En décembre dernier, les rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP) ont décrété un blocus sur Tombouctou et toutes les grandes villes du Nord malien. Un rapport d'une initiative commune aux acteurs humanitaires et aux Nations unies, publié jeudi 4 janvier, dévoile les lourdes conséquences de ce blocus sur les marchés de Tombouctou.
La ville et la région de Tombouctou sont visées par un blocus depuis le 8 août dernier. Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim, son acronyme arabe), lié à al-Qaïda, empêche l'arrivée des camions venant notamment d'Algérie, et restreint également les déplacements sur les routes reliant Tombouctou au sud du pays. Depuis le mois dernier, les rebelles du CSP imposent à leur tour un blocus.
Le rapport de Reach, une initiative commune aux acteurs humanitaires et aux Nations unies, publié le 4 janvier, se fonde sur les témoignages de plusieurs dizaines d'habitants, élus, commerçants, grossistes et transporteurs de Tombouctou. Les entretiens ont été réalisés à la fin du mois de novembre dernier. Il en ressort que 49% des commerces, près de la moitié, sont actuellement fermés à cause du blocus, c'est-à-dire de l'insécurité et des difficultés d'approvisionnement.
Les complications logistiques pour contourner le blocus - en utilisant des axes différents de ceux habituellement empruntés, en combinant transport routier et fluvial, ou encore en remplaçant des fournisseurs algériens ou mauritaniens par des fournisseurs maliens - impliquent une augmentation des durées et des coûts d'approvisionnement. Aucune pénurie n'est à déplorer, mais les produits disponibles sont donc moins nombreux et plus chers. Notamment la farine, le sucre, le thé ou encore les pâtes. L'approvisionnement en médicaments est également touché.
Le rapport pointe une explosion des prix des biens non alimentaires et des matériaux construction, qui ont augmenté respectivement de 83% et 67%. Outre les marchés de la ville de Tombouctou, les marchés ruraux sont particulièrement affectés.
Dans ce contexte, et alors que les autorités maliennes de transition nient toujours officiellement l'existence de ce blocus, l'armée impose un couvre-feu nocturne, pour mieux sécuriser les populations. Mais les acteurs économiques de Tombouctou déplorent des conséquences sur leurs activités. Parmi les ménages interrogés, certains expliquent enfin avoir dû renoncer à des aliments, réduit les quantités consommées ou encore le nombre des repas des adultes pour privilégier ceux des enfants.