Maroc: Le gouvernement présente de nombreuses défaillances avec une majorité non cohérente

29 Décembre 2023

Driss Lachguar, Premier secrétaire de l'USFP, a été l'invité de l'émission «Noqta Ila Satr» (Point à la ligne), diffusée par Al Oula dans la soirée du mardi 26 décembre. De nombreux thèmes y ont été débattus, dont l'accord sur l'enseignement, la coordination entre l'USFP et le PPS, l'aide sociale directe ou encore la hausse des prix et de l'inflation.

Le Premier secrétaire a tenu, au tout début de l'émission, à souligner que «le gouvernement est appelé à prendre des mesures et des initiatives pour lutter contre la corruption dans tous les domaines et secteurs».

Il a dans ce sens rappelé que Sa Majesté le Roi Mohammed VI n'a cessé d'insister dans ses Discours Royaux sur la nécessité de combattre la corruption sous toutes ses formes, sachant que le Royaume du Maroc est un État de droit, de justice, d'institutions et de responsabilité liée à la reddition des comptes.

Le gouvernement doit se remettre en cause pour prendre des mesures strictes contre la corruption

Driss Lachguar a déclaré que le gouvernement doit se remettre en cause pour prendre des mesures strictes contre la corruption, tout en indiquant que «nous aspirons à être un État émergent plutôt qu'un État en voie de développement; et en tant qu'opposition, nous lui fournirons tout le soutien politique s'il s'engage dans cette direction».

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«Le gouvernement présente de nombreuses défaillances, avec une majorité non cohérente, malgré ses tentatives de donner l'impression, sur la scène politique, d'être unifié. Cependant, dans la pratique, que ce soit au sein du Parlement ou en dehors, la réalité est tout autre», a expliqué le Premier secrétaire. Et d'ajouter : «Cette alliance hégémoniste de la majorité et la coordination aux niveaux régional et local ont eu un impact négatif majeur sur les administrations territoriales. Cela a affecté le fonctionnement des institutions élues et des conseils communaux, car cette alliance hégémoniste porte des contradictions qui ont entraîné des dysfonctionnements dans la gestion des conseils communaux». «Nous avons constaté le rejet de plusieurs budgets de communes dans les grandes villes qui comprennent des projets importants devant être mis en oeuvre», a-t-il insisté.

Concernant le récent accord sur l'enseignement entre la commission ministérielle tripartite et les syndicats les plus représentatifs, le dirigeant socialiste a tenu à féliciter le gouvernement, les syndicats, ainsi que les enseignants et surtout les parents et tuteurs d'élèves. «Après deux mois de grèves, nos enfants retournent enfin à l'école», a-t-il lancé, tout en rappelant que «les enfants des régions reculées du Royaume ont toujours fourni un modèle exemplaire, tant dans les écoles nationales que dans les établissements supérieurs à l'étranger, notamment en sciences et en mathématiques». «Mais cette année, nous ne devrions pas être surpris si les élèves du secteur privé occupent les premières places dans les concours des écoles d'ingénieurs et ceux des facultés de médecine et de pharmacie», a-t-il martelé, avant d'appeler à redoubler d'efforts pour rattraper ce qui a été perdu au cours de ces mois où l'enseignement a été interrompu.

Le leader ittihadi a dans ce sens affirmé que «bien que les félicitations au gouvernement soient nécessaires, sa gestion de crise a été déplorable en raison des erreurs commises. «Le gaspillage du temps d'étude a été considérable et le dialogue doit absolument se faire avec les institutions constitutionnelles : les syndicats et les partis politiques», a-t-il relevé. Et de poursuivre : «Aujourd'hui, après la signature de l'accord, tout le monde est tenu de le mettre en oeuvre sur le terrain».

La coordination entre l'USFP et le PPS a été entreprise pour préserver l'équilibre institutionnel et les grands chantiers qui constituent la quintessence de la gauche

Pour ce qui est de la dévalorisation des syndicats et des institutions, Driss Lachguar a fait remarquer que «dans un État doté de lois et d'institutions, il est impératif de les respecter». Il a dans ce contexte appelé à revenir au travail au sein des institutions et à se conformer aux exigences légales et constitutionnelles. «Il y avait une sorte de gaspillage de temps dans la recherche de solutions», a-t-il estimé, tout en appelant le chef du gouvernement à être prudent et plus rigoureux. «Si les enseignants ont le droit de faire grève, les élèves ont également le droit de poursuivre leurs études», a-t-il souligné, avant de rappeler que «toute action en dehors de cet accord serait illégitime». «En tant qu'opposition, nous refusons tout calcul politique étroit et lorsqu'il faut dire la vérité, nous la disons à haute voix sans craindre d'être blâmé par qui que ce soit», a-t-il ajouté. Et de rappeler qu'il a maintes fois réitéré que l'école publique doit être au coeur des missions de l'État.

Il a également mis en exergue que l'expérience de la pandémie de COVID-19 a confirmé l'importance de l'enseignement publique. «La plus haute autorité du pays a démontré qu'aux côtés de la protection sociale et de l'État social, l'école publique occupe une place centrale en tant que pierre angulaire des projets de développement, jouant un rôle crucial dans la construction et la formation des Marocains», a-t-il expliqué.

Le Premier secrétaire a, par ailleurs, rappelé la nécessité de promulguer une loi sur la grève et une loi sur les syndicats, tout en appelant à éviter l'approche de la complaisance et à se tenir à l'écart des pressions. Il a, d'autre part, tenu à préciser que «le gouvernement a une grande responsabilité envers les autres secteurs, car d'autres catégories peuvent également réclamer des droits similaires, étant donné que tous relèvent de la loi de la fonction publique».

Questionné sur le dossier de l'aide sociale directe, Driss Lachguar a indiqué que le parti de la Rose est en faveur du projet. «Bien que la réalité démontre que le nombre de gens censés en bénéficier dépasse de loin le million de familles visées, ce premier pas reste quelque chose de positif», a-t-il expliqué.

Abordant la crise de l'eau, le Premier secrétaire a déploré le fait que l'exécutif n'ait pas mis en avant la question de l'eau comme priorité au terme de sa stratégie d'autant que notre pays connaît une réelle rareté de cette matière vitale. «Toute personne sensée serait en mesure d'établir les priorités de notre pays. Notre Cause nationale reste bien évidemment une priorité absolue et ensuite doit venir la question de la délicate situation actuelle de stress hydrique que traverse notre pays du fait de la récurrence de la sécheresse depuis plusieurs années», a-t-il fait savoir. Et d'ajouter : «Il existe d'importantes stratégies Royales dans ce domaine, mais nous pensons que les gouvernements n'ont pas réussi à les mettre en oeuvre de manière convenable, notamment le projet de dessalement de l'eau de mer».

Evoquant la question de la hausse des prix et de l'inflation, le Premier secrétaire a exprimé ses inquiétudes à l'approche du mois sacré de Ramadan, craignant l'exploitation des opportunités et les tentatives illégales d'augmentation des prix.

Il a dans ce sens appelé le gouvernement à renforcer, dès maintenant, la surveillance de la production de viandes rouge et blanche, des denrées alimentaires, et à intensifier la surveillance de la distribution et de la production. «S'il n'y a pas une intensification de ces mesures dès aujourd'hui, il sera difficile de contrôler les prix et la qualité à l'avenir», a-t-il insisté.

Dans un autre volet, tout aussi pertinent, le Premier secrétaire de l'USFP a expliqué que «le dialogue social était initialement institutionnel avec le gouvernement de l'alternance et cela a perduré jusqu'aux dix dernières années, au cours desquelles le dialogue social a connu une période de stagnation, marquée par des tensions notables dans les deux gouvernements précédents».

Il a également précisé que «le dialogue a commencé de manière institutionnelle et positive, réussissant dans le secteur de l'enseignement supérieur et de la santé. Cependant, par la suite, la majorité au pouvoir s'est contentée d'imposer son hégémonisme».

Interrogé sur la coordination entre l'USFP et le Parti du progrès et du socialisme (PPS), Driss Lachguar a affirmé que cette coordination a été imposée par des contextes politiques. «Après que nous ayons coordonné au sein du Parlement, nous n'avons pas pu maintenir cette coordination pour des raisons politiques, désormais connues de l'opinion publique», a-t-il souligné. Et de conclure : «La coordination avec le PSS a été entreprise pour préserver l'équilibre institutionnel et les grands chantiers qui constituent la quintessence de la gauche».

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