Antananarivo a accueilli la nouvelle année « 2024 », sous la pluie et avec une affluence sans liesse dimanche. Une Saint-Sylvestre influencée par la génération alpha en filigrane.
« Nous allons rester chez nous, à aligner saison sur saison de nos séries américaines préférées », samedi 30 décembre, les vidéo-clubs de la capitale sont submergés. Et cette cliente dépense tout juste 5 000 ariary pour occuper au moins ses deux prochaines nuits, surtout pour vite faire passer celle de la Saint-Sylvestre. À Antananarivo, cette année dans les boutiques spécialisées, l'un des moments pics du commerce des succès de Netflix, HBO et compagnie est désormais le réveillon.
Tendance observée surtout chez les couples quadras et plus, les post-ados et les familles plutôt soucieuses du long mois de janvier. Un multi-services d'Ambohimanarina a même préféré ouvrir dimanche. D'autant que se renforcent les craintes des Tananariviens d'une inflation généralisée d'ici quelques jours ou quelques semaines. Le 31 décembre, vers 20 h avec cette « maudite pluie », selon les propos d'une vendeuse de brochettes et de boissons de l'avenue de l'Indépendance Analakely, les eaux submergent quelques portions des rues des 67 ha, Ampefiloha, Anosy, Andravoahangy tandis que des groupes de jeunes marchent sans direction apparente dans les rues.
« Notre consigne, c'est d'abord la visibilité », signale un policier attroupé avec ses collègues non loin de l'hôtel Pietra. Étonnant de voir la proportion de jeunes filles et garçons qui arpentent la ville des Mille, de By Pass à Alasora, mais aussi à Andoharanofotsy, Ambanidia, Ampefiloha, Ankadifotsy... Antaninarenina et ses belles lumières attirent du monde, petits et grands. À minuit pile, des « hourras » et des cris de joie sortant du cabaret centenaire Glacier fait réagir en effet domino tout le « 13 mai ».
La liesse se propage dehors. Les vendeurs se poursuivent comme des excités entre les étals et les tabourets pour des « hugs » à la sauvette. Cette année, le traditionnel festival de klaxons en faisant le tour de l'Avenue a cessé en quelques minutes. Les Malgaches d'Analakely ont apparemment perdu de leur joie de vivre. « C'est comme une simple habitude maintenant, comme il faut le faire, alors, nous le faisons pour nos enfants », reconnaît un père de famille roulant dans une rutilante double cabine grise, un peu douché par cette fête sans grande liesse. D'habitude, l'avenue de l'Indépendance est le point de ralliement à ciel ouvert du tout-Tana.
À minuit cinq, aucun embouteillage monstre. Aucune liesse commune d'un soir de nouvel an en vue. Dans les lieux de spectacles, avec les tarifs d'entrée entre 30 000 et 200 000 ariary, Eric Tselatra a connu un petit souci de santé et a écourté son set à l'espace By Nah au By Pass. Le public a cependant répondu présent. Non loin de là, Mage 4 a chanté chez Fenitra au By Pass également avec plus ou moins trois tables vides.
Shyn et Denise ont réussi leur coup au « Prestigious Time » au Carlton Anosy, bien rempli, malgré un souci technique du Dj. Dans les loges, le couple s'enlace en se glissant des voeux. Image inhabituelle et idyllique de ces deux monstres sacrés. Cette soirée dans ce prestigieux hôtel, une tradition dans la capitale depuis plus de quatre décennies, sert souvent de baromètre. Antananarivo a accueilli la nouvelle année avec ferveur, mais sans cette lueur de joie partagée, de communion passagère mais intense sur l'avenue de l'Indépendance.