Tunisie: Investissement - Un bon entrepreneur est-il un bon «business angel» ?

31 Décembre 2023

En règle générale, les hommes d'affaires et les fondateurs de startup qui ont réussi leurs affaires deviennent souvent à leur tour des investisseurs. Au-delà des perspectives de rendement, ces derniers visent un objectif bien déterminé : faire bénéficier de leur expertise une nouvelle génération d'entrepreneurs pour les accompagner vers le succès. Mais un entrepreneur fait-il, à coup sûr, un bon «business angel» ?

Dans la grande majorité des pays, un entrepreneur qui a réussi son affaire souhaite en faire bénéficier les autres, en devenant «business angel». Dans plusieurs économies, cette envie naturelle est d'autant plus encouragée par des dispositifs fiscaux avantageux, comme le principe du «réemploi», qui permet de bénéficier d'un report d'imposition sur les plus-values de cession, si celles-ci sont réinvesties dans de nouveaux projets, en respectant plusieurs conditions.

Privilégier les investissements avec un fort potentiel de croissance

Selon les experts et au-delà de l'intérêt fiscal et de la perspective d'un rendement, c'est bien souvent l'envie de contribuer à de nouveaux succès entrepreneuriaux qui prime. «Dès qu'un chef d'entreprise commence à avoir un peu de patrimoine, il commence à prendre des participations en direct, pour de l'investissement ou par intérêt intellectuel», constatent certains économistes.

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«Mais un entrepreneur ne fait pas nécessairement pour autant un bon investisseur... Un bon business angel, c'est quelqu'un dont les intérêts sont alignés avec ceux de l'entreprise dans laquelle il investit et pour laquelle il va s'impliquer personnellement», insistent les experts. Les apports d'un «business angel» peuvent se traduire de différentes façons, dont l'accès à un réseau, un partage d'expérience ou un gain de crédibilité, en fonction des besoins spécifiques de chaque startup. Ces nouveaux d'un «business angels» privilégient les investissements avec un fort potentiel de croissance, dans lesquels ils peuvent apporter quelque chose à l'équipe dirigeante. Leur fil conducteur, ce sont les possibilités d'internationalisation et de fusion-acquisition, avec des entrepreneurs qui recherchent un partage d'expérience sur ces sujets.

Les caractéristiques précieuses d'un «business angel»

La plupart des «business angels» disposent de quelques caractéristiques spécifiques. Ainsi, dans un premier lieu, ces individus investissent leurs propres fonds afin de financer une entreprise, contrairement aux sociétés qui choisissent d'investir dans des entreprises non cotées en bourse. Par ailleurs, le choix d'apporter des investissements à une entreprise afin de financer son développement ne dépend que du choix du «business ange» lui-même. Dans un second lieu, les «business angels» ont tendance à soutenir les entrepreneurs avec lesquels ils n'ont ni lien d'amitié ni de parenté, d'où leur caractère angélique.

De même, il convient de savoir que les investissements réalisés par les «business angels» sont principalement dédiés aux projets solides et viables, vu que ces individus attendent une contrepartie future. Dans ce contexte, l'objectif ultime d'un «business angel» est d'investir dans un projet qui a un potentiel de rentabilité future.

À la différence d'un coach qui est payé pour accompagner les nouveaux investisseurs, mais pas en fonction du résultat, ou d'un mentor, qui conseille souvent sans être investisseur lui-même, donc sans prendre de risques, le «business angel» investit de l'argent, il est totalement associé à la réussite de l'entreprise.

Mais cette implication ne représente-t-elle pas aussi un risque pour l'autonomie de l'entrepreneur ? «Lorsqu'un investisseur dispose d'une expérience qui a de la valeur pour le dirigeant, son investissement est plus raisonnable, et c'est beaucoup mieux», expliquent certains économistes. Ils ajoutent : «La relation ne peut pas fonctionner lorsque les «business angels» s'inventent des compétences qu'ils n'ont pas, ou deviennent intrusifs parce qu'ils ont réalisé un investissement disproportionné par rapport à leur patrimoine».

Tout est donc question d'équilibre et implique une bonne communication en amont sur les intérêts et objectifs respectifs de chacun. Mais ce n'est pas tout: le «business angel» doit aussi avoir conscience de ses limites. Même si les entrepreneurs ont pu connaître des succès fulgurants dans certaines activités ou certains secteurs, leurs retours d'expérience doivent désormais s'ajuster aux conditions de marché actuelles. Un entrepreneur devenu «business angel» doit bien prendre en compte les biais qui ont pu expliquer ses réussites passées.

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