«Derrière le miroir embué de la banalité de chacun, il peut y avoir une source d'émerveillement». Cette citation de Stephen Baxter, mise en exergue sur le catalogue de présentation de l'exposition de Nesrine Hanchi, appuie l'idée d'Eluard : «Si l'on voulait, il n'y aurait que des merveilles», il suffirait de percevoir la vie avec le regard du poète. Telle est la peinture de Nesrine Hanchi qui expose à la Galerie Ali Guermassi, jusqu'au 13 janvier 2024.
Ses oeuvres sont un cri, une sorte de «suprématisme» façon Malévitch 1926, où toute la sensibilité est dans son art, cet art qui est comme une «rectification», un mot que Malraux a employé pour dire d'un art qui est perméable à l'esprit.
Nesrine, dans ses travaux, évite la raison et le bon sens, elle se nourrit de rêves et d'imaginaire, ce qui lui permet d'être et d'exister. Elle s'éloigne peu à peu d'une certaine science picturale qui la rend ilote et elle se rapproche du symbolisme de chaque chose qui lui offre une sensibilité dotée d'un grand sens d'humanisme.
«... Cherchant mes souvenirs qui sont comme des feuilles sous la glace au trou profond...». Ces quelques vers de Mallarmé lui font voir des êtres et tout ce qui les entoure, quelque peu déformés, mais c'est à cet instant même que l'imaginaire prend son sens qui meut les apparences tout en saisissant l'élan créateur.
Cette panoplie d'oeuvres possède chacune, un symbole, je citerais : «Lectures», ce livre qui est le symbole de l'univers, «l'univers est un immense livre», écrivait Mohyddin Ibn Arabi, je note aussi, le sang qui est solaire, l'arbre, qui est la vie, le damier qui est ce conflit de la raison contre l'instinct, de l'ordre contre le hasard, le masque «cette sculpture en mouvement», disait Jean Laude et enfin, le chat, la souris et le chien où le concept d'inconscient et de subconscient intervient.
Est-ce là un expressionnisme douloureux ou une angoisse métaphysique ? Son expression picturale est tout simplement vivre une vie qui lui fait toucher l'essentiel, cet essentiel «qui la détache de tout», ce tout qui est le secret de son existence.
Galerie Ali Guermessi : 44 rue Charles de Gaulle, Tunis