Depuis début novembre 2023, Madagascar enregistre une forte dépréciation de l'ariary par rapport à l'euro. Sur le marché interbancaire des devises, un euro s'échange désormais contre 4 984 ariary, flirtant avec la barre fatidique des 5 000 ariary, quand l'an dernier, à la même période, il valait 4 650 ariary. Un bond qui inquiète la population, déjà sonnée par un taux d'inflation actuel à 12%.
Les raisons d'une telle dépréciation sont multiples. Parmi elles, il y a notamment celle de la balance commerciale malgache, en perpétuel déséquilibre. Un phénomène amplifié en cette période de fêtes de fin d'année, explique David Rakoto, professeur d'économie à l'université d'Antananarivo.
« Il y a plus d'importations que d'exportations par rapport à d'habitude pendant ces fêtes-là. Pour pouvoir acquérir des marchandises étrangères, il faut s'en procurer avec des devises étrangères. Et pour cette raison, la demande d'euros a augmenté, par rapport à l'offre de devises sur le marché interbancaire de devises », dit-il.
Manque de devises
Les exportations de vanille et de litchis, en-deçà des volumes habituels, n'ont pas suffi à combler le manque de devises. Résultat : « À Madagascar, on n'a jamais atteint un taux de change aussi faible qu'actuellement, depuis 1980 et la mise en place du marché interbancaire de devise. Si cette situation peut profiter à certains, comme les exportateurs par exemple, pour la majorité des Malgaches, l'effet immédiat, c'est l'inflation. Et c'est pour cela qu'on a atteint un taux d'inflation très élevé de 12% », poursuit David Rakoto.
Le gouverneur de la Banque centrale de Madagascar, Aivo Andrianarivelo, tient toutefois à relativiser la situation : « Il y a toujours ce qu'on appelle l'impact psychologique d'un taux. Et l'impact psychologique, pour la population, c'est la variation de l'euro, plus que le dollar. Nous, à la Banque centrale, on ne gère que la parité dollar/ariary. Or, la dépréciation de l'ariary par rapport au dollar est minime : il ne faut pas s'inquiéter de ce côté-là parce que ça reste stable. »
Dans le pays, près de 60% du volume des transactions s'effectue en dollars, contre 40% en euros. Si la situation est loin d'être dramatique aux yeux du gouverneur, la poursuite de la dépréciation du dollar sur le marché international, comme c'est la tendance actuellement, pourrait, elle, empirer la situation pour Madagascar ces prochains mois.