La famille de Cheikhou Omar Niasse, Mame Cheikh Omar comme l'appelaient ses disciples et proches, va célébrer le 5 janvier prochain, le 58e anniversaire de sa disparition, en 1966. Cet événement sera marqué, cette année, par des séances de récital du Saint Coran, de conférence religieuse et de recueillement auprès du tombeau de cet illustre homme de Dieu, enseignant émérite, maître en langue arabe, qui a marqué son époque à la fin du 19e et début 20e siècle.
Quatrième fils d'El Hadji Abdoulaye Niasse, derrière Mame Khalifa Niasse, El Hadji Babacar Niasse et Mame Alioune Aminata Niasse, Cheikhou Omar Niasse a très tôt maîtrisé les sciences islamiques avant même de terminer l'apprentissage du Saint Coran. Un miracle pour certains et une compétence tout à fait normal pour d'autres qui maîtrisaient son école de formation et la dimension intellectuelle de son maître qui n'est autre que son propre père, Mame Aladji Abdoulaye.
Mais quoi que l'on puisse raconter à son sujet, Cheikhou Omar Niasse a très tôt commencé à enseigner le Coran et dispenser des cours en sciences islamiques, au vivant de son père El Hadji Abdoulaye Niasse. Et pendant de longues années, il s'est acquitté de cette mission, pour aider son père à accroître la connaissance de ses apprenants dont la plupart lui était confiée. Ce qui lui a valu une large réputation, notamment son savoir, partout au Sénégal, dans la sous-région et dans beaucoup de pays africains.
Un jour, un visiteur qui avait entendu parler de lui est venu le rencontrer et échanger avec lui. Mais, lorsqu'il a vu en face de lui un garçon qui n'avait même pas atteint l'âge de la puberté, il a aussitôt demandé à son guide est-ce qu'il ne s'est pas trompé de personne, car Cheikhou Omar Niasse dont il parlait ne devait pas avoir un pareil âge, mais doit être plus mature que ce jeune garçon. Pourtant, à cette époque-là, alors qu'il venait tout juste de souffler ses 17 bougies, il maîtrisait déjà le « Fikh" (loi islamique ou jurisprudence) le « Nahu » (grammaire arabe), le « Balakha » (rhétorique), le « Bayane » ou (exposé en langue arabe).
A chaque fois que son père s'absente, pour un quelconque besoin, il prenait la garde des apprenants et a poursuivi cette dynamique de soumission jusqu'à son déploiement dans le village de Kossi où il a vu le jour quelques années auparavant. Déjà, au début du 20e siècle son enseignement a transcendé les frontières. Et beaucoup de personnes à travers le Sénégal et l'Afrique sont passées par son «école». Parmi elles, Cheikh Omar Touré de la Gambie, Alioune Sakho et Modou Niang du Djoloff, Abdou Djiba, Mbaye Djiba et d'éminents autres intellectuels répartis un peu partout dans le monde.
Au décès de son père, El Hadji Abdoulaye Niasse, en 1922, Cheikhou Omar Niasse s'est exilé dans le village Mbitéyène Keur Abdou où il est resté pendant six (6) ans (1923/1929). Dans ce village où il pratiquait l'agriculture, en dehors de ses activités pédagogiques, son séjour s'est estompé à cause d'un incendie qui ravagea tous ses biens, même les ouvrages dont il se servait pour l'enseignement. C'est après cette catastrophe qu'il a migré vers le village de Diawara Alkaly. Une contrée située à l'Ouest de Nioro et où son oeuvre a explosé, pour la première fois de sa vie.
Mame Cheikhou Omar Niasse arriva ainsi à confirmer tout le bien et le potentiel qu'on pouvait attendre d'un homme de Dieu. Il réussit alors à inaugurer l'ère de l'exégèse du Coran et célébrer le Maouloud (nuit de la naissance du Prophète Muhammad - PSL). Durant son séjour, il s'est aussi évertué à former certains guides religieux, en l'occurrence Ibrahima Khouredia Ka, le fondateur du village de Miname, Mouhamadou Lamine Loum du village de Mbitéyène Bagana, El Hadji Babou Niang de Niaguène, entre autres. Son séjour à Diawara Alkaly s'est ainsi poursuivi jusqu'en 1944, date à laquelle il décida de retourner définitivement poursuivre ses oeuvres dans le quartier de Léona Niassène, à Kaolack.
Au-delà de l'aspect religieux et les besoins de se souvenir d'un grand serviteur de l'Islam et la « Tarikha Al Tidianya », la ziarra annuelle que sa famille, ses disciples et anciens élèves organisent chaque année en son honneur est aussi un moment opportun et privilégié pour enseigner aux nouvelles générations les vertus de cet homme qui a marqué l'histoire religieuse du Sénégal, entre le 19e et le 20e siècle.