Comores: Le président-candidat Azali Assoumani veut poursuivre son «plan Comores émergent»

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Azali Assoumani Président des Comores
interview

En quête d'une réélection, le président Azali Assoumani compte poursuivre son programme phare : le « plan Comores émergent ». À travers lui, Azali assure rendre opérationnelle l'assurance maladie généralisée. Sur le plan politique, il évoque le cas de l'ancien président Ahmed Abdallah Sambi, condamné à perpétuité dans le cadre de l'affaire de la « citoyenneté économique ».

RFI : Quelle est la motivation de cette candidature ?

Azali Assoumani : Elle est claire, j'ai été désigné par mon parti, qui s'appelle l'AMP. Mais effectivement, depuis 2016, quand j'ai été élu, j'ai lancé un programme que j'appelle le plan Comores émergent (PCE). Je suis ravi d'être désigné pour continuer ce qu'on a lancé depuis ce temps-là, puisqu'à un moment donné, avec le Covid, ça a plombé un peu le système et, maintenant, on doit encore reprendre. Donc, la motivation, c'est qu'on a quelques actes réalisés et il va falloir les renforcer, les fructifier en pensant à léguer aux générations à venir un bon héritage.

Quelles sont les deux priorités de votre programme ?

J'ai beaucoup de priorités. D'abord, c'est la paix, la sécurité et la démocratie, tout passe par là, puisqu'ici nous avons quand même un acquis que les gens oublient. Depuis 2002, le pays a connu cinq alternatives politiques, pacifiques, constitutionnelles. C'est un acquis important qu'il faut renforcer. Donc les priorités, c'est la paix et la sécurité, et renforcer cette démocratie pour qu'effectivement, on puisse aller de l'avant et espérer éviter à ce qu'il n'y ait pas des chutes comme ça se passe dans d'autres pays.

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Quelle sera votre première mesure si vous êtes élu président de la République ?

Je pense que la mesure phare, comme on a dit aller à l'émergence, il faut encourager les gens de venir s'installer ici. Donc, il faut qu'on ait une justice équitable qui fait confiance aux entrepreneurs étrangers ou nationaux, qui sont là, qui effectivement peuvent travailler dans des bonnes conditions. De ce côté-là, il y avait un débat ici sur le comité anti-corruption, donc on a essayé de le revoir et on a voté une nouvelle loi qu'on a passé à l'Assemblée, et maintenant, cette structure va être au sein de la Cour suprême. Donc, il y a ce qu'on appelle une Cour des comptes, et dans celle-ci, on va créer une chambre anticorruption qui va être là justement pour essayer de faire en sorte que les gens puissent travailler. Et puis, de deux, c'est dans le cadre social, l'éducation et la santé. On a une université, on a fêté les 20 ans, on va créer une école doctorale, mais surtout, créer des instituts techniques à même de former les jeunes, de façon à ce que les employeurs qui viennent ici, ils aient une main d'oeuvre qualifiée et moins chère. Et puis, éviter à ces jeunes-là de prendre le risque de prendre la mer pour aller perdre leurs vies ailleurs. Sur le plan santé, on est en train de rénover l'hôpital El-Maarouf qu'on va inaugurer l'année prochaine, et on va créer l'assurance maladie généralisée. Voilà les deux mesures qu'on va prendre sur l'éducation et la santé, de façon à ce qu'aujourd'hui aux Comores, on a estimé que c'est plus de 30 millions d'euros qu'on dépense pour aller faire des soins à l'extérieur.

Au niveau des relations entre Paris et Moroni, comment répondez-vous aux critiques de l'opposition et de la société civile sur la gestion de l'opération Wuambushu ?

C'est peut-être à la France, pas à moi, parce que nous, quand même, on a condamné. Je suis rentré en contact avec les autorités françaises pour leur dire qu'il n'en est pas question. Aujourd'hui, je leur ai dit, si vous parlez de délinquants, à Mayotte, les responsables, c'est vous les Français qui gérez cette île pendant 48 ans. Moi, je suis responsable de ce qui se passe à Moroni, de ce qui se passe à Mohéli, de ce qui se passe à Anjouan. Mais ce qui passe à Mayotte, il y a des gens qui gèrent, donc s'il y a une délinquance, ce sont eux les responsables. Donc, ils ne pouvaient pas être responsables et me prendre comme coupable. Donc, de ce côté-là, on a bien réagi, heureusement, quand même. Mais effectivement, le problème, c'est que tant que Mayotte ne retrouve pas ses îles soeurs, on aura tous des problèmes. C'est pourquoi on a toujours essayé de convaincre la France qu'il faut que ce soit discuté d'un dialogue qui satisfait aux trois parties : la France, nous, mais aussi Mayotte. Donc effectivement, on a mis en place un comité au niveau des Affaires étrangères pour essayer de voir ce problème-là au jour le jour. Malgré ce contentieux quand même désagréable, nous avons de très bonnes relations. La France nous a suivis dans le PCE, la conférence qu'on a tenue à Paris, la France y a contribué. C'est à nous de faire en sorte aujourd'hui qu'un Comorien lambda, quand il va à Mayotte, c'est pour voir la famille mais pas pour chercher un emploi, pas pour chercher de quoi vivre. Et que demain, le Mahorais qui vient ici, qu'il soit satisfait parce qu'on a une situation de vie normale. Et c'est pourquoi on a effectivement lancé cette assurance maladie, c'est pourquoi aussi ces formations de jeunes dans le cadre de l'entrepreneur.

Que pouvez-vous dire aux auditeurs et à l'opposition sur vos engagements pour garantir la transparence des élections ?

Le système a été mis en place par les institutions juridiques, réglementaires. La communauté internationale, effectivement, a une partie prenante. On a mis en place un cadre de concertation dans lequel les opposants sont là. Donc, effectivement, rien n'est parfait. Mais ce qu'on a dit, c'est que s'il y a un bémol, quelquefois il faut le dire et, nous, on corrige. Donc, tous les éléments sont mis en place pour la transparence, mais ça n'empêche pas les gens de dire ce qu'ils veulent. Mais la réalité, c'est que jusqu'à l'heure où je parle, nos partenaires internationaux qui nous suivent, ils apprécient la façon dont on avance.

Toujours au niveau du climat politique, que répondez-vous aux accusations de l'opposition sur le climat politique jugé délétère et la privation des libertés ? Aussi, maintenant qu'il est jugé, est-ce qu'une grâce présidentielle est envisageable pour l'ancien président Sambi ?

Les politiciens qui disent qu'il y a des prisonniers politiques, ils ne sont pas en prison. Celui qui est en prison, il peut être politique, il peut être agriculteur, il peut être n'importe quoi, mais il y a une raison fondamentale. On a une justice qui a tranché, il faut que les gens fassent confiance à leur justice, la grâce, l'amnistie. Il y a une procédure juridique qui doit se mettre en place. Donc, en fait, ce n'est pas parce qu'on est président qu'on peut au-dessus de la loi, il y a une loi qui est appliquée à tout le monde, personne n'est au-dessus de la loi. Donc eux, ils ne parlent que de Sambi, mais quelle est leur politique à eux qui sont là ? Donc ces gens-là, et même si c'était des politiques, mais ils ont eu des actes ignobles qui sont contre la loi et c'est la loi qui a tranché.

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