Afrique: Aliou Cissé, coach du Sénégal - «Nous avons les arguments, l'expérience et le vécu pour garder notre titre de champions d'Afrique»

30 Décembre 2023

Vainqueur de la première Coupe d'Afrique des Nations de football (Can) de son histoire en 2022, le Sénégal remettra son titre en jeu à partir du 13 janvier prochain, en Côte d'Ivoire. Hier, vendredi 29 décembre, le coach de l'équipe nationale, Aliou Cissé a dévoilé la liste des 27 «Lions» qui vont défendre leur titre de champion d'Afrique pour la Can 2023 qui prend fin le 11 février 2024. Il s'agit de 3 gardiens de but, 9 défenseurs, 8 milieux de terrain et de 7 attaquants. Sans surprise, Aliou Cissé a opté pour la continuité avec une dose de risques en sélectionnant des joueurs blessés. Morceaux choisis.

Blessure de Boulaye Dia

«Boulaye a été suivi par nos médecins. Il a été en rapport depuis sa blessure avec les médecins de son club. Si aujourd'hui, il est sur la liste, c'est vrai que je n'aurai pas Boulaye lundi ou mardi, mais je suis certain qu'avant notre premier match contre la Gambie, il sera opérationnel. Il n'y a pas de risque. Si Boulaye est là, c'est parce qu'il est prêt. On a longuement discuté et c'est un garçon qui a toujours été honnête avec l'équipe nationale du Sénégal. Il n'a jamais triché. S'il me dit coach, je suis prêt à arborer le maillot de l'équipe nationale, je n'ai aucun doute à me faire. Je sais qu'il sera prêt. Je sais qu'il ne sera pas disponible au début de notre stage parce qu'on s'est mis d'accord avec son club pour commencer ses soins en Italie et venir le terminer avec la sélection.

Cohabitation avec le Cameroun

Concernant le partage des sites d'hébergement, ça ne date pas d'aujourd'hui. A notre époque, c'était comme ça mais il y avait des équipes qui parvenaient quand même à se débrouiller et avoir leur hôtel en aparté. La progression de cette Can qui est la troisième compétition mondiale, on peut imaginer, espérer que dans d'autres éditions que chaque Nation puisse se munir d'un hôtel. C'est une progression que la Caf doit améliorer.

Joueurs évoluant au Golfe

Il y a quelques années, le projet a été clair. C'était de pousser nos joueurs à aller dans les plus grands championnats. Lors du sacre en 2022, Edouard Mendy était à Chelsea, Kalidou Koulibaly à Naples, Sadio Mané évoluait à Liverpool, Gana Gueye au PSG pour ne citer que ceux-ci. Aujourd'hui, il y a un changement. Certains sont en Arabie Saoudite, mais d'autres continuent à performer dans les championnats européens. On m'a reproché ça pendant des années d'avoir eu cette politique, c'est-à-dire de ne pas choisir des joueurs qui évoluent dans d'autres championnats. On a montré qu'on est capables de gagner en ayant nos joueurs dans ces grands championnats européens. A nous maintenant de montrer que nous pouvons gagner en ayant des joueurs qui jouent en Arabie Saoudite et partout dans le monde. Il n'y a pas de souci pour moi. C'est un débat qu'on a mis de côté et aujourd'hui, ce qui est important, c'est de préparer cette Can et que nos joueurs arrivent en pleine forme sur le plan mental et physique.

Planning

On sera en regroupement à partir de ce dimanche. Normalement, le 31 décembre, j'essaie de faire en sorte de rester avec l'équipe et passer les fêtes ensemble parce que c'est important et leur permettre d'inviter leurs familles. A partir du 1er janvier, on est là jusqu'au 9 janvier. On va jouer en amical le 8 janvier contre le Niger et on aimerait quitter le Sénégal le 9.

État de blessure de Nampalys et Gana

Que ce soit Nampalys ou Gana, s'ils sont présents sur cette liste, c'est parce que nous sommes sûrs et certains de pouvoir les récupérer avant de quitter le Sénégal. Ils ont de petites blessures. Mais Nampalys, il ne sera pas loin d'être prêt avant notre premier match. Gana Gueye, c'est la même chose. Donc, nous avons vraiment espoir qu'avec les soins qu'on va leur faire et surtout que nos médecins arrivent à bien travailler que l'ensemble du groupe sera présent le 9 pour pouvoir partir. Les deux joueurs ont des blessures musculaires, mais on a énormément d'espoir. S'ils sont là, c'est parce qu'on en a discuté avec les médecins et les joueurs et qu'aujourd'hui, ils sont prêts.

Situation de Sadio

Tout le monde connaît Sadio. Vous savez à quel point ce garçon est éduqué et correct. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu nerveux, énervé ou manqué de respect à qui que ce soit. Sur le terrain, il y a des comportements des attitudes qu'on peut avoir parce qu'on est irrité ou il y a une décision arbitrale qui a été faite et qu'à un moment donné, on est énervé contre lui. Ça fait partie du football, mais je pense que c'est un garçon assez respectueux et concentré sur l'essentiel. Sadio est un compétiteur, il n'est pas dans les détails. Pour moi, toute attitude que Sadio peut avoir, ce n'est pas dans le sens de manquer de respect. C'est parce qu'il a envie de gagner. C'est un compétiteur et parfois cette envie de gagner dépasse par moment les limites. Mais ça, ce n'est pas méchant. Récemment, j'ai vu qu'il a marqué deux buts. C'est surtout ça qu'il faut regarder. Il est en train de revenir à son meilleur niveau. On ne peut que l'encourager à continuer ainsi.

Can 2023

Nous souhaitons le meilleur. C'est -à -dire aller en Côte d'Ivoire et garder notre titre de champions d'Afrique. Nous savons que ça sera un peu difficile, mais nous avons les arguments, l'expérience et le vécu. Des années se sont passées et notre équipe s'est bonifiée d'année en année de compétition en compétition. Donc fort de cette expérience-là, nous allons à cette compétition avec beaucoup d'espoir mais en réalité avec énormément d'humilité.

Lamine Camara, titulaire indiscutable au milieu ?

J'aime bien parler du collectif. On a un collectif en qualité et en quantité où chaque joueur est capable de jouer. Lamine est capable de jouer, Nampalys et Gana ont déjà fait preuve. Ce qui important, c'est de mettre la meilleure équipe possible face à la Gambie et pour ça, je compte sur l'ensemble de nos joueurs et Lamine en fait partie.

Plan pour contrecarrer les blocs bas

Sadio est un élément très important. Tout entraîneur a envie de jouer avec son meilleur joueur. Aujourd'hui, il est là, on est contents. Mais de là à dire que sans Sadio Mané, l'équipe ne joue pas, c'est simple comme analyse. On a eu à gagner des matchs sans lui. On a eu à faire de gros matchs avec lui. Moi je suis grand d'un collectif même si de ce collectif, il y a des individualités qui font la différence. Notre équipe est constituée autour de notre leader qui est Sadio Mané mais croyez-moi, on a d'autres arguments des joueurs capables de faire la différence.

On n'a pas peur. On va à cette Can avec beaucoup d'ambitions. On est champions d'Afrique. Par moment, on parle de notre équipe comme si on avait rien fait. Je pense que cette équipe mérite un peu plus de considération par rapport à ce que nous avons fait depuis quelques années. Si nous, avec tout ce que nous avons réalisé, allons à cette Can en n'ayant pas confiance, je ne sais pas quelle équipe africaine va avoir confiance. Le « manko wouti ndamli », c'est maintenant. Il faut éviter de mettre une pression inutile à l'entraîneur et aux joueurs. Il faut valoriser et pousser cette équipe. C'est ce qu'on attend mais pas installer le doute. On n'a pas peur.

Contourner la malédiction des champions d'Afrique?

Je ne suis ni Dieu ni Prophète. Je suis entraîneur et je n'ai pas de baguette magique pour changer les choses. Je peux faire de mon mieux. Et c'est ce que nous sommes en train de faire. A chaque fois qu'il y a des échéances importantes, on fera toujours de notre mieux. Il y a des questions qu'il faut se poser sur cette malédiction. Est-ce que cette équipe du Sénégal dort sur ses lauriers ou sur ses acquis ? On a envie d'aller gagner et continuer à gagner. On sait qu'il y a des ingrédients qu'il faut mettre dans cette compétition pour y arriver.

Si vous regardez la liste, on a beaucoup de joueurs qui ont de l'expérience et du vécu. Certains sont à leur troisième et quatrième Can. C'est un groupe qui a énormément d'expérience. Nous savons que nous serons attendus et c'est normal. Avant même qu'on gagne ce trophée, le Sénégal était attendu. A la Coupe d'Afrique 2017, ça fait deux Coupes d'Afrique que le Sénégal n'était sorti des phases de poules et on était déjà les favoris. En 2019, on était aussi les favoris. Aujourd'hui, on sera encore parmi les favoris. On ne fuit pas cette responsabilité. On a assez de vécu et d'expérience. Il faut que nos joueurs arrivent dans de bonnes conditions. A partir de là, je pense qu'on aura notre mot à dire. Mais tout ça dans la sérénité, le calme et dans la confiance.

Joueurs Champions d'Afrique

Quand on constitue une liste, on ne regarde pas les champions d'Afrique. J'essaie de constituer la meilleure liste possible. Je n'ai pas regardé qu'il y a combien de champions d'Afrique. L'évolution de cette équipe depuis 2 ans nous force à changer parce qu'il y a d'autres générations qui viennent d'arriver. On est champions en U20 et le Chan et U17. Il y a un groupe U23 qui, malheureusement, n'a pas pu atteindre ses objectifs, de ce groupe-là, il y a Dion Lopy, entre autres. Notre objectif avec le temps est apporté à tous ces jeunes-là de venir en équipe nationale.

Absence de Dion Lopy

Dion Lopy, c'est un garçon qui aurait pu être là. Mais aujourd'hui, il n'est pas là. Cela ne veut pas dire qu'on a mis une croix. Dans ce milieu, il y a énormément de concurrence. C'est un choix tout simplement sportif mais rien d'autre.

Sûr de la reconquête de la Can

Bien sûr qu'on a de l'ambition. Je suis surpris des questions qu'on me pose parce qu'on dirait que c'est notre première Can. Nous sommes de nature très humbles. Mais l'humilité ne veut pas dire qu'on manque de confiance en nous. On a énormément confiance en nous. Personne ne nous a entendus taper notre poitrine et dire qu'on est meilleurs que tout le monde. Mais pourtant regardez bien les performances de cette équipe nationale depuis 2015. Il n'y a pas beaucoup de sélections dans ce continent qui ont évolué à ce niveau. Même sur le plan mondial, il n'y a pas beaucoup d'équipes qui ont atteint ce niveau-là. Ça veut dire qu'on performe depuis huit ans. On a quand même certaines certitudes. On est attendu et tout le monde est sous pression. Mais on va aborder les matchs un par un pour pouvoir bien les préparer et les gagner.

Incertitude autour des blessés

J'ai espoir. Je suis optimiste. On peut récupérer Gana Guèye avant le 15 janvier contre la Gambie. Nampalys est actuellement à deux semaines, ça veut dire qu'il a commencé la course. Il peut aussi être à 100% avant le 15. On peut aussi récupérer Boulaye Dia. Sabaly a aussi repris la course. S'ils sont dans cette liste, c'est qu'ils m'ont donné leur parole. Il y a énormément de confiance entre mes joueurs et moi. Ils ne m'ont jamais trahi. Quand ils me disent une chose, je ne peux croire qu'à ce qu'ils sont en train de me dire. Quand un joueur comme Sabaly me dit que je serai prêt, je n'ai aucun doute là-dessus parce qu'il ne m'a jamais menti.

Match amical contre le Niger

Dans le football, il y a toujours des risques. Mais en réalité, on ne pouvait pas se permettre d'aller à cette Can sans avoir de matchs amicaux. Il est important de s'entrainer mais il est tout aussi important de jouer. C'est la raison pour laquelle on a mis ce match le 8 janvier. Il est important de le jouer pour revoir certaines choses dans notre stratégie, essayer de donner du temps de jeu à certains garçons qui n'ont pas beaucoup joué.

Niveau du groupe

La Gambie a progressé ces quatre dernières années. Même au niveau des petites catégories, c'est un pays qui est en train de bien travailler. J'en profite pour féliciter le président et le sélectionneur. Nous savons que ce sera un match très compliqué. Le Cameroun est un grand d'Afrique et il n'est plus à présenter. Ce sera aussi un match disputé, difficile. Et puis, il y a la Guinée qui est un pays qui est juste à côté de nous. Il n'y a pas mal de citoyens guinéens au Sénégal. Je m'attends à des matchs très disputés et difficiles. Mais c'est ce qui fait qu'on fait ce travail. Nous savons que pour gagner cette Can, il faudra nous frotter aux meilleurs. Tout le monde peut sortir de cette poule. A nous de l'aborder avec sérénité et confiance et surtout montrer nos qualités.

Réservistes

On a donné une pré-liste de 55 joueurs. On sait que, si on a un problème, on peut y puiser avant le 3 janvier et même le 15 janvier qui est la date limite pour pouvoir changer. On a une panoplie de joueurs capables de pallier certaines absences. C'est pour cela qu'il n'y a pas de panique. S'il y a un parmi ces joueurs qui est blessé ou qui ne se sent pas prêt à partir à cette Can, on a cette possibilité de faire un changement avant le premier match. Ça nous donne un peu plus de marge. Dans le football d'aujourd'hui, on ne peut rien cacher. C'est à la fois une grande et petite famille. Tout le monde sait ce que l'autre fait, tout le monde sait ce que l'autre dit. De la même façon que les autres sont en train de nous superviser, c'est de la même façon que nous le faisons. Il n'y a rien qui change. On ne peut rien cacher dans le football moderne.

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