Ile Maurice: «Donner une plus grande visibilité à Rodrigues sur le plan international»

Laura Samoisy, ancienne journaliste à «5Plus Dimanche», établie en France depuis plusieurs années, se lance dans une nouvelle aventure, celle de diriger «Hello Rodrigues», magazine digital gratuit, qui fait la part belle à la vie touristique et culturelle de son île natale qu'est Rodrigues, avec un important volet sur les îles Vanille avec des reportages «grand angle». Pour «l'express», elle évoque cet ambitieux projet.

Qu'est-ce que «Hello Rodrigues» ?

C'est un magazine digital, gratuit, qui sera disponible en ligne sur le site hellorodrigues.fr à partir du 10 janvier. Hello Rodrigues est axé sur l'actualité touristique et culturelle de Rodrigues et a pour objectif de booster la visibilité de la destination dans la région océan Indien et dans les pays francophones, car nous ciblons le lecteur francophone. Deuxièmement, le magazine veut également valoriser les acteurs du domaine du tourisme de Rodrigues, qui opèrent souvent dans l'ombre. Ils n'ont pas les moyens de participer à des salons et de se faire connaître. Hello Rodrigues, magazine bimestriel, leur offrira une vitrine afin qu'ils aient une meilleure visibilité.

Pourquoi vous êtes-vous lancée dans cette aventure ?

Je me suis lancée dans cette aventure après un constat frappant : Rodrigues manque de visibilité sur le plan international. J'ai eu la chance, cette année, de faire la promotion de la 8e édition du festival de kitesurf de Rodrigues. Nous avons lancé la campagne en mars à Paris, lors du Salon mondial du tourisme et destination Nature. Lors de cet événement, j'ai rencontré beaucoup de personnes qui ne connaissaient pas du tout Rodrigues, contrairement à l'île Maurice. Et je me suis posé une question : pourquoi ce manque de visibilité pour Rodrigues alors que cette île fait partie intégrante de la République de Maurice ? J'ai fait le même constat lors du Salon IFTM Top Resa à Paris où j'ai piloté la communication de l'Office du Tourisme de Rodrigues. Pas mal de visiteurs, de journalistes que j'ai rencontrés n'avaient jamais entendu parler de Rodrigues. Le secteur du tourisme à Rodrigues est porteur d'espoir et mérite qu'on lui donne un coup de pouce pour vanter ses mérites.

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Qui est derrière ce projet et parlez-nous de l'équipe qui y collabore.

Hello Rodrigues est un projet conçu de A à Z par moi, après une longue réflexion et des sessions de brainstorming avec des professionnels du secteur du tourisme, journalistes, entre autres. Je porte la double casquette de directrice de publication et rédactrice en chef. Je suis épaulée dans mes tâches par Florence Guillemain, journaliste et photographe française installée à Maurice depuis 19 ans et également rédactrice en chef adjointe. Nous avons aussi le journaliste, historien et anthropologue Noël Allas de Rodrigues, Nathaniel Sainte-Marie, photographe basé à Rodrigues, notre styliste et maquilleuse Anne Murielle Ravina, qui a été, rappelons-le, la Miss Mauritius 2018 et Top 12 au concours Miss Univers 2018. Elle encadrera les shootings de la couverture à Rodrigues. Il y a aussi Francesca Sookahet, secrétaire de rédaction et enfin, nous avons une superbe directrice artistique en la personne de Reena Devi Kissoon Leste, qui va sublimer le magazine. Et la responsable de la publicité est Jackie Camille.

Hello Rodrigues est avant tout une action citoyenne d'une Rodriguaise pour son île. Nous sommes totalement indépendants et nous ne recevons aucune aide financière de qui que ce soit et nous n'en avons pas fait la demande non plus. Nous voulons avancer en toute indépendance.

Pour ce premier numéro, j'ai le soutien indéfectible de mon compagnon, qui croit en moi et en ce projet et qui finance tout le magazine, c'est-à-dire le financement du site web qu'il m'offre comme cadeau de Noël, je sais, c'est plutôt original et il paie le salaire de tous les collaborateurs, les flyers à imprimer pour la distribution dans les villes et dans les grandes gares, entre autres. Ce projet lui tient à coeur car lui vient également des îles, soit de la Guadeloupe. Il n'a encore jamais mis les pieds à Rodrigues mais ce sera chose faite bientôt.

En quoi «Hello Rodrigues» se démarquera des autres publications papier ou en ligne, qui abordent déjà un volet sur Rodrigues comme «Islander» ou «Île Maurice Tourisme Infos» ?

D'abord, je tiens à préciser que Hello Rodrigues ne se positionne pas comme un concurrent pour Islander ou Île Maurice Tourisme Infos ou d'autres médias en ligne, qui se consacrent à l'actualité touristique. Toutefois, Hello Rodrigues veut vraiment faire la différence en proposant une information de qualité sur une base régulière à nos lecteurs. C'est cette régularité dans la proposition des informations sur la destination de Rodrigues qui fait cruellement défaut. De temps en temps, on voit apparaître un petit article sur Rodrigues dans les journaux alors que l'actualité est riche dans l'île et qu'il suffit de creuser un peu. Et c'est là qu'on va agir afin de faire parler davantage de Rodrigues. La différence viendra aussi du fait que je suis une Rodriguaise pure souche, je connais mon île, je suis attachée à ses traditions, à ses valeurs. Je sais où creuser pour faire la différence. Hello Rodrigues se veut un magazine grand public, accessible à tous, peu importe la zone géographique.

Ce magazine comprend combien de pages et quelles en sont ses rubriques ?

Ce magazine comprendra environ une cinquantaine de pages rédactionnelles contre une vingtaine de pages publicitaires si les annonceurs répondent favorablement à ce nouveau produit. Nous avons diverses rubriques: par exemple, la rubrique «Actus» mettra en avant les dernières actualités de l'industrie du tourisme à Rodrigues, nous avons aussi «Action Écolo» pour valoriser les actions des associations qui travaillent pour la sauvegarde de l'environnement et qui s'alignent sur les valeurs d'une île Rodrigues écolo, la rubrique «Brin d'histoire» qui sera animée par Noël Allas et qui parlera d'une page de l'histoire de Rodrigues qu'on n'étudie, hélas pas, à l'école alors que cela devrait être logiquement le cas, des rubriques découvertes comme «Échappées Belles», «Escapade», «Carnet de voyage», qui propose d'emmener nos lecteurs aux quatre coins du monde et la rubrique «Océan Indien» à la découverte des autres îles de la région. Pour la première édition, on emmènera nos lecteurs du côté de Mayotte. Le magazine vous réserve beaucoup de surprises, à découvrir très bientôt.

Comment piloter un magazine lorsqu'on est à Paris ?

La distance n'est plus un problème. Le Covid-19 a complètement changé le monde du travail et le travail hybride gagne de plus en plus de terrain partout dans le monde. Il suffit d'avoir une équipe solide, organisée et responsable pour faire avancer les choses. Et je dois dire que l'équipe de Hello Rodrigues est solide. Elle croit dans ce projet et travaille dur pour offrir un produit exceptionnel aux lecteurs. La communication au sein de l'équipe est fluide, il y a une belle énergie, nous sommes tous au taquet, nous avons nos réunions de rédaction par Zoom une fois par semaine et nous communiquons via notre groupe WhatsApp Hello Rodrigues pour plus de réactivité.

*De quoi vivra l'équipe qui fait tourner le magazine puisqu'il est gratuit ?

Nous tenons vraiment à ce modèle gratuit car de nos jours, la presse va mal et les gens ne s'abonnent plus pour avoir accès aux informations. Qu'on le veuille ou non, ce temps est révolu. Aujourd'hui, l'avenir se trouve dans le digital. Comme toute publication, nous allons également chercher des annonceurs pour faire vivre ce magazine car autrement, nous n'allons pas tenir, c'est un fait et nous le savons bien. Nous espérons juste qu'ils vont répondre favorablement à ce nouveau produit.

Rodrigues a-t-elle une actualité touristique et culturelle aussi riche pour en faire un magazine régulier, même avec l'apport de Maurice et des îles Vanille ?

L'actualité touristique et culturelle de Rodrigues est très riche, à travers son authenticité. Mais on a tendance à croire qu'il ne s'y passe rien sur ce plan alors que ce n'est pas le cas. Cela vient du fait que Rodrigues est une île discrète, que les acteurs du métier ne se mettent pas en avant, que les différents événements de l'île ne bénéficient pas d'une bonne visibilité dans la presse. Avec l'arrivée des bateaux de croisières à Rodrigues et le projet de l'agrandissement de l'aéroport, Rodrigues va se développer davantage et l'actualité touristique va être dense d'ici 2024. D'où l'utilité de Hello Rodrigues, qui a les yeux rivés vers l'avenir. Nous voulons nous positionner dès maintenant comme la vitrine par excellence de cette destination.

L'actu touristique et culturelle étant plus riche à Maurice et à La Réunion, celle de Rodrigues ne risque-t-elle pas d'être noyée dans le flot ?

Non pas du tout car il y aura toujour s une mise en perspective des sujets qui seront abordés. L'île Rodrigues n'est nullement comparable à Maurice ou encore à La Réunion. Chaque île a sa propre identité. L'actualité touristique ne se résume pas à ce qui se passe dans les hôtels 5-étoiles ou avec la présence de grands chefs ou les cocktails autour de la piscine pour célébrer telle ou telle distinction. L'actualité touristique va au-delà de cet aspect un peu bling bling de cet univers. Ce que nous voulons c'est montrer une île Rodrigues authentique à travers des expériences vécues, en proposant des articles où on mettra l'humain au centre.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour sortir ce premier numéro ?

Le premier numéro est le plus dur à gérer car il faut à la fois gérer le site web, le contenu rédactionnel et le marketing. Mais on ne lâche rien, on y croit et on fonce.

Vos futurs projets ?

Déjà je suis heureuse d'annoncer que nous venons de conclure un partenariat avec Zone Australe de Serge Marizy, réalisateur basé à La Réunion et connu pour ses vidéos promotionnelles des lieux touristiques dans l'océan Indien et en Afrique. Nous avons également présenté notre projet au comité des îles Vanilles, à l'Organisation internationale de la francophonie à Paris et aussi à l'Unesco. À l'heure actuelle, nous attendons un retour de leur part pour des possibilités de partenariats. Nous sommes également en pourparlers avec des représentants des Seychelles, qui sont plutôt positifs pour l'avenir.

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