La MONUSCO a officiellement fermé sa base de Lubero, située au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) après 21 ans de présence. Cet événement a eu lieu mardi 26 décembre 2023 dans sa base militaire, en présence de divers contingents, notamment indiens, sud-africains, marocains et népalais, ainsi que d'invités issus de la population locale.
La cérémonie a suscité de vives émotions parmi les habitants. L'un d'eux se souvient d'il y a vingt ans : « À l'époque, pour se rendre de Goma à Beni, le seul moyen était l'avion. Aucun commerçant n'osait emprunter la route en raison de la présence des Forces de libération démocratique du Rwanda (FDLR) et d'autres groupes armés. L'arrivée de la MONUC, aujourd'hui devenue la MONUSCO, a été marquée par les efforts des Casques bleus onusiens pour rouvrir et sécuriser la route ».
La fermeture de la base de Lubero s'inscrit dans le cadre de la fermeture des bases militaires de la Force initiée en 2021 après une évaluation conjointe de la situation entre la MONUSCO et ses partenaires congolais.
La Mission doit constamment s'adapter à l'évolution de l'environnement sécuritaire dans les trois provinces de l'est du pays, au changement de nature des menaces contre les civils et assurer que sa stratégie et ses déploiements soient propices à la mise en oeuvre de son mandat.
Ainsi ce départ de Lubero sera symbolisé par le remplacement du drapeau des Nations Unies par celui de la RDC. Malgré les défis persistants, notamment la présence de plus de 40 groupes armés Mai-Mai dans le seul territoire de Lubero, le colonel Alain Kiwewa, administrateur du territoire, voit cette transition comme une opportunité pour les forces congolaises de renforcer leur engagement dans la sécurisation de la région. « La MONUSCO a fait sa part, nous devons aussi faire la nôtre. Nous devons fournir un effort pour sécuriser et stabiliser notre entité et plus particulièrement le territoire de Lubero », a-t-il déclaré.
La MONUSCO a joué un rôle crucial dans le rapatriement de 25.000 membres des FDLR vers le Rwanda et la démobilisation de 11.000 ex-combattants à Lubero.
Des succès notables ont été enregistrés, tels que la réintégration réussie de démobilisés, dont Gentil Kakule Kombi, ex-combattant depuis 2015. Il est désormais un responsable communautaire actif et dirige une équipe de football appelée « Lubero Sport ». Il est également impliqué dans des activités de consolidation de la paix en tant que partenaire de la MONUSCO.
Josiah Obat, chef de bureau de la MONUSCO Beni-Lubero, exprime sa confiance en la société civile locale pour préserver les acquis des deux dernières décennies. « Nous laissons ici une société civile bien équipée et nous espérons qu'elle continuera à utiliser les mêmes outils pour oeuvrer en faveur d'une paix durable », déclare-t-il, rassurant ainsi la population que, bien que la MONUSCO quitte Lubero, le système des Nations Unies demeure engagé, avec les agences et programmes aux côtés de la population.
Et d'ajouter : « La Mission va rester à Beni et, à partir de là-bas, on va continuer à collaborer avec les partenaires que nous laissons ici. En plus de ça, les agences des Nations Unies vont continuer à travailler avec la population de Lubero ».
En 21 années, la MONUSCO a significativement contribué à la stabilisation de la région, protégeant les civils de la menace des groupes armés et soutenant divers projets pour renforcer la paix. Malgré les défis et les incompréhensions alimentés par la désinformation, cette période a été marquée par d'importantes réalisations en faveur des femmes, des civils, des partenaires locaux ainsi que par des efforts constants pour consolider la paix dans la région.