Tunisie: Vers des villes tunisiennes résilientes face au climat - Pour y arriver, il faut tout planifier

1 Janvier 2024

«Tunisian Youth Impact (TYI)», jeune association qui vient de souffler sa 5e bougie, continue à éclairer la lanterne des populations locales et rurales sur la complexité du phénomène climatique et l'urgence de s'y préparer.

Selon un rapport de la Banque mondiale, la Tunisie est parmi les pays les plus vulnérables aux aléas du climat. Ses côtes et ses îles fragiles, mais aussi certaines régions qui ont du mal à résister aux risques des catastrophes naturelles, semblent être dans l'oeil du cyclone. Ont-ils les moyens de gestion d'éventuels risques et périls posés? Pas évident, à moins qu'ils s'ingénient à s'y adapter et trouver des alternatives durables.

Bilan satisfaisant

D'ailleurs, beaucoup d'acteurs de la société civile y mettent du leur, ne restant pas à la merci du conjoncturel. Rien n'est laissé au hasard. Et là, l'Association «Tunisian Youth Impact (TYI)», jeune association qui vient de souffler sa 5e bougie, continue à éclairer les lanternes des populations locales et rurales quant à la complexité du phénomène climatique et l'urgence de s'y préparer à tous les niveaux. Penser global, agir local, c'est bien le mot d'ordre universel. Toutefois, afin d'y arriver, il faudrait tout planifier.

Justement, c'est en quoi consiste le projet «Villes tunisiennes résilientes», entamé il y a deux ans, à l'initiative de l'association «TYI», pour avoir pris fin, mercredi dernier, avec en toile de fond des outputs et des outcomes qui ont donné la preuve d'un résultat concluant et d'un bilan d'actions qualifié de satisfaisant.

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«Après ce qu'on a investi en termes du temps et d'énergie, l'on peut dire que notre projet, étalé sur deux ans, a fait un carton et porté son fruit, vu que la population cible a pu comprendre le défi de la résilience pour gagner l'enjeu du développement local durable», résume, rassasiée de fierté, Khouloud Hamrouni, cheffe de ce projet. La cérémonie de sa clôture a eu lieu, à Hammamet, dans une ambiance festive, célébrant également les cinq ans de ladite association. Co-fondateur, Ahmed Ben Ammar, trentenaire, se pose en son chef d'orchestre et régisseur de tous les projets qu'elle a à son actif.

«On est arrivé à mobiliser des centaines de jeunes et encadrer des femmes rurales sur des thématiques diverses liées aux élections, à la citoyenneté et aux changements climatiques. De même, on a remué ciel et terre pour aider les populations autochtones à penser et créer leurs propres plans climats locaux (PCL)», a-t-il récapitulé.

A chacune son plan climat local

Cinq ans déjà, la «TYI» a franchi bien des pas. Ses membres sont tous de jeunes dynamiques, tout feu tout flamme. Une équipe homogène qui vise à changer et oeuvre à mettre en exécution les mécanismes d'une justice climatique, à même de doter les régions les plus vulnérables des plans climat locaux (PCL). Soutenu et financé, à hauteur de 300.000 dinars, par Hivos, une ONG hollandaise, ce projet «Tunisian Résilient Cities» a dû recentrer le débat sur le climat, faire connaître les notes conceptuelles relatives à l'adaptation et à l'atténuation.

Soit, les moyens de lutte face à toutes les menaces : vagues de chaleur extrêmes, sécheresse, inondations fréquentes, feux de forêts, pénurie d'eau, grandes pluies hors-saisons, c'est bien les prémices d'un réchauffement climatique qui commençe déjà à nous montrer ses griffes. Et ça va chauffer encore plus ! D'où il urge, dès lors, qu'on agisse à l'unisson, non pas à stopper ses effets, mais du moins à les atténuer.

Comment les faire comprendre et les vulgariser à une large échelle? Il était, alors, question de faire la sélection pour mener à bien une vaste campagne de sensibilisation. Ceci étant, le choix fut ainsi porté sur dix communes, dans cinq gouvernorats, supposées être les plus sensibles aux caprices du climat. Ce alors, Radès et Mhamdia à Ben Arous, Maâgoula et Zahrat Madiane à Béja, Jendouba et Tabarka relevant de Jendouba, Le Kef et Nebeur au Kef, ainsi que Machrak Echams et Telabet à Kasserine ont été retenues comme zones d'intervention pilotes. Soit un terrain d'essai où le plan climat local peut être transposable, à quelques différences près.

Pour Mme Hamrouni, la mission n'a pas été aussi facile. «Réunir des agents municipaux, discuter avec des citoyens locaux, fournir des formations au profit de plus de 350 bénéficiaires, faire le suivi, engager des plaidoyers auprès des députés, tout s'inscrit dans l'initiation à l'élaboration des plans climat locaux. Que chaque région ait le sien et que les unes et les autres saisissent l'opportunité pour aboutir aux objectifs escomptés», explique-t-elle. Tout cela avait nécessité un dur travail du terrain, où toute l'équipe était disponible pour faire de son mieux.

Elle a eu à tâter le pouls, sonder les opinions et sensibiliser sur la portée d'un tel PCL. De ce fait, «ces plans climat locaux tiennent compte des contextes locaux, des ressources et priorités uniques de chaque région, à même d'apporter des solutions adaptées à la localité», raisonne-t-elle ainsi dans un policy brief déjà adressé à des députés représentant certaines localités.

Donnée environnementale, une pièce maîtresse

Et ce n'est pas tout. «Nous avons même plaidé en faveur d'une loi sur la planification climatique locale dans toute la Tunisie, visant à généraliser l'expérience et l'ériger en plan climat national», renchérit la jeune Hamrouni. Qu'est-ce qu'un plan climat local ? Tout bonnement, un agenda environnemental et du développement qui devrait tenir compte de l'actualité climatique (l'accord de Paris, les Contributions déterminées nationales CDN), faire participer les citoyens et savoir gérer équitablement les ressources à disposition, afin d'aboutir à des stratégies locales d'atténuation et d'adaptation. «Il y là, à ce niveau, un guide de bonnes pratiques servant de modèle type du plan climat local», souligne encore la cheffe du projet.

Mais qu'en est-il de l'information environnementale, pièce maîtresse de toute oeuvre de planification locale ? Bien qu'elle existe déjà, depuis 2016, la loi d'accès à l'information ne donne pas, semble-t-il, droit à son exploitation, comme il se doit, dans les divers champs d'action. C'est que la donne environnementale exige, pour la changer, une boîte à idées, dans la mesure où cela puisse aider à mettre à profit les moyens de lutte nécessaires. Raison pour laquelle, l'association «TYI» a tenu bon pour inscrire cette loi dans le code de l'environnement, sollicitant le ministère de tutelle à prendre au sérieux cette recommandation.

En fait, faut-il le rappeler, le PCL et l'accès à l'information environnementale sont, d'ailleurs, les deux axes majeurs sur lesquels avait surtout travaillé l'association dans le cadre dudit projet. L'enjeu est de repenser nos villes et leur fournir les atouts de leur résilience climatique.

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