Les résultats provisoires de la présidentielle du 20 décembre dernier en République démocratique du Congo (RDC), sont connus. Comme on pouvait s'y attendre, c'est le président sortant qui l'emporte face à ses adversaires.
Ainsi donc, Félix Tshisékédi se succède à lui-même et ce, après un premier mandat qui n'a pas été de tout repos. Saura-t-il relever les nombreux défis auxquels fait face son pays ? La question reste posée. Ce d'autant que, pour l'instant, il semble plus préoccupé à conserver son pouvoir que par toute autre chose. A preuve, avant même l'annonce des résultats provisoires qui le donnent vainqueur, l'opposition politique, cornaquée par Martin Fayulu, Denis Mukwegue et Moïse Katumbi, dénonçait un processus électoral opaque et appelaient à la réorganisation de nouvelles élections.
En clair, elle conteste la victoire de Félix Tshisékédi qu'elle accuse d'être de mèche avec le premier responsable de la Commission électorale national indépendante (CENI), Denis Kadima, qu'elle souhaite voir traduit en Justice pour incompétence. C'est dire à quel point le président Tshisékedi a du pain sur la planche ; lui qui, comme en 2018, vient d'être réélu à l'issue d'un « gigantesque désordre », pour reprendre l'expression de l'archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo.
Comment réussira-t-il à faire avaler la pilule amère à ses opposants qui, refusant de se laisser conter fleurette, appellent leurs ouailles à descendre dans la rue ? En tous cas, il lui revient de savoir négocier le virage en évitant de tomber dans le piège de l'opposition qui, en attendant la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle, ne manquera pas de multiplier les actes de provocation pour le pousser à l'erreur.
Pour cela, le locataire du Palais de Marbre devra éviter, autant que faire se peut, le recours excessif à la force qui, le plus souvent, débouche sur le chaos. Car, si à la crise sécuritaire vient s'ajouter une crise sociopolitique, la RDC, connue pour être un géant au pied d'argile, toucherait le fond. D'où la nécessité pour les acteurs politiques congolais de faire montre de lucidité pour sauver l'essentiel.
Car, s'il est vrai que les dernières élections générales se sont déroulées dans des conditions qui laissent à désirer, force est de reconnaître que l'opposition n'est pas aussi exempte de tout reproche. Elle n'a qu'à s'en prendre à elle-même ; elle qui, à l'issue de moult tractations, n'a pas pu unir ses forces pour soutenir un seul candidat face au président sortant ; chacun ayant pensé que son heure a sonné. Et la voilà groggy de ses propres turpitudes, contrainte de s'unir pour ruer dans les brancards.