En Côte d'Ivoire, la polémique ne s'essouffle pas après la publication d'un rapport de la Cour des comptes pointant de graves anomalies budgétaires dans les comptes de l'État. Concernant les recettes des timbres fiscaux liés au passeport et les droits de recouvrements des cartes nationales d'identité, les ministères de l'Intérieur et du Budget ont publié un communiqué commun pour s'expliquer. Des explications insuffisantes selon des responsables politiques de l'opposition, qui soulèvent de nouvelles questions.
Lors du Conseil des ministres jeudi, le porte-parole du gouvernement s'est contenté de saluer le travail de la Cour des comptes, une institution « capable de juger le travail de l'exécutif » s'est-il réjoui, tout évitant soigneusement de répondre au fond du sujet : la collecte, le lieu d'épargne et l'utilisation des fonds issus des droits de recouvrements des CNI et passeports.
Où est l'argent des timbres fiscaux et comment est-il utilisé ? Les ministères de l'Intérieur et du Budget indiquent qu'« un compte dédié a été ouvert dans une banque », sans préciser le montant des sommes en question, ni le nom de la banque. Ils assurent également que « ce compte est régulièrement alimenté pour le recouvrement de la part fiscale revenant à l'État ». Selon eux, 15 000 francs sur les 40 000 que coûte un passeport, quand la Cour de Compte fixait cette quote-part à 20 000 francs, ajoutant de la confusion à la confusion.
Les ministères, souhaitant répondre à la polémique, notent aussi que « la somme de 792 000 francs mentionnée dans le rapport représente uniquement les droits de demande en ligne, de visa d'entrée en Côte d'Ivoire acquittés par des requérants à leur arrivée à l'aéroport Félix Houphouët-Boigny. »
Une explication qui fait sursauter Mamadou Koulibaly, responsable politique d'opposition et ancien président de l'Assemblée nationale. Il est l'un des premiers à avoir épluché le rapport. « Sur les douze mois de 2022, écrit-il sur le réseau social X, il est arrivé en Côte d'Ivoire, par l'aéroport d'Abidjan, 953 547 passagers commerciaux, parmi lesquels seulement onze auraient payé pour leurs visas sur place ? »
Comme de nombreux internautes, il pointe également les versions - qu'il juge discordantes - entre la SNEDAI, concessionnaire chargé de fabriquer les cartes d'identité et de récolter l'argent, fondé par l'actuel président de l'Assemblée nationale, et les ministères concernés.