Dakar — Le dossier de candidature à l'élection présidentielle du 25 février prochain d'Ousmane Sonko a été déclaré "incomplet" et classé sans suite par le Conseil constitutionnel, a annoncé, vendredi, à Dakar, le mandataire de l'opposant, Me Ciré Clédor Ly.
"Lorsque nous sommes entrés [au siège du Conseil constitutionnel], le président Mamadou Badio Camara [de ladite institution] nous a immédiatement notifié le fait que le dossier était incomplet", a déclaré Me Ly.
"Cela veut dire que le dossier a été ouvert et exploité à l'absence du mandataire et représentant d'Ousmane Sonko, ce qui est une violation flagrante de la loi", a-t-il soutenu devant les journalistes.
Ciré Clédor Ly affirme que le dossier de candidature de M. Sonko a été examiné sans la présence du candidat, ni celle de son mandataire. "La commission [de contrôle des parrainages, logée au siège du Conseil constitutionnel] a décidé que le dossier était incomplet. Cette commission était donc dans une composition irrégulière parce que la loi prévoit que cette vérification se fasse en présence du candidat ou de son mandataire ou représentant", a argué Me Ly.
"Donc, il est clair que la cascade de violations de la loi ne s'arrête pas. Il y a une volonté d'aller vers une élection qui, dès le départ, manque de transparence et [...] ne reflètera pas la volonté de la nation", a fustigé le mandataire d'Ousmane Sonko.
"C'est une farce électorale qui a été organisée et continue d'être organisée", a-t-il ajouté.
Ciré Clédor Ly annonce vouloir déposer des recours auprès du Conseil constitutionnel et de la commission de contrôle des parrainages des candidats. "Nous déposerons les recours prévus par la loi et resterons dans la légalité", a-t-il dit.
"Tout le monde constate que le processus électoral manque de transparence [...] Tout est opaque. Les candidats ne peuvent même pas savoir s'ils ont le bon fichier électoral ou pas", a martelé l'avocat.
Diffamation et injures publiques
Ce vendredi, la Cour suprême a confirmé la condamnation d'Ousmane Sonko à six mois de prison avec sursis pour diffamation à l'encontre de Mame Mbaye Niang, le ministre du Tourisme et des Loisirs.
Selon les avocats des deux parties, la décision de la haute juridiction rend l'opposant inéligible au scrutin présidentiel du 25 février.
La Cour suprême examinait le pourvoi en cassation introduit par les avocats de M. Sonko à la suite de sa condamnation par la cour d'appel de Dakar à six mois de prison avec sursis pour diffamation et injures publiques.
Le leader de Pastef-Les patriotes, un parti politique dissous par le président de la République, avait été jugé en appel, le 8 mai dernier, dans cette affaire l'opposant au ministre du Tourisme et des Loisirs.
Il a accusé Mame Mbaye Niang d'avoir été épinglé par un rapport de l'Inspection générale des finances pour la manière dont l'actuel ministre a géré un programme public destiné à créer des milliers d'emplois agricoles, qu'il dirigeait il y a quelques années.
La Cour suprême a confirmé aussi la condamnation de M. Sonko en première instance à verser des dommages et intérêts de 200 millions de francs CFA au ministre.
En décembre dernier, un juge du tribunal hors classe de Dakar a annulé la radiation d'Ousmane Sonko des listes électorales après l'avoir jugé "illégale", une décision confirmant celle initialement rendue par le tribunal d'instance de Ziguinchor (sud) en faveur de l'opposant.
Huit chefs d'inculpation contre Ousmane Sonko
Le 17 novembre, la Cour suprême a annulé et cassé la décision du tribunal de Ziguinchor favorable à M. Sonko. Le même jour, cette haute juridiction a renvoyé les deux parties devant le tribunal hors classe de Dakar.
Dans cette affaire, les avocats d'Ousmane Sonko réclamaient sa réintégration dans le fichier électoral, sans laquelle sa candidature ne peut pas être recevable.
La Direction générale des élections a refusé de délivrer les fiches et les instruments de collecte de parrainage au mandataire d'Ousmane Sonko en raison, dit-elle, de sa radiation des listes électorales.
La Caisse des dépôts et consignations a également refusé d'encaisser sa caution et de lui délivrer une quittance, une pièce indispensable pour la recevabilité de son dossier de candidature.
Arrêté le 28 juillet, Ousmane Sonko a été inculpé trois jours plus tard de huit chefs d'accusation, dont celui d'appel à l'insurrection.
Il est poursuivi pour association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l'État, complot contre l'autorité de l'État, actes et manoeuvres de nature à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, etc.