquaient de voir leurs vulnérabilités augmenter vu l'absence d'une assistance multisectorielle. Une localité telle que Yalinga, dans l'est du pays, était inaccessible aux organisations humanitaires jusqu'à cette année. Elles ont pu s'y sont rendre par la route après trois ans d'efforts, a indiqué le Bureau des Affaires humanitaires (OCHA) dans un communiqué la semaine dernière.
3,4 millions de Centrafricains en situation de vulnérabilité
« Des pères et mères de familles et d'autres membres des communautés du sud-est ont été tués, des milliers se sont déplacés à la recherche de milieux sûrs et méritent de voir leurs souffrances soulagées, mais l'assistance que nous allons leur apporter ne suffira pas à elle seule », a expliqué M. Ag Ayoya dans ce même communiqué.
En 2023, 3,4 millions de Centrafricains sont en situation de vulnérabilité, soit 60% de la population. Pour répondre à la crise centrafricaine qui dure depuis plus d'une décennie, il est nécessaire de conjuguer les efforts humanitaires avec ceux d'autres acteurs, notamment du développement, selon le Coordonnateur humanitaire en RCA.
« J'appelle toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à protéger les civils qui demeurent les principales victimes de ce conflit », a conclu M. Ag Ayoya.