Comores: Les priorités du candidat Aboudou Soefo, leader du mouvement Tsasi

Le candidat comorien Aboudou Soefo dans son quartier général, au sud de Moroni. (photo d'archives)
interview

La lutte contre l'inflation par le biais de la mise en place de filets sociaux, notamment à travers une assurance maladie généralisée, figure parmi les priorités du candidat Aboudou Soefo. L'ancien ministre des Affaires étrangères et leader du mouvement Tsasi appelle également les candidats de l'opposition à se mobiliser pour des élections libres et transparentes avant d'éventuellement envisager une candidature unique contre Azali Assoumani.

RFI : Vous êtes candidat à cette élection, pourquoi ce choix ?

Aboudou Soefo : C'est dans la logique des choses, puisque m'étant investi dans la politique depuis des années - plus d'une quarantaine d'années ici au pays, sans oublier les quelques dizaines d'années à l'extérieur - c'est tout à fait normal, dans la mesure où Dieu m'a prêté vie jusqu'à maintenant, de poursuivre le combat, surtout dans la mesure où le pays va mal.

Quelles sont les deux priorités de votre programme ?

C'est la lutte contre la vie chère. En ce moment, la perception, il faut bien l'expliquer puisque la lutte contre la vie chère ici ne signifie pas seulement juguler l'inflation, en quelque sorte, non, puisque la vie chère ici doit être vue sous l'angle du portefeuille de la ménagère qui est, effectivement, érodé par la hausse incessante des prix mais également par le fait que les filets qu'on trouve ailleurs, notamment sur le plan social, c'est-à-dire la sécurité sociale, la sécurité maladie, qui atténuent les charges des ménages sur le plan des soins, la situation de la démocratisation de l'enseignement qui périclite au profit de l'enseignement privé, tous ces aspects-là, effectivement, entrent en jeu quand on veut apprécier réellement la lutte contre la vie chère.

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Et pour justement lutter contre cette vie chère, quelle sera votre première mesure une fois élu ?

Il va falloir donc agir effectivement sur les taxes douanières, les abaisser, c'est un fait, mais également agir aussi et surtout contre la spéculation. Ici la spéculation est trop forte, on se lève le matin et on dit que le sucre manque, que la farine manque, la plupart du temps, ce n'est pas vrai, mais c'est seulement des dispositions spéculatives que prennent des commerçants, aussi bien les petits que les grands. Il va falloir prendre des dispositions fortes de la part du gouvernement et de l'île pour contrer réellement cette spéculation quotidienne. Il y a la nécessité absolue d'opérationnaliser rapidement l'assurance maladie généralisée pour permettre d'atténuer effectivement les charges des ménages sur le plan des soins, c'est-à-dire d'arriver à la santé universelle dans notre pays dès janvier 2025, et la question des soins d'urgence, et la question des accouchements dans des établissements publics et communautaires, et la question des soins pour les enfants de moins de cinq ans, tout ça sera gratuit.

Un des candidats de l'opposition, un de vos adversaires donc, propose une candidature unique contre le président Azali Assoumani, quel est votre avis sur ce sujet ?

La priorité, actuellement, par rapport à ces élections en cours, ce n'est pas tellement la candidature unique. Si on veut évoluer dans ce sens, je ne m'y oppose pas. Mais moi, j'estime que la priorité des priorités c'est que les candidats qui s'opposent au candidat du pouvoir se mettent en mouvement réellement pour imposer des élections véritablement acceptables, démocratiques, et non celles qui sont en préparation à l'heure actuelle, où nos électeurs subissent des menaces au quotidien, où les différents organes sont entre les mains du pouvoir, ils placent ceux qu'ils veulent dans les bureaux de vote, à la Cour suprême et à la Céni. Nous devons batailler, nous ne voulons pas accepter cela. Nous devons nous unir fortement pour régler cette affaire pour imposer des élections égalitaires avec des organes dans lesquels la participation est paritaire. C'est seulement ainsi qu'on aura des scrutins propres, des scrutins réellement acceptables dans leur déroulement.

Êtes-vous satisfait des rapports entre la France et les Comores ?

Pas tellement. Je crois que la France rate chaque fois son rendez-vous avec les Comores. Elle le rate par rapport à la question de Mayotte, elle le rate par rapport au régime en place dans notre pays. On a du mal à croire que la France des droits de l'Homme puisse se complaire dans un système, d'un régime qui piétine les libertés élémentaires, qui tripatouille au quotidien les institutions. On a du mal, nous autres, à accepter que la France puisse laisser faire de tels régimes sans réagir. Ces valeurs-là ne sont pas les valeurs défendues par les idées qui ont fait de la France sa grandeur.

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