Dakar — La nouvelle chaloupe devant assurer la liaison maritime Dakar-Gorée sera livrée avant fin janvier et portera le nom de Boubacar Joseph, l'ancien conservateur de la Maison des esclaves de l'ile située au large de la capitale sénégalaise, a annoncé, samedi, le président de la République, Macky Sall.
Boubacar Joseph Ndiaye, natif de Rufisque, est décédé le 6 février 2009, à Dakar, à l'âge de 86 ans. Il repose au cimetière de Cambérène.
Celui que l'on appelait »le conteur de l'esclavage », a occupé les fonctions de conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, de 1964 à 2004.
Macky Sall, intervenant lors de la pose de la première pierre du mémorial de Gorée, a saisi cette occasion « pour rendre un grand hommage à feu Boubacar Joseph Ndiaye, connu comme conservateur de la Maison des esclaves de Gorée dont l'ombre tutélaire » a plané, dit-il, sur cette cérémonie de lancement.
S'adressant au maire de Gorée Augustin Senghor en particulier, il a annoncé avoir « décidé de donner le nom de Boubacar Joseph Ndiaye à la toute nouvelle chaloupe de Gorée qui sera livrée avant la fin du mois de janvier ».
Selon Macky Sall, Boubacar Joseph Ndiaye, qui « rappelle le souffle des ancêtres », mérite que son nom soit donné à la nouvelle chaloupe.
Le maire de Gorée, Augustin Senghor, estime que par cette annonce, le chef de l'Etat a « honoré Gorée à double titre ».
« Nous étions venus ce matin, car nous estimons qu'il était important à l'occasion du lancement des travaux du mémorial que Gorée et sa commune soient représentées [...], et cerise sur le gâteau, nous avons eu avec le président Macky Sall la primeur de l'information que la nouvelle chaloupe qui va arriver bientôt - parce que le président en a fait un point d'honneur -, sera baptisée au nom de Boubacar Joseph Ndiaye », s'est réjoui l'édile de Gorée.
Cette nouvelle « a fait tressaillir de joie tout Gorée et tous les Sénégalais », a déclaré Augustin Senghor, accompagné des membres du conseil municipal de sa commune à cette cérémonie.
« C'est le meilleur hommage qu'on pouvait rendre à Boubacar Joseph Ndiaye, et Macky Sall le fait à l'année du quinzième anniversaire du décès de l'ancien conservateur de la maison des esclaves de Gorée », rappelé à Dieu le 6 février 2009, a-t-il indiqué.
Pour le maire, d'une certaine manière, « le chef de l'Etat a été dans l'anticipation », car la commune avait décidé d'organiser cette année un « Gorée-Diaspora festival spécial » pour marquer les 15 ans de la disparition de Boubacar Joseph Ndiaye.
« Là où il est, il doit être heureux de voir que le mémorial de Gorée voit le jour et que de manière indélébile, le président Macky Sall a marqué sa présence, son histoire avec l'île de Gorée, pendant des dizaines d'années », a souligné Me Senghor, par ailleurs président de la Fédération sénégalaise de football.
Le président Sall contribue ainsi à perpétuer « la mémoire de celui qui a été le médium de l'ensemble des Africains qui ont subi cette Traite négrière, parce que sans lui, Gorée n'aurait pas eu cette stature qu'elle a aujourd'hui, et sans lui, le monde entier n'aurait pas reconnu ce que beaucoup ont voulu nier, c'est-à-dire cette traite historique qu'est la tragédie de la Traite négrière, le premier crime de l'humanité ».
Parlant du déroulé de ce lancement des travaux du mémorial de Gorée, l'édile a salué une « belle cérémonie aux messages poignants, très forte sur le plan émotionnel avec le commissaire général Amadou Lamine Sall » dont on a pu selon lui « mesurer la joie et la reconnaissance pour le président Macky Sall ».
La « marque » que pose ainsi Macky Sall « avant de passer la main [à la fin de son dernier mandat à la tête du pays, en février prochain] est très fort, c'est une marque d'ancrage dans la culture » et un « engagement tourné vers l'avenir », estime Augustin Senghor.
« Ce projet nous replonge dans notre passé douloureux de la Traite négrière et de la mémoire de nos ancêtres noirs ayant souffert de l'esclavage », selon Me Senghor.
« Il nous replonge dans les liens forts entre l'Afrique et le Sénégal, Gorée et la diaspora mondiale noire, mais nous projette dans l'avenir, car étant une source de réconciliation, un projet qui appelle à un monde où l'homme noir, l'Afrique, doit être une composante forte du développement de l'humanité », a-t-il conclu.