Que nous réserve ce mercredi 27 décembre 2023 en République démocratique du Congo (RDC) ? Le moins que l'on puisse dire est qu'une journée rouge s'annonçait hier avec la marche aujourd'hui même de l'opposition.
Elle réclame l'annulation et la réorganisation des élections au pays de Patrice Lumumba, sa première mobilisation, une semaine seulement après le quadruple scrutin à un seul tour. Des élections émaillées de problèmes logistiques avec notamment le convoyage du matériel électoral dans ce vaste pays, si bien que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a été obligée de les étaler sur 48 heures, afin de permettre un rattrapage par ceux-là qui n'avaient pas pu voter.
Ce qui devait arriver arriva donc, des contestations qui étaient sans nul doute prévisibles avec ce cafouillage constaté. Le président de la CENI, Denis Kadima, installé à son poste courant octobre 2021, a tenu à ce que ces élections aient lieu à bonne date, c'est-à-dire le 20 décembre 2023, lui qui disait avoir hâte d'en finir avec le scrutin. A sa décharge on peut évoquer la mise en place difficile de la CENI sur fond de controverses, par rapport à la composition des membres de son bureau.
Nous voici avec ce résultat qui ne devrait surprendre personne. Les opposants Martin Fayulu, principal concurrent du président sortant, Denis Mukwege, le Prix Nobel de la paix, Augustin Matata Ponyo, Moïse Katumbi et tous les autres, ont d'ores et déjà donné de la voix pour dénoncer des élections entachées de chaos et d'irrégularités.
« Tous, nous demandons que ces élections soient réorganisées. Nous sommes prêts à unir nos forces. Nous avons entamé certaines discussions. Si les gens sont d'accord, nous sommes là et nous les accueillerons à bras ouverts », a déclaré lundi Martin Fayulu.
La CENI affiche en tout cas Félix Tshisekedi en tête après le dépouillement de près de 3% des suffrages. Sur 1 029 616 votants incluant la diaspora, il a recueilli pour le moment 850 684 voix, soit 82, 60%. Si cela devrait se confirmer, autant dire que l'affaire est déjà pliée.
Faut-il alors pour ses vis-à-vis braver l'interdiction des autorités de tenir la manifestation ? Le vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur, de la Sécurité et des Affaires coutumières du gouvernement Lukonde II depuis mars dernier est on ne peut plus clair, en affirmant qu'aucune manifestation n'aura lieu aujourd'hui, et assure avoir pris toutes les dispositions pour faire respecter la loi.
Si l'oukase du gouvernement venait à être enfreint, c'est sûr qu'on assistera à Kinshasa à des courses-poursuites, des barricades, des violences... Si par extraordinaire la requête des contempteurs du pouvoir était recevable, on se demande bien où trouver encore des moyens financiers colossaux pour réorganiser véritablement d'autres élections. Même si leur requête paraît légitime, il faut reconnaître tout de même qu'elle ne saurait prospérer.
On a donc de bonnes raisons de trembler pour la RDC, ce géant de 2,3 millions de km2, situé au coeur du continent africain.