Une petite anecdote et quelques souvenirs en cette nouvelle année ne feraient pas de mal. L'Arabie saoudite dans les années 70 commençait à s'ouvrir aux sports. La réputation des techniciens et enseignants d'Education physique et sportive, que déversait l'Ecole des cadres de Kassar Saïd, incita les responsables sportifs de ce pays à faire appel à bon nombre d'entre eux pour prendre en charge le lancement du sport dans le royaume.

A cette époque, la «Kaaba» était en plein centre d'une véritable agglomération de bâtiments vétustes et dégingandés. La mosquée de Médine était dans le même cas. Il n'y avait ni routes ni TGV ni aéroport moderne. Celui qui existait se trouvait presque au centre ville !

Les premiers pionniers du sport, nous en citons Ali Karabi en basket-ball, feu Habib Majeri en football et un joueur qui, ulcéré par l'interdiction qu'on lui a faite de signer au Club Africain, a pris ses affaires et a rejoint l'Arabie Saoudite. Ali Karabi lui avait préparé le terrain pour qu'il soit recruté par El Ittihad. A son arrivée, on lui signifia avec regret qu'on avait engagé un joueur qui était venu proposer ses services.

Faisant bon coeur contre mauvaise fortune, Taoufik Belghith accepta quand même de jouer dans l'équipe deux, contre les titulaires. Il fit étalage de sa technique, de son efficacité et de ses vista. La nuit tombait, et les titulaires ne voulaient pas quitter le terrain en perdants. Il n'y avait pas de projecteurs à cette époque-là. On mobilisa les voitures de la foule des présents qui grossissait pour avoir de la lumière. Le match, pour tout dire, se prolongea durant plus de deux heurs trente. L'équipe de Belghith remporta la rencontre.

Confus, le dirigeant de l'équipe vint trouver Taoufik Belghith, s'excusa, prit son sac et le conduisit tout de suite à un des rares grands hôtels de Jeddah. Et ce fut pour lui une période au terme de laquelle il était devenu non pas seulement un joueur, mais aussi un conseiller.

Dans ce pays, on commençait à découvrir le sport, mais c'était dur de faire travailler des jeunes qui croyaient qu'il suffisait de jouer un match pour progresser. Les joueurs venaient, restaient dans leurs voitures et attendaient la fin du travail physique pour rejoindre le groupe.

Où en est actuellement le sport dans ce pays ? La réponse se trouve dans les réalisations incroyables de confort et d'opportunité. L'Arabie saoudite est appelée à organiser un Mondial de football !

Le terrain éclairé par les projecteurs de voitures, c'est un souvenir impérissable qui évoque le changement d'époque et d'ambitions.

Derrière tous ces changements, il y avait les moyens et la volonté de progresser, mais aussi des techniciens tunisiens qui ont été de véritables pionniers dans presque toutes les disciplines sportives, mais aussi dans bien d'autres secteurs où médecins, ingénieurs, enseignants et autres affirment leur présence, Dans ce pays, mais aussi dans toute la région du Golfe.

Et... notre Ons Jabeur qui est allée jouer au tennis dans ce pays, réputé des plus conservateurs dans un match de démonstration avec son amie Sabalenka. Ce match a été suivi par un record de téléspectateurs d'après les commentaires. Des familles se sont déplacées avec femmes et enfants, dans une ambiance incroyable qui tient de l'étonnant, du jamais vu : des filles en tenues sportives qui offraient le spectacle d'un sport moderne, d'une activité qui figure parmi les plus spectaculaires mais aussi des plus difficiles.

Une image de la fille tunisienne moderne, sans complexes et dont le nom est sur toutes les lèvres de par le monde. Le hasard a voulu que l'une des nôtres soit encore une pionnière dans ce pays ami et frère.

Une action qui ne restera pas sans lendemain.