Ile Maurice: Clin d'oeil à ces personnalités qui ont eu du cran

31 Décembre 2023

L'année touche à sa fin, offrant l'opportunité de revenir sur les figures marquantes qui ont marqué l'actualité. Parmi elles, Me Rashid Ahmine, Directeur des poursuites publiques - désigné Mauricien de l'année par «l'express» pas plus tard que la semaine dernière. Cependant, d'autres hommes et femmes ont également attiré l'attention de manière positive... Pour cela, ils méritent bien un petit coup de chapeau.

Ehsan Juman et Shakeel Mohamed : Zorro et Zorro

Les deux députés du Parti travailliste (PTr) ont quadrillé le terrain et ont dénoncé des lacunes dans le système de santé. L'on se souvient de la façon Ehsan Juman et Shakeel Mohamed ont tous deux pénétré un entrepôt dans l'enceinte de l'hôpital Dr A.G Jeetoo le 30 octobre pour exposer le scandale des produits périmés lors d'un live sur Facebook. Ont suivi des rapports démontrant qu'il y avait bel et bien un problème d'hygiène dans plusieurs hôpitaux régionaux, comme celui de Brown Sequard. On a notamment eu droit aux légumes avariés, à la nourriture qui ne répond pas aux normes, sans parler du gaspillage.

Ehsan Juman a aussi pris à contre-pied le ministre Kailesh Jagutpal lorsqu'il a brandi des factures pour l'achat de boissons alcoolisées par son ministère. Cela, après que le ministre a nié les faits sur les ondes d'une radio privée. D'autres documents ont aussi fuité et se sont retrouvés entre les mains du député rouge comme des dépenses effectuées par le ministère de Jagutpal pour des fonctions officielles. À titre d'exemple, Rs 598 830 ont été réclamées par la compagnie Takdon Tent Contracting Ltd à la Santé pour la location de chaises en plastique et d'une 'tente blanche', notamment pour l'inauguration de la Mediclinic de Coromandel.

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Ehsan Juman est aussi celui qui a diffusé une bande sonore - lors d'une conférence de presse des Rouges le 17 mars - où l'on pouvait entendre une voix ressemblant à celle de Pravind Jugnauth parler de l'affaire Bruneau Laurette et même traiter la magistrate d'«incompétente». Des propos qui aauraient été tenus lors d'une réunion à Surinam. On pouvait clairement y entendre ceci : «On l'a eu avec des millions de roupies de drogue. Il a été arrêté, une enquête a été faite... la mo pé koz kouma enn avoka, zamé mo finn trouv enn zizman enn mazistra bankal koumsa. (...) li enn inkonpétan, li pa kompran mem ki appel lalwa.»

Ehsan Juman a aussi été au front sur plusieurs autres dossiers comme le problème de drogue à Plaine-Verte, les plaintes des Hadjis et la polémique autour de l'Islamic Cultural Centre. Le député travailliste s'est aussi attaqué à la State Trading Corporation (STC) notamment sur les produits Smatch, dont l'huile, et le contrat passé par la STC à Mercantile & Maritime Group.

Xavier-Luc Duval : L'indémontable

Le leader de l'opposition n'a pas chômé cette année encore au Parlement avec plus d'une vingtaine de Private Notice Questions (PNQ) destinées aux ministres et au Premier ministre. «Près de 25 dossiers ont été mis en avant et chacun d'eux a été minutieusement travaillé pour obtenir des réponses à l'Assemblée nationale», explique Xavier-Luc Duval, qui rappelle que plusieurs de ces PNQ ont débouché sur leur lot de révélations.

Il y a eu l'affaire Franklin, la chasse d'Eco Deer Park et la présence de Maneesh Gobin en ces lieux en 2020 - PNQ destinée à l'Attorney General - le nombre d'arrivées touristiques, avec la question destinée à Steven Obeegadoo. Xavier-Luc Duval a aussi demandé au Premier ministre de communiquer le nombre de condamnations obtenues par l'Independent Commission Against Corruption dans des délits de corruption, sous la Prevention of Corruption Act, pour les années 2019 à 2022. Il s'est également intéressé au contrat de son directeur général, Navin Beekarry, salaire et autres avantages compris. Il y a aussi eu l'Extended Programme de Leela Devi Dookhun-Luchoomun, le terrain du centre culturel tamoul à Réduit, le rapport du Container Port Performance Index 2022, la démolition du bâtiment Emmanuel Anquetil.

Les fameux Vimen Leaks ont aussi été sur la sellette, le leader de l'opposition voulant savoir du Premier ministre s'il avait pris connaissance des allégations faites dans la presse le vendredi 9 juin à l'encontre de plusieurs officiers et hauts gradés de la police et s'il comptait solliciter l'aide d'un pays ami pour enquêter sur ces allégations et s'il avait l'intention de remplacer la Special Striking Team et la brigade antidrogue par une unité mieux structurée comme recommandé par l'ancien juge Paul Lam Shang Leen.

Durant les derniers six mois, l'on a ainsi vu des PNQ axées sur la Mauritius Africa Fund Ltd, la mort des 11 patients dialysés pendant le Covid-19, les Chagos, les accidents impliquant le métro, le Film Rebate Scheme, l'enregistrement des électeurs et le processus électoral, les constructions à Agaléga, le carburant, les violences faites aux femmes, les conditions d'hygiène dans les hôpitaux, les inondations et la chute du mur du cimetière St-Jean ou encore le paiement d'un 14e mois, les Urban Terminals et les résultats du National Certificate of Education.

Les discours bien cadrés du leader de l'opposition ont aussi retenu l'attention cette année - notamment sur le Fisheries Bill, le Mauritius Agricultural Marketing (Amendment) Bill (NdlR, il s'était d'ailleurs déplacé jusqu'au National Wholesale Market de Wooton avant que le projet de loi ne soit débattu), le (Financial Crimes Commission Bill* ou encore pendant les débats budgétaires où Xavier-Luc Duval avait soutenu que *«l'inflation est l'amie du gouvernement»(.

Osman Mahomed : Le dénonciateur

Ce député du PTr est également sorti du lot cette année avec ses dossiers liés au logement et à l'environnement. Osman Mahomed a notamment milité contre le projet hôtelier qui devait voir le jour à Anse-La-Raie, où le nom de l'homme d'affaires proche du pouvoir, Avinash Gopee, était cité. Mais finalement, en novembre, le directeur de N-G Group a, par voie d'un communiqué, renoncé à son projet, arguant que «face à la multiplication des calomnies éminemment politisées, j'ai pris la décision de renoncer au projet de développement touristique à Anse-La-Raie».

Le combat d'Osman Mahomed ne s'arrête pas là et il s'en va-t-en guerre contre un autre projet à Palmar cette fois. «C'est sûr qu'à la rentrée parlementaire j'adresserai des questions à ce sujet à Steven Obeegadoo pour y voir plus clair.» Car pour le moment, fait-il ressortir, le masterplan de ce projet demeure flou. «J'ai effectué une visite des lieux à Palmar et je peux vous dire que ce projet pose aussi problème sur le plan environnemental. Il y a beaucoup de marécage sur le site, m'a-t-on expliqué.»

Le député rouge a aussi beaucoup travaillé sur le dossier brûlant des logements de la New Social Living Development Ltd qui devraient sortir de terre. Il a, à maintes reprises dénoncé l'incompétence et l'amateurisme de l'organisme et s'est intéressé de très près au salaire du Chief Executive Officer Jairaj Sonoo notamment. Il a aussi parlé des retards dans le projet et des lieux choisis pour certains chantiers comme à Jin Fei et Arsenal où le terrain serait marécageux. Osman Mahomed s'est aussi attaqué avec d'autres membres de l'opposition - notamment Xavier-Luc Duval - au dossier du bâtiment Emmanuel Anquetil et au Victoria Urban Terminal, entre autres.

Sur le plan un peu plus personnel, Osman Mahomed a dominé l'actualité avec l'accident fatal impliquant sa femme et ayant coûté la vie à une personne en octobre 2017 à Quatre-Bornes. Le jugement a été rendu cette année en faveur de l'épouse du député et a mis en lumière plusieurs maldonnes de la police dans cette affaire. Le député du PTr avait même écrit à l'Independent Police Complaints Commission et l'enquête est toujours en cours. Par ailleurs, en avril, Sheikh Mukhtar Hossenbocus, ancien constituency clerk du député rouge, avait porté plainte contre lui au Central CID alléguant qu'il n'avait perçu aucun salaire pendant six ans. «J'ai fourni toutes les informations y relatives à la police et je le poursuis pour diffamation. L'enquête se poursuit», explique Osman Mahomed.

Zahid Nazurally : «Softspeaker»

Cette année encore le deputy speaker - même s'il a été moins présent que l'année dernière - a fait preuve de discernement et d'impartialité, comparativement au «Loudspeaker», Sooroojdev Phokeer, lors des séances parlementaires qu'il a présidées. Zahid Nazurally a su garder son calme, ne manifestant pas de parti pris.

On se rappellera en outre que lors de la standing ovation des membres de la majorité au Parlement après l'annonce du verdict du Privy Council en faveur de Pravind Jugnauth en octobre, le membre du Muvman Liberater ne s'est pas mis debout comme «les autres». Puis, lors des travaux parlementaires du 7 novembre, Zahid Nazurally n'a pas hésité à demander à Kailesh Jagutpal de «wrap up» sa réponse qui traînait en longueur.

«Hon. Minister, it is 30 minutes for specifics matters. I would like you to wrap up and not (...)» a-t-il lancé, lors d'un point spécifique (specific matters) sur les maladies non-transmissibles. Avant que Naveena Ramyead n'essaie d'intervenir en faveur de Jagutpal : «Continue.» Zahid Nazurally a alors lancé aux deux membres du gouvernement : «No, you don't decide that he continues! I decide! (...) Try to conclude!» Ce qui n'a pas manqué d'engendrer de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, où des internautes ont partagé des extraits des interventions du deputy speaker, tout en le félicitant.

Vivek Pursun : Le courageux

Le pandit Vivek Pursun, qui est également travailleur social, s'est fait remarquer pour sa bataille qui a conduit Maneesh Gobin et Rajanah Dhaliah - tous deux tombés en disgrâce après l'éclatement de l'affaire Black Label & Stag Party à Grand-Bassin - en cour et plus d'une fois. Ainsi, le 5 mai, Vivek Pursun a juré un affidavit en cour de district de Port-Louis pour loger une private prosecution contre Maneesh Gobin et Rajanah Dhaliah. Dans le document, il est revenu sur l'octroi d'un bail de 250,76 hectares à Eco Deer Park Association et les zones d'ombre, rapportées par la presse, qui entourent cette affaire. Vivek Pursun accusait aussi les deux parlementaires de complot et de pervertir le cours de la justice. Il avait retenu les services de Mes Sanjeev Teeluckdharry et Akil Bissessur.

La suite, on la connaît tous. Il y a eu des demandes de l'Attorney General Maneesh Gobin et du Parliamentary Private Secretary Rajendra Dhaliah pour contester la private prosecution logée contre eux arguant que celle-ci était «illégale et inadmissible». Le 28 novembre, Me Adeelah Hamuth, Acting Assistant Director of Public Prosecutions, a déposé un discontinuance of proceedings devant le tribunal de Curepipe. Mais le combat est loin d'être fini. L'audience pour l'ordre de mandamus démandé par le pandit Pursun pour obtenir l'autorisation de demander une révision judiciaire dans l'affaire de l'octroi du bail de 733 arpents de terres appartenant à l'État à l'Eco Deer Park Association est fixé au 8 janvier 2024. Affaire à suivre donc.

Pour rappel, en août, le député Dhaliah a été contraint de présenter sa démission en tant que secrétaire parlementaire privé, après son interrogatoire et son inculpation par la commission anticorruption dans l'affaire Stag Party. Un informateur impliqué dans l'affaire a déclaré avoir remis la somme de Rs 3,2 millions à Rajesh Ramnarain et à Rajanah Dhaliah pour le renouvellement du bail relevant du ministère de l'Agro-industrie.

D'après ce témoin, Rajanah Dhaliah et le ministre d'alors, Maneesh Gobin, auraient participé à une fête au ranch de l'Eco Deer Park Association et le ministre aurait pris notamment du cerf pour le ramener chez lui, alors que du Black Label coulait à flots à la fête. La gravité de l'affaire est accentuée par les soupçons pesant sur Vicky Giovani Juliette, alors vice-président de l'association, qui est suspecté d'être un prête-nom de Franklin.

Covilen Narsinghen : Fer de lance de la diaspora

C'est officiel. La diaspora a lancé sa web radio. Mauradio.com a vu le jour le 20 décembre. «Une radio par le peuple pour le peuple et au-delà des frontières. Telle est la devise de Mauradio.com.» C'est en ces termes que Covilen Narsinghen, président de la Mauritius Global Diaspora a qualifié cette nouvelle initiative. Cette radio a vu le jour grâce au concours de Mauriciens bénévoles et aura pour devise : Entertain, Inform and Educate, a soutenu ce dernier. Elle proposera, entre autres, des émissions de variétés qui expriment la diversité des cultures, informent le public sur les thèmes d'actualité et éclairent au fil de débats le public sur des sujets d'intérêt national et international.

Ce nouvel espace audiovisuel qui s'ouvre aux Mauriciens sera occupé par la nouvelle radio qui s'inspire des valeurs du mauricianisme et universelles que sont la démocratie, la liberté d'expression, l'inclusion et la diversité. Ainsi pour profiter des émissions et retrouver des animateurs et journalistes chevronnés, il suffit de se brancher sur www.mauradio.com ! À partir de mi-janvier, la radio proposera des interviews, forums, analyses et débats, entre autres.

Suren Dayal : L'audacieux

La pétition électorale de Suren Dayal au no 8 (Moka-Quartier- Militaire) aura tenu en haleine, durant plusieurs mois, citoyens et politiciens, dont le Premier ministre lui-même. Bien que le Privy Council ait finalement rendu un verdict en faveur de Pravind Jugnaut et de ses colistiers, nombreux sont ceux qui ont félicité Suren Dayal pour s'être battu jusqu'à la fin. Comme l'a dit Navin Ramgoolam peu après dans une conférence de presse, plusieurs points n'auraient malheureusement pas pu être prouvés par les avocats, comme l'utilisation abusive de la Mauritius Broadcasting Corporation par Pravind Jugnauth ou encore l'organisation de la fête pour les personnes âgées par le ministère de la Sécurité sociale, sous les ordres de Pravind Jugnauth. Cependant, avait-t-il ajouté, une équipe 'contrôlera' les élections cette fois-ci pour «fer sir ki pa ariv mem zafer» qu'en 2019. n

Tania Diolle : La méritante

Nombreux sont ceux qui ne la portent pas forcément dans leur coeur ou qui l'inonde de critiques. Sans doute n'ayant toujours pas oublié la décision qu'avait pris son leader, Alan Ganoo, et elle-même de rejoindre le MSM à la veille des élections générales de 2019. Malgré des faux pas une chose est sûre, la députée est très présente sur le terrain dans sa circonscription, au no 18, Belle-Rose-Quatre-Bornes, étant vue à plusieurs fonctions. Tania Diolle était en outre la première à se déplacer à St-Jean le 9 novembre, lors des inondations qui ont causé l'effondrement du mur du cimetière.

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