Sénégal: La Falémé « agonise et est menacée de disparition », selon le maire de Tambacounda

Tambacounda — La Falémé, principal affluent du fleuve Sénégal, « agonise » et se trouve plus que jamais menacée d'agressions multiples et multiformes, que rien ne semble pouvoir freiner, a alerté Papa Banda Dièye, le président du réseau des maires des villes membres de la SAFRA.AO, la Semaine de l'amitié et de la fraternité en Afrique de l'Ouest.

« Le cas de cet affluent principal du fleuve Sénégal qui traverse le Sénégal, la Guinée Conakry et le Mali, commence très sérieusement à empêcher de dormir du sommeil des justes », a dit le maire de la commune de Tambacounda (est), mardi, lors d'un symposium auquel il participait, dans le cadre des activités de la SAFRA.AO.

L'absence d'une politique de « surveillance appropriée » face aux actions des entreprises d'extraction minière constitue le principal danger pour la survie de la Falémé, a souligné l'édile, au cours de ce symposium de la SAFRA.AO dont l'édition 2023 porte sur le thème « Paix, sécurité, inclusion sociale et développement transfrontière durable : quelle contribution de la SAFRA.AO dans la coopération transfrontalière initiée par les peuples et les Etats ».

Papa Banda Dièye a raconté à l'assistance l'histoire d'un pêcheur de Kayes qui lui a révélé avoir une fois parcouru avec sa pirogue quelque deux kilomètres sur la Falémé sans attraper « plus de dix poissons, alors qu'il y a une dizaine d'années, en moins de deux heures il faisait le plein ».

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Le secrétaire général de la SAFRA.AO, Alassane Guissé, a de son côté alerté : « Le constat est très grave, on n'arrive plus à pêcher dans la Falémé, l'eau est polluée et dangereuse, les animaux meurent après s'être abreuvés dans le fleuve ». « Les hommes risquent d'avoir un sort très difficile si l'on n'entreprend rien pour corriger cette situation du fleuve », a ajouté Alassane Guissé.

Il a rappelé que lors du conseil présidentiel tenu il y a de cela quelques semaines à Tambacounda, le président de la République, Macky Sall, avait annoncé avoir décidé d'envoyer une mission du ministère de l'environnement, pour faire des prélèvements sur le fleuve. Les résultats desdits prélèvements « sont catastrophiques », a révélé le secrétaire général de la SAFRA.AO.

La pollution de la Falémé, provoquée par produits « très dangereux pour les hommes et les animaux » comme le mercure et le cyanure, utilisés par les orpailleurs, menace non seulement ce cour d'eau, mais en même temps le fleuve Sénégal lui-même, a-t-il insisté.

« Si rien est fait, a-t-il prévenu, nous allons mettre en danger le fleuve Sénégal et tous les autres cours d'eau. C'est pourquoi, nous estimons que la SAFRA.AO, en tant qu'organisation non gouvernementale, doit dans ces travaux, voir quelles contributions peut-elle apporter en termes de plaidoyer mais également de sensibilisation de nos autorités ».

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