Congo-Kinshasa: Contestations post-électorales au pays de Félix Tshisekedi - La RDC danse sur un volcan

27 Décembre 2023

Au lendemain de la présidentielle du 20 décembre dernier, la tension reste vive en République démocratique du Congo (RDC) où l'opposition est vent debout pour exiger l'annulation du scrutin. C'est ainsi que malgré l'interdiction par les autorités, elle a maintenu sa manifestation de protestation du 27 décembre dernier visant à dénoncer les « irrégularités massives » qui, à ses yeux, ont entaché le scrutin au point de lui enlever toute crédibilité. Une attitude de bravade qui traduit toute sa détermination à désavouer le processus électoral mais qui passe pour de la subversion aux yeux du pouvoir qui a décidé de faire preuve de fermeté.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la crise postélectorale que l'on craignait, est en train de s'installer progressivement au pays de Félix Tshisékédi. Et avec cette montée d'adrénaline entre les protagonistes, la RDC danse plus que jamais sur un volcan dont l'éruption et la coulée de lave s'annoncent dévastatrices, dans un pays plutôt coutumier des violences postélectorales. Les premières secousses se sont traduites hier par des échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre. Des altercations ponctuées de brèves interpellations de manifestants et qui, de sources concordantes, ont occasionné des blessés de part et d'autre.

C'est l'ensemble de la classe politique congolaise qui est à blâmer

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Et Dieu seul sait jusqu'où ira le bras de fer entre les protagonistes. D'autant qu'à se fier aux premières déclarations de l'opposition, la manifestation d'hier à Kinshasa se voulait une mise en jambe avant d'étendre le mouvement à d'autres villes de l'intérieur du pays. Mais avec ce jeu malsain, c'est l'ensemble de la classe politique congolaise qui est à blâmer. Et en la matière, le pouvoir est fautif de n'avoir pas réuni les conditions optimales de tenue des élections. Prêtant le flanc à la critique à travers le grand bazar qui a caractérisé le vote.

Mais de son côté, en demandant la reprise du scrutin avant même la fin du dépouillement, l'opposition joue non seulement les mauvais perdants, mais aussi elle donne le sentiment de faire dans la surenchère pour tailler des croupières au pouvoir. Mais elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même. Toujours est-il que cette façon de faire bloc dans la défaite en téléchargement est d'autant plus malheureuse que l'opposition avait en amont les moyens de mettre en difficulté le président Félix Tshisékédi en s'entendant autour d'une candidature unique.

Mais les ego des différents leaders ayant pris le dessus, chacun croyait pouvoir faire le poids si fait qu'aujourd'hui, elle n'a, comme qui dirait, que ses yeux pour pleurer, après avoir dispersé ses forces dans une présidentielle où elle avait tout à gagner en allant en rangs serrés. Cela dit, le pouvoir a certes réussi à limiter la casse dans les manifestations d'hier, mais au regard de la détermination des deux parties, il faut croire que la partie est loin d'être terminée.

Et l'on peut d'autant plus redouter une exacerbation des tensions à l'annonce des résultats que l'interdiction de la marche d'hier et la répression qui s'en est suivie, a pu créer davantage de frustrations au sein de l'opposition qui ne se fait plus guère d'illusions sur l'issue du vote. Et qui semble à présent miser sur la rue pour ameuter l'opinion nationale et internationale, dans l'espoir d'avoir gain de cause. Mais le pouvoir ne l'entend pas de cette oreille. Et à présent que les tendances lui sont largement favorables, on ne voit pas le président Félix Tshisékédi s'engager dans la reprise d'un scrutin dont la victoire ne lui tendait pas forcément les bras.

Malgré les enjeux, il faut travailler à apaiser les tensions

C'est pourquoi les agitations de l'opposition apparaissent comme un combat d'arrière-garde qui a peu de chances de prospérer dans un pays à l'histoire politique plutôt agitée et souvent violente, où le pouvoir n'a jamais lésiné sur les moyens de répression pour que force reste à la loi. Au-delà, ces violences postélectorales à répétition renvoient une mauvaise image de la RDC dans le cas d'espèce et de l'Afrique en général qui ont besoin de changer de paradigme pour ne pas donner raison à ceux qui pensent que la démocratie est un luxe pour l'Afrique.

Et dans le cas d'espèce de la RDC, malgré les enjeux, il faut travailler à apaiser les tensions. C'est pourquoi, en plus de laisser le processus électoral aller jusqu'à son terme, on ne cessera jamais d'appeler l'opposition congolaise à savoir raison garder. Et surtout à user des voies légales de recours pour ne pas en rajouter aux souffrances du peuple congolais déjà meurtris par la crise sécuritaire qui sévit dans l'Est du pays et contre lequel le sort s'est encore acharné à travers des pluies diluviennes qui, en plus des nombreux dégâts matériels, ont laissé, pas plus tard que le 26 décembre dernier, vingt-deux morts sur le carreau dans le Centre du pays.

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