Les autorités de transition intentent une action en justice contre le parti Sadi (Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance). En cause : un message posté sur les réseaux sociaux en novembre par son président, Oumar Mariko, figure historique de la vie politique malienne actuellement en exil.
Dans ce message, Oumar Mariko dénonce entre autre les «crimes de guerre», la guerre menée par les autorités de transition contre les rebelles du CSP (cadre stratégique permanent). En cause également, une lettre adressée, toujours en novembre, et toujours par Oumar Mariko, au Président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, pour lui demander de cesser de vendre des drones au Mali. Le gouvernement malien considère que ces propos d'Oumar Mariko portent « atteinte au crédit des institutions » et intente donc une action en justice afin de dissoudre le parti Sadi. Oumar Mariko a été joint par David Baché.
« La logique actuelle au Mali, c'est "tais-toi ou tu sors'" ou '"tais-toi ou tu t'en vas en prison". Les autorités sur place veulent faire d'Oumar Mariko et du parti Sadi une bouchée, nous avaler tous ensemble. Concernant mes propos, j'ai le droit de revendiquer la paix et la justice pour mon pays. Ils veulent essayer de me faire taire définitivement. Ils ne veulent pas que je dise que la guerre au Nord était une guerre inutile. Sans remettre en cause l'accord de paix officiellement, ils se sont engagés dans une guerre. Donc le fait que je prône la paix, que je montre qu'il est possible de faire la paix sans aller à cette guerre-là, ça les dérange. Et puisqu'ils ont un agenda politique caché, alors mon intervention dérange cet agenda politique. »
Oumar Mariko est en exil depuis le printemps 2022. Il avait fui le Mali, craignant pour sa vie après avoir tenu des propos sur les accusations d'exactions visant l'armée malienne. Il assure que, dans ce contexte, c'est en son nom propre qu'il s'exprime et que ces propos ne doivent pas engager tout son parti, dans la direction est assumée par d'autres responsables restés dans le pays. Oumar Mariko est une figure bien connue du paysage politique malien : il faisait déjà partie du mouvement de contestation qui avait mis fin au régime militaire du général Moussa Traoré en 1991 et a créé le Sadi en 1996. Désormais menacé de dissolution, le parti revendique actuellement une quinzaine de municipalités et plusieurs centaines de conseillers municipaux dans le pays, ainsi que des députés élus à l'Assemblée nationale malienne sans interruption depuis 2002. En dehors de la période de transition actuelle, l'Assemblée ayant été remplacée par un Conseil national de transition.
Après le PSDA, dont la dissolution a été prononcée en juin dernier -le parti a déposé un recours-, le Sadi est le second parti pris pour cible par le gouvernement malien de transition dans le cadre d'une démarche judiciaire. Le mois dernier, c'est une organisation de la société civile, l'Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali, qui était dissout en Conseil des ministres.