Afrique: Voir ou revoir - « Au cimetière de la pellicule » de Thierno Souleymane Diallo

Mi documentaire-mi fiction sorti en 2023, « Au cimetière de la pellicule » invite le spectateur à plonger dans l'histoire du cinéma de l'Afrique francophone.

Le long métrage met en avant Thierno Souleymane Diallo lui-même, dans la peau d'un jeune cinéaste guinéen, à la recherche d'un film disparu : "Mouramani", un court métrage de vingt-trois minutes, tourné en France en 1953 par Mamadou Touré et qui passe pour être le premier film africain. Sa quête est l'occasion d'un voyage à travers la Guinée, à la campagne comme en ville, et jusqu'en France. Thierno y montre que le cinéma guinéen, qui fut jadis prospère, n'est plus qu'un champ de ruines. Concurrencées par les cassettes vidéo, DVD et l'avènement du numérique, les salles de cinéma sont désormais l'ombre d'elles-mêmes. A cela s'ajoute le manque de subvention publique pour soutenir cette industrie sur le plan local.

Pendant très longtemps, "Afrique-Sur-Seine" (1955) de Mamadou Sarr a été peut-être considéré « à tort » comme étant le premier film d'Afrique noire. « Mouramani », lui, est un film mystérieux que personne n'a vu et rares sont ceux à en avoir entendu parler. Pourtant, ce n'est pas n'importe quel film puisqu'il s'agit là du premier film réalisé par un cinéaste d'Afrique francophone noire et accessoirement, le tout premier film du cinéma guinéen.

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La quête sur toute trace en lien avec « Mouramani » est aussi l'occasion pour Thierno Souleymane Diallo de faire une introspection sur son pays (ex-colonie française) et sur la situation préoccupante du cinéma guinéen. On y découvre alors, à travers ce documentaire d'environ 1h 30 min, que le pays était à la pointe en matière de création audiovisuelle dans la période des indépendances en Afrique, mais malheureusement, la guerre de 1970 a occasionné son recul et c'est l'ensemble de la filière cinématographique qui tombera, avec elle, des centaines de bobines jamais archivées et/ou protégées.

Ecrit et réalisé par Thierno Souleymane Diallo, « Au cimetière de la pellicule » maintient le suspense mais l'intérêt est plus large. L'autre triste constat est que le cinéma local en salle disparaît peu à peu en Afrique. Il est majoritairement écrasé par les oeuvres d'ailleurs.

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