Tunisie: Rétrospective politique - L'année de tous les défis !

1 Janvier 2024

2023 peut être marquée par le signe de la souveraineté. La Tunisie s'est employée à préserver sa souveraineté face aux tentatives d'ingérence dans plusieurs domaines

De l'effervescence politique aux avancées économiques, en passant par les réalisations diplomatiques mais aussi par quelques crises sociales relatives aux pénuries, l'année 2023, riche en événements, s'achève avec l'espoir d'une nouvelle année meilleure que les précédentes.

L'année écoulée a été marquée par de nombreux événements politiques qui ont eu des impacts directs sur la composition du gouvernement et le limogeage de l'ancienne Cheffe du gouvernement et de nombreux ministres. Aspirant à une efficience et à une cohésion gouvernementales meilleures, le Chef de l'Etat, Kaïs Saïed, n'a pas hésité à mettre fin, le 2 août, aux missions de Najla Bouden qui a été remplacée par Ahmed Hachani.

Dans la foulée, plusieurs ministres ont été remerciés. L'ancien chef de la diplomatie Othman Jarandi, l'ancien ministre de l'Economie Samir Saied, le 18 octobre les ministres du Commerce, de l'Emploi, de l'Industrie, de l'Education et de l'Agriculture. Le 17 mars c'était Taoufik Charfeddine, ministre de l'Intérieur qui a annoncé sa démission. Il a été remplacé par Kamel Feki, ancien gouverneur de Tunis.

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Parmi les événements politiques les plus marquants, figure l'organisation des premières élections locales dans l'histoire du pays. C'est le 24 décembre que les Tunisiens se sont dirigés vers les urnes pour élire les membres des conseils locaux qui seront appelés à former le Conseil national des districts et des régions, deuxième Chambre du Parlement, créée par la Constitution de 2022. Le faible taux de participation de 11,88% n'a pas empêché l'élection de 1348 candidats dès le premier tour, alors que 781 circonscriptions sont concernées par le second.

2023 a marqué aussi une longue séquence d'arrestations de figures politiques influentes. Le 17 avril, le chef du mouvement islamiste Ennahdha Rached Ghannouchi a été interpellé à Tunis. Si, pour son parti, cette arrestation est de nature purement politique, Ghannouchi fait face à de lourds chefs d'accusations dont «une tentative de modification du régime de l'Etat».

Dans une seule affaire relative à la glorification du terrorisme, il a été condamné le 30 octobre, à quinze mois de prison. De nombreuses autres figures politiques ont été également arrêtées dans le cadre de l'affaire dite de complot contre la sûreté de l'Etat

Kaïs Saïed sur tous les fronts !

Durant cette année, c'est le Chef de l'Etat, Kaïs Saïed, qui a multiplié les visites inopinées dans les quatre coins du pays, mais aussi en participant à des événements à l'étranger. Se penchant sur la situation des entreprises publiques, Kaïs Saïed a envoyé un message fort en visitant les locaux de ces sociétés, dont ceux de Snipe - La Presse, le 11 mars dernier pour faire part de l'importance qu'il accorde à l'institution, appelant à mettre les moyens qu'il faut pour la sauver. Tunis, Béja, Bizerte, Zaghouan, Kébili, Nabeul, de nombreuses visites inopinées qui ont été couronnées par des décisions d'envergure portant notamment sur la préservation des entreprises publiques et le renforcement du rôle social de l'Etat.

Le locataire de Carthage a également procédé au limogeage de plusieurs responsables dont des gouverneurs, des PDG d'établissements publics et de haut placés dans l'administration pour leur faible rendement.

Durant l'année écoulée, Kaïs Saïed a représenté la Tunisie dans des rendez-vous majeurs à l'étranger. Le 18 mai, il s'est envolé pour l'Arabie saoudite afin de prendre part à la 32e session ordinaire du Conseil de la Ligue arabe, où il a été invité par le Roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud. Le 21 juin, il a pris la direction de Paris, pour répondre à l'invitation du président français Emmanuel Macron, pour prendre part au «Sommet de Paris pour un nouvel accord financier», alors que le 22 juillet, le Chef de l'Etat s'est envolé pour Rome afin de participer au Sommet de Rome sur la migration. Un événement majeur dont il avait revendiqué l'organisation pour traiter de plusieurs questions qui concernent autant les pays de la rive sud que ceux de la rive nord de la Méditerranée.

Relations avec l'UE

Avec la signature d'un important mémorandum d'entente entre la Tunisie et l'Union européenne à Carthage, quelques tentions ont marqué les relations entre les deux parties. A l'issue de la réunion qui a eu lieu à Tunis entre Kaïs Saïed, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, la première ministre italienne Giorgia Meloni et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, c'est le 16 juillet que la Tunisie et l'Union européenne signent un protocole d'accord sur un «partenariat stratégique global» entre les deux parties dans plusieurs domaines, notamment la promotion du commerce et la lutte contre la migration irrégulière, dont la valeur dépasse les 750 millions d'euros.

Sauf que la mise en oeuvre de cet accord a été entravée suite notamment à la publication, au mois d'octobre, par la partie européenne, pour la deuxième fois et contrairement aux usages, de documents officiels tunisiens relatifs au versement de 60 millions d'euros en faveur de la Tunisie. La Tunisie a d'ailleurs annoncé avoir refusé cette assistance financière.

2023 peut être marquée par le signe de la souveraineté. La Tunisie s'est employée à préserver sa souveraineté face aux tentatives d'ingérence dans plusieurs domaines. «La Tunisie n'a pas d'autre dossier à présenter au Fonds monétaire international», a laissé entendre le 23 octobre, la ministre des Finances, Sihem Nemsia, alors que le Chef de l'Etat a, à maintes reprises, rappelé son refus de toute ingérence dans les affaires internes du pays.

Initialement prévue du 5 au 17 décembre 2023, la visite d'une délégation du Fonds monétaire international en Tunisie, a été reportée sur demande des autorités tunisiennes.

Par ailleurs, la Tunisie a renoué avec la Syrie avec la reprise des relations diplomatiques, ont annoncé le 12 avril les deux pays dans un communiqué conjoint. Une démarche significative qui a contribué à la réintégration de la Syrie dans le giron arabe.

Autant rappeler aussi que cette année a connu une restructuration de la diplomatie tunisienne conduite par le ministre Nabil Ammar qui a su redynamiser la politique étrangère.

Exploits et défis sécuritaires

Depuis les événements du 14 janvier, et même avant, la Tunisie a été exposée à la montée en puissance des groupes terroristes et mouvements djihadistes. Des attaques ont ciblé des lieux publics, un hôtel, des postes de police et de la Garde nationale, des installations militaires et autres. La Tunisie a vécu une longue séquence de menaces terroristes. Pour l'année 2023, cette menace a nettement baissé. Les exploits sécuritaires ont été nombreux, le dernier en date a eu lieu il y a quelques jours où trois terroristes ont été abattus à Kasserine.

Ces défis sécuritaires ont refait surface le 1er novembre avec la spectaculaire évasion de cinq prisonniers dangereux tunisiens condamnés pour terrorisme qui s'étaient enfuis de la prison de Mornaguia, et arrêtés après une semaine de cavale.

Outre ces événements de nature sécuritaire, des avancées économiques ont marqué l'année écoulée avec notamment le paiement du service de la dette extérieure et la maîtrise du taux de l'inflation. De même, l'année s'est terminée en beauté avec un grand soulagement dans l'affaire de la Banque franco-tunisienne (BFT). Sur décision arbitrale, la Tunisie a été condamnée, le 22 décembre, à payer 1,11 million de dinars, au lieu des 37 millions requis par la partie adverse, d'après les chiffres avancés par le ministère des Domaines de l'État.

Prix Nobel de chimie 2023 décerné à un trio dont le Tunisien Mongi Bawendi.

Autant rappeler également que des avancées notables en matière de lutte contre la corruption ont eu lieu durant cette année, on cite notamment le lancement d'un audit général des recrutements dans l'administration et la fonction publique par décret présidentiel, les résultats sont attendus début 2024.

Sur le plan social, cette année a été particulièrement difficile pour les Tunisiens dans la mesure où leur quotidien s'est transformé en course pour s'approvisionner en produits de base, pain, farine, semoule, lait, carburants, riz, café, sucre dont l'approvisionnement a connu des perturbations.

L'un des événements les plus marquants de cette année porte sur le domaine scientifique. Le Prix Nobel de chimie 2023 a été décerné, le 4 octobre à un trio composé du Tunisien Mongi Bawendi (62 ans), Louis Brus (80 ans) et Alexei Ekimov (78 ans), des chercheurs travaillant aux Etats-Unis sur les nanoparticules.

L'année 2023 nous a réservé malheureusement des évènements dramatiques à Gaza après l'opération du Déluge d'Al-Aqsa, actée par le Hamas le 7 octobre. Depuis, la bande de Gaza fait face à un génocide faisant plus de 21 mille martyrs et des milliers de blessés et de disparus. La Tunisie a volé au secours du peuple palestinien en recevant, en décembre, deux convois de blessés gazaouis. Des avions chargés d'aides humanitaires ont été affrétés au profit des familles palestiniennes sinistrées.

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