L'Éthiopie et le Somaliland, territoire qui a proclamé son indépendance de la Somalie en 1991, viennent de signer un accord-cadre qui risque d'avoir d'importantes conséquences sur la Corne de l'Afrique. Selon la présidence éthiopienne, ce texte « doit sécuriser l'accès à la mer et diversifier les accès aux ports ».
L'Éthiopie n'a plus d'accès à la mer depuis 1993 et l'indépendance de l'Érythrée. Or ces derniers mois, son Premier ministre, Abiy Ahmed, employait une rhétorique agressive sur cette question, évoquant même une intervention armée, ce qui suscitait l'inquiétude de ses voisins.
Addis-Abeba parle d'un « accord historique », ouvrant la voie « à la réalisation des aspirations de l'Éthiopie ». Redwan Hussein, conseiller politique du Premier ministre éthiopien, a précisé que le document prévoyait la construction d'une « base militaire éthiopienne, en location, sur la mer Rouge ». Certains pensent qu'il s'agit d'un accès au port de Berbera, construit par le Somaliland sur sa côte.
Cette annonce survient dans un contexte de tension régionale. Plusieurs fois, le chef du gouvernement éthiopien a tenu des propos agressifs, demandant aux pays voisins de reprendre les discussions sur l'accès à la mer « afin d'assurer une paix durable », et « que les futures générations ne tombent pas dans le conflit ». Des médias avaient aussi rapporté des conversations privées où Abiy Ahmed évoquait une possible action armée. Plusieurs pays avaient alors haussé le ton et Addis-Abeba avait dû démentir tout esprit va-t-en-guerre.
L'Éthiopie n'a plus d'accès à la mer, depuis 30 ans, et fait transiter ses marchandises par Djibouti notamment, mais le coût annuel reste élevé, certains parlent d'un milliard de dollars. Addis-Abeba cherche donc depuis longtemps à diversifier ses débouchés.
Cet accord avec le Somaliland risque, en tout cas, de faire grincer des dents. Djibouti pourrait perdre une partie de sa manne financière. Mais on attend surtout la réaction somalienne qui ne reconnaît pas l'indépendance du Somaliland et pourrait voir, dans cette annonce, une violation de sa souveraineté.