Le Conseil constitutionnel du Sénégal rejette la candidature à la présidentielle du 25 février de l'opposant emprisonné Ousmane Sonko.
C'est l'épilogue d'un bras de fer avec l'Etat qui a tenu en haleine tout le pays. Les affaires judiciaires d'Ousmane Sonko, figure de l'opposition et très populaire auprès de la jeunesse, ont crispé la vie politique sénégalaise depuis 2021 et donné lieu à plusieurs épisodes de troubles meurtriers.
La juridiction suprême a argué que le dossier de l'opposant était incomplet, a indiqué à la presse son avocat Me Ciré Clédor Ly, ce vendredi 5 janvier. "Lorsque nous sommes entrés, le président (du Conseil) Badio Camara nous a immédiatement notifié que le dossier (d'Ousmane Sonko) était incomplet", a-t-il dit, sans préciser la pièce manquante.
L'administration sénégalaise avait refusé de remettre à l'opposant tous les documents nécessaires à sa candidature, au motif de sa radiation, selon elle, des listes électorales après une condamnation en juin dans une affaire de moeurs. Mais son équipe avait malgré tout déposé son dossier de candidature devant le Conseil constitutionnel.
Selon la télévision du Pastef, le parti d'Ousmane Sonko, le dossier est incomplet pour défaut d'attestation de la Caisse de dépôts et des consignations (CDC) où doit être déposée la caution de 30 millions de Fcfa (45.000 euros) exigée pour la présidentielle.
Les partisans de Sonko voulaient y croire
Cette décision du Conseil constitutionnel intervient alors que la Cour suprême sénégalaise a confirmé, dans la nuit de jeudi à vendredi, la condamnation de l'opposant à six mois de prison avec sursis pour diffamation.
Cette décision avait déjà largement compromis l'éligibilité d'Ousmane Sonko, même si les supporters d'Ousmane Sonko rencontrés par la DW ce vendredi à Dakar voulaient encore y croire."Il ne peut pas être écarté comme cela", expliquait Pauline, pour qui Ousmane Sonko "est l'espoir de la jeunesse". Pour Alimou Barro, membre fondateur du Pastef, il est "le seul leader charismatique au Sénégal".
Le camp Sonko avait retrouvé l'espoir en une candidature de leur chef de file après qu'un juge a ordonné mi-décembre sa réinscription sur les listes électorales, confirmant une décision rendue en octobre par le tribunal de Ziguinchor (Sud) qui avait été cassée par la Cour suprême.