Comores: Pour Mouigni Baraka Saïd Soilihi, la 1ère priorité c'est de changer de Constitution

interview

Aux Comores, l'élection présidentielle se tiendra le 14 janvier prochain. Avant cette échéance, RFI propose une série d'interviews avec les six candidats engagés dans ce scrutin. Après Daoud Halifa, mandataire et porte-parole du candidat Bourhane Hamidou, et Daoudou Abdallah Mohammed, leader du parti Orange, nous recevons Mouigni Baraka Saïd Soilihi, leader du Rassemblement démocratique des Comores pour l'Egalité. Sa priorité, la révision de la Constitution qu'il juge taillée pour le président sortant Azali Assoumani. L'ancien gouverneur de la Grande Comore souhaite également réduire le train de vie de l'État et n'écarte pas la possibilité de raccourcir son mandat s'il est élu.

RFI : Pourquoi vous présentez-vous à cette élection ?

Mouigni Baraka Saïd Soilihi : Parce que je sais que j'ai, quand même, de quoi apporter aux Comoriens. Je rappelle que j'étais gouverneur de l'île de Ngazidja [Grande Comore, NDLR] de 2010 à 2016. Je crois que j'ai mis en place beaucoup de projets, beaucoup d'initiatives qui ont été appréciées par bon nombre de Comoriens, notamment ceux qui vivent sur la Grande Comore, ce qui m'a amené, en 2016, à être parmi les trois qui ont été sélectionnés [pour le second tour de l'élection présidentielle de 2016, NDLR]. Donc, je crois que ce bilan-là, je dois le défendre, et j'estime le défendre au niveau national. Et c'est pour cela qu'en 2019, je me suis aussi présenté comme candidat, on sait ce qu'il s'est passé en 2019. Aujourd'hui, en 2023, je me présente encore avec le même objectif : espérer un jour prendre le sommet de l'État et continuer ce que j'avais commencé dans l'île de Ngazidja.

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Quelles sont les deux priorités du programme du candidat Mouigni Baraka ?

Vous savez que la priorité des priorités des Comoriens, c'est de se débarrasser de la Constitution d'Azali Assoumani, une Constitution faite sur mesure. Alors, ça sera ma première priorité : dissoudre l'Assemblée nationale, former un gouvernement d'ouverture qui va organiser une table-ronde, laquelle table-ronde va nous donner la Constitution qui ressortira de l'esprit de tous les Comoriens. J'espère une Constitution qui retiendra deux points principaux, notamment la tournante et l'autonomie des îles. Après ces opérations, certainement les instructions s'ensuivront, c'est-à-dire l'organisation des élections législatives, etc., et même présidentielle pour le tour d'Anjouan.

Ensuite, il y a le côté économique. Il faudrait penser déjà au train de vie de l'État qui est aujourd'hui très colossal. Je vais parler d'abord du salaire du chef de l'État, je vais parler des fonds spéciaux, des voyages, notamment du chef de l'État, mais aussi du gouvernement. J'estime que dans un pays comme le nôtre, on ne peut pas se donner le privilège d'avoir près de 8,7 milliards de francs comoriens l'année rien que pour la présidence. C'est beaucoup. Ça doit être peut-être pour la santé ou pour l'éducation. On ne doit pas aussi se donner le privilège de dépenser plus de 7 milliards pour l'année, uniquement parce qu'on est président de l'Union africaine. Donc tout ça, il faudra revoir ces mesures-là pour essayer de donner plus de forces aux autres administrations. Mais aussi, il faut penser à ce qui touche aux opérateurs économiques, parce que je suis d'abord un douanier de formation, je sais très bien ce qui se passe dans nos administrations aujourd'hui. Je pense que ces opérateurs doivent avoir l'espoir d'une personne qui va les soutenir, qui va soutenir l'économie et qui va pouvoir faire décoller l'économie de notre pays.

Vous faites de cette tournante, ou de sa réforme, une priorité, vous sous-entendez également une organisation d'une élection présidentielle, quand est-ce que cela sera effectif ?

Comme je vous l'ai dit, il y a une table-ronde, et c'est de cette table-ronde que tout sortira, c'est-à-dire que si on me demande de réduire le mandat à deux ans, je le ferai, et s'ils me demandent de le réduire à trois ans, je le ferai. En tout cas, je compte d'abord sur la participation de tous les Comoriens, il faut que tout le monde participe. Vous savez qu'aujourd'hui, au-delà des hommes politiques, il y a une société civile bien organisée qui est de la diaspora, c'est une nouvelle personne qui s'invite à la table des discussions, des négociations. Avant, on avait tout simplement des partis politiques, aujourd'hui, je ne peux pas ne pas tenir compte des mouvements qui sont aujourd'hui bien organisés à l'extérieur, notamment en France, je parlais de Daula ya Haki et d'autres mouvements, qui sont de jeunes intellectuels comoriens, qui participent au débat politique. Alors, je pense que tout ce monde-là doit être invité pour construire une nouvelle nation, une nation démocrate, une nation pour l'espoir et une nation pour l'avenir de notre pays, c'est-à-dire un espoir pour la jeunesse de demain.

Un fichier audio circule sur les réseaux sociaux où l'on vous entend insulter les Anjouanais, comment expliquez-vous cette situation ?

Nous sommes dans un monde à la technologie bien avancée. Aujourd'hui, on peut tout imiter, on peut tout créer, on peut tout coller. Je me suis adressé à la nation... Vous savez que je fais probablement dans pas mal de cas l'objet de certaines critiques, c'est normal pour un homme politique, il est toujours critiqué lorsqu'il prend une décision. J'ai été critiqué lorsque j'ai rencontré Azali, j'ai été critiqué lorsque nous avons participé, comment dirais-je, à la Commission, à la Céni, etc... Mais cette fois-ci, j'ai pris l'occasion de m'adresser à la nation... je l'ai fait, j'ai bien expliqué, j'ai dit à tous les citoyens comoriens de garder le calme, de rester sereins, de savoir que nous sommes dans une période électorale, que tous les coups sont permis pour affaiblir l'adversaire. Alors je sais qu'aujourd'hui j'ai plus d'adversaires, notamment je fais face au pouvoir et à d'autres personnes. Nous sommes cinq candidats de l'opposition, je ne dis pas que nous sommes liés parce que nous sommes tous candidats de l'opposition, chacun cherche à gagner des élections. Je ne sais pas d'où vient ce coup, mais vous savez aussi que lorsque j'étais gouverneur, j'ai été le seul gouverneur qui a accepté dans son cabinet de recruter des Comoriens d'origine anjouanaise, des Comoriens d'origine mohélienne, cela n'a pas été fait par mon collègue d'Anjouan, cela n'a pas été fait par mon collègue de Mohéli. Quand j'organisais les concours pour les différentes bourses que je gagnais, en Côte d'Ivoire, au Soudan, etc., ça a été ouvert à tous les Comoriens. Ça n'a jamais été une question de Comoriens originaire de la Grande Comore etc. Je faisais des opérations avec des fournitures scolaires, etc. Donc ce n'est pas moi qui aurais insulté le Mohélien ou l'Anjouanais. Tout ça, ce sont des manipulations, des manipulations pour affaiblir un candidat qui se voit aujourd'hui très fort sur le terrain et qui espère que cette fois-ci ce sera la bonne.

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