Afrique: Au-delà des ports et pour une meilleure efficacité logistique - Le «corridor tunisien» opérationnel en 2024

28 Décembre 2023

Sur le continent africain, où le commerce transite principalement par les ports, une réalité entrave la pleine puissance économique : l'enclavement de nombreux pays, générant un surcoût logistique dépassant les 30%. Face à ce défi colossal, Lazhar Bennour propose une approche novatrice, une voie terrestre reliant les nations, créant ainsi des corridors économiques. Cette vision émerge comme une réponse audacieuse aux défis logistiques et une bouffée d'air frais pour un continent en quête de croissance et d'intégration.

Le directeur général de la coopération économique et commerciale au ministère du Commerce et du Développement des exportations, Lazhar Bennour, a récemment dévoilé une vision audacieuse lors d'un atelier visant à renforcer les connaissances des journalistes tunisiens sur les accords multilatéraux d'intégration régionale, en l'occurrence la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa). Au coeur de cette vision se trouve l'approche «Corridor», un programme économique destiné à relier les zones frontalières entre les différents pays membres qui émerge comme une réponse audacieuse aux défis logistiques.

Les «corridors» comme solution logistique pour un continent en croissance

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En soulignant la position géopolitique de la Tunisie en tant que pont vers l'Afrique, Bennour a encouragé un changement d'approche en faveur d'un partenariat plutôt que d'une simple vision de marché. Il a insisté sur la nécessité pour la Tunisie de jouer un rôle central dans l'intégration africaine et de capitaliser sur son histoire.

Bennour a souligné les défis logistiques majeurs auxquels l'Afrique est confrontée, en particulier le fait que 90% du commerce sur le continent se fait à travers les ports. Cependant, en raison de pays enclavés, l'efficacité logistique est compromise, entraînant un surcoût de plus de 30%.

Pour remédier à cette situation, les pays africains ont adopté l'idée de créer des «corridors économiques terrestres», dans le cadre de la Zlecaf. Bien que la série de crises qu'a connues le monde durant ces dernières années ait amené certains ajustements, les Africains ont maintenu leur engagement en faveur de la création de «corridors». Ces derniers, débutant à un point central et s'étendant sur plusieurs pays simultanément, bénéficient d'un soutien financier considérable de divers bailleurs de fonds.

Dans le cadre de cette approche, le «corridor tunisien» émerge comme un projet phare, prévu pour être opérationnel en 2024. Il constitue une collaboration entre la Tunisie et la Libye, visant à contourner les ports européens et à réduire considérablement les délais d'expédition vers l'Afrique, renforçant ainsi l'efficacité logistique. Bennour a également souligné les défis actuels, notamment la situation difficile du poste frontalier de Ras El Jadir.

«Des études, statistiques et hypothèses ont été élaborées pour démontrer le potentiel de croissance économique avec des corridors bien opérationnels. Notre projet vise à renforcer les liens avec les pays voisins, en commençant par le Niger, et à élargir progressivement vers d'autres pays. Cette initiative devrait être perçue comme un catalyseur pour permettre aux jeunes d'accéder à de nouvelles opportunités en facilitant les échanges commerciaux», a-t-il précisé.

D'après Bennour, l'approche «Corridor» émerge aussi comme une solution innovante pour stimuler le commerce en Afrique, offrant des perspectives positives pour les échanges intercontinentaux. Bien que des défis subsistent, le soutien des pays membres et les efforts concertés au niveau international renforcent l'espoir de voir ces corridors jouer un rôle central dans le développement économique de l'Afrique.

Révolutionner le commerce africain

«L'approche corridor, initialement inspirée par une idée chinoise, a émergé comme une réponse essentielle à ces défis. Malgré l'ajustement des attentes chinoises en raison de la crise, les Africains ont maintenu leur engagement en faveur de la création de corridors économiques terrestres. Le corridor tunisien se démarque comme un projet clé de cette approche. Avec une très proche mise en oeuvre, ce projet ambitieux implique une collaboration entre la Tunisie et la Libye», a-t-il encore précisé, en ajoutant que les chiffres évoqués indiquent que le surcoût actuel de l'efficacité logistique pourrait être réduit de manière significative grâce à ce corridor et que l'approche «corridor» émerge comme une solution concrète et chiffrée pour stimuler le commerce africain et ouvrir la voie à une croissance économique durable. Cette proximité offre une opportunité stratégique pour faciliter le commerce avec sept pays, dont le Niger, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad et l'Afrique centrale.

Sur un autre plan, Bennour met en lumière les défis logistiques liés au transport des matériaux de construction. Ces produits, bien que lourds et encombrants, représentent le meilleur produit exporté directement vers l'Afrique. Le projet «corridor» vise à surmonter ces défis en mettant l'accent sur les connexions terrestres.

En analysant les chiffres, le directeur général souligne que le projet «corridor» pourrait conduire à une augmentation significative des exportations vers l'Afrique qui sont actuellement aux alentours de 6 ou 7%. Ces pourcentages pourraient atteindre 12 à 20% grâce à l'amélioration des connexions.

Bennour insiste encore sur l'importance du corridor maghrébin pour renforcer le positionnement stratégique de la région. En mettant en avant le potentiel d'une meilleure connectivité avec l'Afrique de l'Est, le projet vise à diversifier les connexions et à stimuler les secteurs tels que les services et le tourisme.

En guise de conclusion, Bennour a affirmé que l'approche «corridor» représente une vision proactive pour l'avenir économique de la région. Avec des projections basées sur des chiffres tangibles, le projet vise à créer des liens plus forts entre les pays membres, à stimuler les exportations et à renforcer la position de la Tunisie en tant qu'acteur économique clé en Afrique.

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