Dakar — Le secrétaire général national du Syndicat des enseignants libres du Sénégal authentique (SELS/A) préconise que l'enseignement des mathématiques au primaire soit renforcé par des outils didactiques et techniques qui permettraient d'aller au-delà de l'aspect théorique de cette discipline.
»Il ne suffit pas de théoriser l'excellence, les enseignements scientifiques, technologiques et mathématiques, mais il faut que cela soit accompagné de matériels didactiques appropriés », a déclaré Hamidou Diédhiou dans un entretien avec l'APS.
L'enseignant et syndicaliste a pointé une difficulté dans la mise en oeuvre du Projet d'amélioration de l'enseignement des mathématiques à l'élémentaire (PAAME), liée à une adhésion « très faible de la population ».
»Parents comme élèves ont des préjugés sur les mathématiques qu'ils considèrent difficiles, alors que ce n'est pas le cas", dit-il, ajoutant que cette situation se traduit par « une sorte d'hésitation ».
De sorte qu'à partir de la classe de seconde au lycée, et souvent dès le premier semestre, les parents ont tendance à vouloir orienter leurs enfants vers les matières littéraires si leurs notes ne sont pas bonnes dans cette matière, pour disent-ils qu'ils ne perdent pas leur temps ou ne redoublent pas.
Il faut beaucoup communiquer à ce sujet, plaide Hamidou Diédhiou, préconisant un dispositif d'accompagnement des établissements et des professeurs afin de créer une émulation devant rendre l'option des mathématiques « attractive » pour les élèves d'abord, afin que ensuite pour que les parents acceptent d'orienter leurs enfants vers les mathématiques.
Le Projet d'amélioration de l'enseignement des mathématiques à l'élémentaire est une initiative qui est à saluer, car »le monde évolue dans tout ce qui est technologie, il y a une évolution à tout point de vue. Ce sont des disciplines comme les mathématiques qui vont permettre de tirer le Sénégal vers l'émergence », a relevé Hamidou Diédhiou.
Aussi orienter l'enseignement vers ces disciplines « ne signifie nous ramener à l'élitisme », tranche-t-il. « Il ne s'agit pas de faire en sorte que les meilleurs continuent à rester les meilleurs et à caracoler au sommet en oubliant ou en laissant de côté les moins performants », a fait valoir le syndicaliste.
« Il doit y avoir une sorte de discrimination positive, une sorte d'équité dans le management de cette option. L'équité, c'est faire en sorte que toutes les couches - les meilleurs, les moyens bons, les pas du tout bons -, que tout le monde puisse bénéficier de cette option du gouvernement », a préconisé l'enseignant.
« Cela va non seulement permettre de régler le problème de l'équité dans le pays et d'augmenter le nombre de scientifiques dans le pays, mais aussi de donner beaucoup plus de chances à ceux qui doivent sortir du lot pour devenir ingénieurs, électriciens, entre autres ».
Hamidou Diédhiou salue la création des lycées d'excellence. »Mais ces lycées ne doivent pas continuer de favoriser davantage les excellents et laisser sur les carreaux les moyens bons ». « Il faut qu'on soit très vigilants dans cette option-là pour ne pas avoir l'effet contraire », a-t-il conclu.