La cellule d'appui aux poursuites du bureau de la MONUSCO à Beni a récemment organisé une formation des magistrats et officiers de police judiciaire au traitement des affaires judiciaires liées au terrorisme et au financement du terrorisme.
Au total, vingt-huit personnes, à savoir des magistrats militaires, des magistrats civils, des commissaires de police et des officiers de police judiciaire, ont participé à cette formation de trois jours du 27 au 29 décembre 2023. Ces acteurs judiciaires viennent de Beni, Butembo et Oicha, trois villes du Nord-Kivu confrontées depuis quelques années à des actes de terrorisme.
« Nous travaillons quotidiennement sur des affaires liées au terrorisme », confirme Gustave Mayila, premier substitut du procureur de la République près le parquet de grande instance de Beni.
Ce procureur était déjà en fonction lorsque le territoire de Beni a été touché par des attentats aux engins explosifs improvisés : le 25 décembre 2021 dans la ville de Beni, le 15 janvier 2023 à Kasindi et le 4 février 2023 à Oicha où l'engin explosif ne s'était pas déclenché.
Gustave Mayila estime que la question du terrorisme est complexe. Sa lutte oblige les acteurs judiciaires à détenir le maximum d'informations et de techniques peuvant les aider à mieux appréhender chaque affaire portée devant la justice.
« Le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme sont un sujet d'actualité. [...] Les acteurs de la justice doivent donc comprendre comment ce milieu fonctionne pour traiter ces affaires avec tout le sérieux et le professionnalisme qu'elles méritent », explique le procureur.
La cellule d'appui aux poursuites de la MONUSCO note que les attentats perpétrés récemment à Beni révèlent l'existence d'un réseau de financement du terrorisme. « Cette configuration criminelle rend les enquêtes plus complexes et difficiles et nécessite de la part des enquêteurs et magistrats la maîtrise des nouvelles méthodes et techniques d'investigation et des outils d'approche adaptés pour mieux cerner et traiter ces phénomènes criminels particuliers », lit-on dans un document de cette unité du bureau de la MONUSCO à Beni.
Pendant trois jours, des formateurs venus du milieu du renseignement militaire, du service antimines des Nations Unies (UNMAS), du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'Homme (BCNUDH) et de la police de la MONUSCO (UNPOL) se sont s'attelés notamment à :
- rappeler et analyser le cadre juridique applicable aux infractions liées au terrorisme et au financement du terrorisme,
- informer les acteurs judiciaires sur la radicalisation et les modes de recrutement des terroristes,
- analyser les techniques spéciales d'enquêtes adaptées à cette criminalité,
- explorer les mesures de gel et de confiscation des avoirs et des biens criminels,
- présenter les mécanismes de coopération judiciaire au plan national et international.
« Un défi majeur »
Pour le chef de bureau de la MONUSCO à Beni, la lutte contre le terrorisme appelle « une synergie d'actions de tous les acteurs de la chaîne pénale ». D'où la nécessité de formations et de recyclages divers à l'intention des personnes qui enquêtent et de celles qui jugent et disent le droit.
« Cette activité entre en droite ligne du plan stratégique du bureau régional/Beni de la MONUSCO dont l'objectif global est la réduction de la violence dans le Grand Nord de la RDC. Ce plan stratégique inclut le renforcement de l'Etat de droit par la lutte contre l'impunité, le renforcement des activités judiciaires et la protection des civils », a ainsi fait savoir Josiah Obat.
Selon ce dernier, « la lutte contre le terrorisme et le financement du terrorisme constitue aujourd'hui un des défis majeurs auxquels certains pays du monde, dont la RDC, sont confrontés, avec l'activisme dans le Grand Nord de la RDC, du principal groupe armé ADF affilié au groupe "Etat islamique" ».
Ces derniers mois, différentes composantes de la MONUSCO ont organisé des formations en faveur des acteurs étatiques engagés dans la lutte contre le terrorisme à Beni. En octobre dernier, quarante officiers et agents de la Police nationale congolaise de Beni et Oicha ont ainsi appris des techniques d'investigation pour savoir comment identifier des individus susceptibles, par exemple, de commettre des attentats avant qu'ils ne passent à l'acte. « Il y a un problème de terrorisme à Beni », avait alors fait savoir le commissaire supérieur adjoint François Kalonda, de la Légion nationale d'intervention (LENI).