Gabon: Discours de Brice Clotaire Oligui Nguema - 2024, une année de réflexion et d'espoir

Après le coup d'Etat du 30 août et son discours lors de sa prestation de serment en septembre 2023, le président de la Transition et Chef de l'Etat, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema était face au peuple gabonais, ce 31 décembre 2023. L'occasion de s'adresser à la population dans un discours empreint de sincérité et d'espoir.

Assis sur son bureau et face caméra, l'exercice semble presque anodin. Pourtant, il s'agit du premier discours de fin d'année du Président de la Transition, depuis le coup d'Etat d'août 2023. Quelques livres soigneusement rangés et juste à côte, la Charte de la Transition assez visible pour rappeler à tous le contexte politique du pays. Le discours est sobre, l'année 2023 s'achève et laisse place à 2024, une année de réflexion et d'espoir.

Le regard fixé vers la caméra, les premiers mots de Brice Clotaire Oligui sont adressés à Dieu, car « c'est par lui que le Gabon, notre chère patrie, existe et surmonte quotidiennement les obstacles de notre ère », précise-t-il. Comme une ode à la justice divine, le nouveau patron du bord de mer invite les citoyens à « s'inspirer des saintes écritures, qui prônent l'amour, l'unité et la paix entre les filles et fils d'une même nation ». À l'heure où la Transition amorce sa première année civile, il apparaît opportun de mettre le divin au centre de ce processus, tantôt compris, tantôt incompris par une frange de la population.

De la Transition aux réformes structurelles

« L'année 2023 qui s'achève a été une année charnière dans notre marche vers la félicité d'un Gabon nouveau », rappelle le président de la Transition. Une année qui a vu le Gabon se libérer du clan Bongo et conduit à une prise de responsabilité des militaires face à une énième forfaiture. Pour marquer les esprits, Brice Clotaire Oligui énumère les différentes réformes structurelles engagées dans les secteurs qui facilitent l'accès à l'éducation, à la formation et à la santé.

Sur le terrain, l'instruction donnée au ministère du pétrole et du gaz s'est déjà matérialisée. Le prix du gaz en République gabonaise a été revu à la baisse depuis ce 1er janvier 2024, passant 5 950 fcfa à 4 950 fcfa, soit une réduction de 1 000 fcfa. Preuve que la volonté de mieux faire, qu'en 14 ans du règne d'Ali Bongo, a conduit le CTRI à engager aussi des mesures visant à lutter contre la corruption qui gangrène la société gabonaise.

Motif d'autosatisfaction ou bilan à mi-parcours ?

Alors que le pays est encore exposé à certaines sanctions, le coup d'État ne lui a pas fait perdre sa crédibilité auprès des bailleurs. En s'adressant aux Gabonais, le Chef de l'État n'a pas cessé d'égrener les quelques réalisations notables de ses 4 mois de gestion, un motif d'autosatisfaction. Gel et dégel des recrutements à la fonction publique, en passant par la réfection de certaines voies, le CTRI s'est donné le libre-arbitre de conduire cette Transition. Ce qui apparaît comme un simple bilan à mi-parcours est minutieusement accompagné de chiffre pour en mesurer l'impact en si peu de temps. Brice Clotaire Oligui précise qu' « À ce jour, ce sont 421 km de route qui ont été revêtus en bitume, en béton bitumineux et en pavé. En seulement 4 mois, nous avons mis à disposition 8 900 postes budgétaires au profit des enseignants, des personnels de santé, des professionnels de médias publics et des forces de défense et de sécurité. ».

Pour le président de la Transition, l'époque des discours propagandistes de l'ex président Ali Bongo semble révolu. L'heure est au pragmatisme et au patriotisme.

L'objectif reste le même : la restauration des Institutions

« Nous ne pouvons pas tout faire dans les 100 premiers jours, ni dans les 1000 premiers, ni même pendant toute la durée de la Transition », s'est-il exprimé en répondant insidieusement aux détracteurs de cette gestion militaire, qui l'accuse de vouloir tout faire en deux ans et de s'éloigner de son objectif : celui de la restauration des institutions. La réponse du Chef à cette rumeur sur la restitution des Institutions désormais transformée en véritable projet de société qui devrait prendre fin en août 2025, date de la prochaine élection présidentielle. Pour le CTRI, la conduite des affaires courantes de l'État ne doit pas nous éloigner de son objectif principal. Il entend poursuivre, à l'issue des contributions citoyennes, l'organisation du dialogue national et la nouvelle Constitution, qui sera élaborée par la Constituante et adoptée par voie référendaire.

Le discours est déjà historique : c'est la première fois qu'on a un visage autre que celui d'un Bongo un 31 décembre derrière le petit écran. Le Général multiplie les annonces comme celle sur la création d'une compagnie aérienne nationale, le rachat de la compagnie pétrolière Assala, le lancement, d'ici février, du paiement des rappels des pensions des retraités, bref une vaste opération de séduction avec une dose de pragmatisme et de réalisme.

En presque 15 minutes, le président de la Transition a fait monter les audiences du média Gabon24, hébergé au sein de la Présidence. Et pour clore le tout, il rappelle aux Gabonais que « Notre combat fondamental est de consolider notre vivre-ensemble, et cela passe résolument par un changement de paradigme. Pensons Gabon d'abord, pensons à la communauté et à ceux qui nous rassemblent, avant de vouloir pour nos intérêts. »

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