Afrique: Passage au budget-programme - Des défis à relever pour les six ministères pilotes

Les ministères de l'Économie et des Finances, du Budget et du Portefeuille public, des Transports, de l'Économie forestière, du Développement industriel, de la Réforme de l'État ont basculé dès ce 1er janvier au mode budget-programme axé sur les performances pendant une durée supérieure à un an. Le passage à ce nouveau mode de gestion budgétaire est une décision politique qu'assume le gouvernement congolais dans sa quête de résultats et de transparence.

Les départements ministériels pilotes vont devoir relever le défi de la planification des dépenses, en lien avec les directives de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac) en matière de gestion des finances publiques. Chacun des ministères sélectionnés s'est déjà doté des documents stratégiques posant les bases d'un budget de programmation avec ses principes et mécanismes de suivi-évaluation.

Le budget de programmation repose essentiellement sur la culture de performance, de transparence et de redevabilité, ce à quoi devront s'investir les cadres ministériels. Il place, en effet, le dirigeant au centre des actions publiques, c'est-à-dire par la maîtrise des chantiers publics, le suivi-évaluation des projets d'investissement ainsi que la reddition de comptes. D'après les experts, la mise en oeuvre de ce budget-programme présente des enjeux importants concernant la rénovation de la fonction budgétaire et la réforme de l'organisation administrative.

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Au cours de l'atelier consacré à l'élaboration des documents stratégiques du ministère de l'Économie et des Finances, en août 2023, les participants ont insisté sur la question de contrôles budgétaires et de reddition des comptes. La première mesure se caractérise par un contrôle a priori allégé et un contrôle a posteriori renforcé incluant un contrôle de performance. Quant à la seconde mesure, insiste-t-on, la reddition des comptes permet d'assurer la qualité des procédures comptables et des comptes, la transparence et la performance dans l'exécution des politiques publiques.

À en croire le ministre de l'Économie et des Finances, Jean Baptiste Ondaye, le mécanisme de suivi-évaluation contribuera à renforcer la notion de redevabilité envers le peuple et servira à l'atteinte des objectifs assignés. Il s'est montré rassurant quant au niveau de préparation des administrations concernées. « Le premier document porte sur l'articulation qui existe entre les différents documents que nous venons de valider et le Projet de société du chef de l'État, le plan d'action du gouvernement, notamment les douze batailles, et le Plan national de développement 2022-2026 », a-t- il assuré.

En dépit de l'optimisme affiché par les autorités, les experts ont émis des réserves quant à l'efficacité d'une réforme ne s'appuyant que sur six départements ministériels sur les trente-huit que compte l'exécutif congolais. Ils ont aussi souligné la capacité de l'État à relever le défi, par exemple, à combler le gap de financement estimé à près de 100 milliards francs CFA. D'autres inquiétudes des experts portent sur les risques d'un relâchement au sein de l'administration publique, l'inertie fonctionnelle, la méfiance, la crainte de sortir de sa zone de confort, voire le boycott.

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