Gabon: Bourses des élèves à partir d'une moyenne de 10/20 - C'est possible. Explications

Depuis hier, l'actualité est quelque peu bousculée par l'annonce de l'octroi des bourses aux élèves ayant uniquement obtenu 12/20 au premier cycle et 11/20 au second. Le Gouvernement soutiendrait sa décision par la nécessité de promouvoir l'excellence. Soit.

Une certaine opinion crie déjà à un rétropédalage ou à une promesse non tenue par le Président de la Transition. C'est pourquoi nous ne cessons de dénoncer le populisme de ceux qui rédigent ses discours, et leur « kounabélisme » qui finit aujourd'hui par les rattraper.

Simplement parce que les chargés de la communication de la Présidence de la République et du Gouvernement ont remplacé la prudence et les exigences de la communication institutionnelle par une communication populiste, électoraliste et même événementielle.

Pour avoir déjà subi malgré nous une procédure similaire lorsque nous étions au cabinet du ministre de l'Enseignement supérieur, je reste convaincu que cette décision n'a pas fait l'unanimité au sein du pouvoir Exécutif.

Pour la petite histoire, notre cabinet avait soumis en Conseil des ministres l'octroi de la bourse au supérieur sous la condition d'obtenir une moyenne égale ou supérieure à 10/20. Mais, grande avait été notre surprise lorsque le communiqué final du Conseil des ministres annonçait l'exigence d'une moyenne égale ou supérieure à 12/20 en parlant, comme aujourd'hui, de promotion de l'Excellence.

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Le comble : c'est moi qu'on avait envoyé en sacrifice dans les médias pour défendre une décision qui avait été unilatéralement prise par la Présidence de la République contre l'orientation du cabinet du ministre. Solidarité gouvernementale obligeant, je me suis tu et j'ai assumé mon mauvais rôle de l'époque.

Voici la réalité de la chose politique que le grand public ne voit pas.

MANQUE DE VOLONTÉ POLITIQUE ?

Notre conviction : tout dépend de la volonté politique. Prenons l'exemple du Sénégal qui accueille chaque année de nombreux étudiants Gabonais.

Le budget de l'État pour l'exercice 2024 au Sénégal consacre près de 1000 milliards de FCFA à l'Éducation nationale. Soit 1/7 d'un budget global voté à 7000 milliards de FCFA en décembre dernier.

Une dotation conforme à l'Agenda 2030 de l'UNESCO qui invite les États à consacrer entre 15 et 20% des dépenses publiques à l'Éducation.

Notre pays est loin de cette ambition. Sinon, on aurait vu nos députés et sénateurs exiger une dotation d'au moins 500 milliards de FCFA pour le secteur éducatif. Puisque le budget pour l'année 2024 au Gabon a été voté à plus de 4100 milliards de FCFA. Un nouveau record pour notre pays.

Mieux, je n'ai pas encore consulté les annexes de cette loi des finances 2024 pour recueillir le niveau des dépenses de la Présidence de la République. Nous sommes sûrs qu'en réduisant ces dépenses de la Présidence de la République et en supprimant certaines institutions en cette période de Transition, à l'exemple du Conseil Économique, Social et environnemental, on ferait des économies capables de renforcer le secteur éducatif et, donc, de couvrir le paiement des bourses de tous les élèves obtenant à une moyenne égale ou supérieure à 10/20.

Parce qu'au-delà de la promotion de l'excellence que nous exigeons tous, la bourse a aussi un caractère social. Que le Gouvernement ne n'oublie pas.

Je rappelle au passage que c'est l'actuel ministre des comptes publics qui dénonçait à l'époque l'augmentation exponentielle du budget de la Présidence de la République. Il se questionnait à juste titre sur les raisons qui ont fait passer ce budget de 23 milliards en 2008 à plus de 200 milliards de FCFA en 2014. J'espère qu'en lisant l'annexe de la loi des finances 2024 qui contient sa signature, nous retrouverons l'impact et, surtout, la mise en pratique de ses critiques d'hier. A moins que l'exercice des fonctions publiques et politiques nous conduise à découvrir une réalité qui nous impose davantage de recul.

Que le Président de la Transition qui s'entoure d'une multitude d'anciens collaborateurs d'Ali Bongo Ondimba comprenne enfin pourquoi nous sommes opposés à cette manière de faire avant d'avoir rendu justice à la Nation sur leur piètre gouvernance d'hier par le biais d'une commission « Vérité, justice et réconciliation ».

Qu'il voie comment la précipitation contenue dans leurs conseils l'emmène à commettre des rétropédalages et les mêmes erreurs d'appréciation qui ont nourri l'arrogance et la chute d'un Ali Bongo Ondimba que d'ailleurs une majorité de ces « kounabélistes » renie aujourd'hui.

C'est avant la rentrée des classes qu'il fallait préciser les conditions d'obtention de la bourse à 12/20 et 11/20. Ne faites pas comme le Centre Gabonais des Élections (CGE) que vous avez dénoncé le 30 août 2023. Puisque ce CGE avait changé les règles du jeu alors que la compétition était déjà lancée.

A bon entendeur.

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