Le 28 décembre dernier, la Cour suprême du Tchad a proclamé les résultats définitifs du référendum constitutionnel du 17 décembre dernier. Sans surprise, elle a validé les résultats de cette consultation populaire où le « Oui » l'a largement remporté pour doter le pays d'une nouvelle loi fondamentale.
Laquelle ouvre la voie à la candidature du Général-président de la transition, Mahamat Idriss Deby Itno, aux élections devant signer le retour du pays à l'ordre constitutionnel. Ce, au grand dam de l'opposition qui a été déboutée de son recours en annulation par la même instance judiciaire suprême du pays.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Deby fils tient sa chose. Et on le voyait venir avec ce référendum constitutionnel qui, au-delà des principales réformes portant, entre autres, sur la forme de l'Etat et le type de régime, ne visait qu'à légitimer une éventuelle candidature du patron du Conseil militaire de transition (CMT) à la magistrature suprême.
On est d'autant plus fondé à le croire que, lors de son accession à la tête de l'Etat dans les conditions que l'on sait et en violation flagrante des règles constitutionnelles de dévolution du pouvoir, il s'était engagé auprès des Tchadiens et de la communauté internationale, à rendre le pouvoir aux civils dans les meilleurs délais et à ne pas se présenter à la présidentielle de fin de transition.
On voyait mal la Cour suprême ramer à contre-courant de la volonté du maître de Ndjamena
Mais en dépit de cet engagement solennel, ses compatriotes de l'opposition et de la société civile n'ont jamais pu obtenir de lui qu'il inscrive cette promesse dans le marbre de la charte dont ils réclamaient la révision.
Non seulement le délai initial de 18 mois de transition n'a pas été respecté, mais aussi le successeur de son père au trône ne s'est pas embarrassé de fioritures pour prolonger la transition de deux années supplémentaires au détour d'un Dialogue national dit inclusif et souverain qui ouvrait déjà la porte à sa candidature à la magistrature suprême.
Sans compter qu'au passage, il a travaillé à s'allier les opposants les plus farouches, à l'image de Salek Kebzabo élevé au rang de Premier ministre, et récemment Succès Masra, rentré de son exil pour se retrouver, et cela n'est pas un miracle, à être un fervent défenseur du « Oui » lors du référendum.
C'est dire si la décision de la Cour suprême entérinant le référendum constitutionnel n'est que la suite logique de ce processus dans un pays où les desiderata du prince régnant ont force de loi. Et c'est peu dire que dans un pays aussi où les hommes sont plus forts que les institutions, on voyait mal la Cour suprême ramer à contre-courant de la volonté du maître de Ndjamena.
C'est pourquoi les gesticulations actuelles de l'opposition tchadienne apparaissent comme un combat contre des moulins à vent. Cela dit, elle gagnerait aussi dès à présent à s'organiser pour se trouver de nouveaux leaders en vue des batailles futures.
Car, maintenant que Deby fils a empoigné « sa chose », on peut envisager le retour à l'ordre constitutionnel malgré les limites que l'on voit, et surtout à l'Etat de droit. C'est déjà cela de gagner.
Pour le reste, il appartiendra aux acteurs politiques tchadiens, de travailler à donner une véritable âme à l'opposition pour donner tout son sens au jeu démocratique. Il y va de l'intérêt de la République.